Au Cnid Faso Yiriwa Ton, la saignée politique va crescendo. Pour diverses raisons, le parti se vide de ses membres fondateurs. Après les Tiéblé Dramé, Djiguiba, Me Berthé, N’diaye Bah, Alhousseyni Issa, Modibo Kadjoké, Akory Dioncounda Niakaté (la liste est loin d’être exhaustive), c’est le tour de Mohamed Touré qui occupait le poste de Secrétaire à la communication du bureau politique national du parti. Il s’agit d’un militant de première heure du mouvement démocratique et du Cnid-FYT, un cadre qui a consenti d’énormes sacrifices contre vents et marées pour le parti et son président, sans jamais espérer sur quoi que ce soit. Il a rendu le tablier le 18 mai 2018, dans une lettre qu’il a adressée au Comité directeur, dont la teneur suit :
« Monsieur le Président, je viens par la présente vous annoncer ma démission du Congrès National d’Initiative Démocratique Faso Yiriwa Ton. En effet, bien que ma vision idéologique ne corresponde pas à celle du Parti, les objectifs du CNID Association, les plus révolutionnaires en son temps ont motivé mon choix pour le Parti. Je pense que le Parti a perdu cette âme de référence que nous partageons des années durant.
Monsieur le Président, Croyant être sur la bonne voie par passion et amour pour le parti et loyauté inconditionnelle à votre personne, à tort ou à raison je vous ai défendu, je me suis battu de toutes mes forces, j’ai hurlé, crié, pleuré, renoncé à des opportunités, me rendant souvent indésirable sans avoir pour autant bénéficié de la même considération et estime de votre part dans les faits, gestes et paroles. Que de promesses non tenues et même des rendez- vous qui n’ont jamais vu le jour. Ça pouvait et devrait être mieux que ce que vous pensiez avoir fait en terme de promotion au sein du Parti. Elle a certes été utile pour certains mais pas pour d’autres et souvent pas pour les plus méritants. Monsieur le Président, Je me sens aujourd’hui désabusé et à bout de souffle. J’ai entendu, j’ai vu, j’ai subi, j’ai compris et j’en ai suffisamment encaissé. A l’accumulation de plusieurs frustrations politiques et personnelles, s’ajoutent trois facteurs du moment qui m’obligent à arrêter de cheminer avec vous et le Parti.
1- La gestion de la communication du Parti
2- La presque inexistence du Parti dans les Régions du Nord et la mauvaise gestion du Parti.
3- Les récentes déclarations du Président sur le Mouvement Démocratique
1-Depuis un certain temps, je fais l’objet de pressions de toutes sortes, voire de harcèlement par rapport à la communication du Parti. Je suis interpellé en tout lieu et en toute circonstance sur cette fonction alors que le dysfonctionnement est général. En réalité, toutes les fonctions du Parti souffrent de la même inertie. Chaque fois qu’il y a un article non apprécié sur le Président, je suis accusé de ne pas anticiper et de ne pas faire spontanément un droit de réponse sans oublier des comportements caricaturistes en plein Comité Directeur de certains cadres qui ne sont pas de nature à encourager mais à faire porter la faute s’il y en a sur un pauvre innocent. Ils voient toujours la paille dans l’œil de l’autre au lieu de faire leur propre examen de conscience. Le paradoxe qui justifie la mauvaise foi de ceux-ci, c’est qu’ils n’ont jamais eu le bon sens de se rendre compte qu’il n’existe pas de moyens pour la communication et que l’équipe se résume presque à ma seule personne. La première adjointe depuis la fin de son cabinet ministériel a annoncé ne plus être disponible pour le Parti. Le second est très occupé par son service et n’est disponible selon lui qu’après 23 heures. Toutes les tentatives de rencontre en commission de travail permanentes en communication ont échoué. Ma seule volonté se suffit pas. Et pourtant, je ne crois pas que dans l’histoire du CNID et du CNID FYT un cadre a défendu en articles ou d’autres formes de déclarations les deux structures et le Président plus que moi souvent au prix de mon honneur et ma dignité. Aussi, malgré ma volonté débordante d’accomplir les missions qui sont les miennes dans le Parti, bien que je n’ai jamais reçu l’’accompagnement moral encourageant correspondant.
2- Faute de débats de fond sur les vrais problèmes du Parti, tout porte à croire que les rares cadres du Nord du Mali au comité Directeur sont responsables de la quasi-inexistence du parti dans lesdites régions. Le regard est à tort tourné sur nous. En fait, cette situation est la résultante d’une stratégie du Comité Directeur qui a consisté à limiter un moment les missions du Parti à Mopti aux premières heures de la crise sécuritaire et institutionnelle de 2012. J’avais dit ce jour-là c’est grave de diviser le Mali en deux : « Un Mali utile et un Mali inutile ». Ce qui signifie en français facile que les Régions du Nord depuis ne comptent plus sur la carte politique du CNID FYT. Et pourtant, cette zone du pays regorgeait des militants et responsables convaincus et engagés qui se sont sacrifiés pour le Parti. Malheureusement, la suite est connue. Beaucoup ont abandonné le navire depuis pour diverses raisons. Il est à souligner que les faits géo-sociologiques et d’autres considérations de fond ne sont jamais pris en compte dans les rares analyses politiques du Parti.
Aussi, à mon entendement, le Parti manque de vision politique et de vraies ambitions pour le Mali et un projet de société dynamique et utile pour notre pays. Lors de ma toute première mission de terrain pour le Parti, j’avais dit dans le rapport, je cite : « Si vous voulez être un jour Président du Mali, rejoignez nos compatriotes sur le terrain, serrez-leur la main avec attention, ils la prendront avec plaisir et espoir, vous jugeront de plus près et non seulement à travers images sur écrans et photos. Le contact direct renforce davantage la confiance et la considération envers vous dans leur cœur et le chemin de Koulouba s’ouvrira pour vous un jour. » Le Parti doit se battre légitimement pour conquérir le pouvoir pour un véritable changement de système et non pour conquérir des postes et strapontins dans un système qui ne fait pas le bonheur des Maliens. Je ne crois pas aux nouvelles stratégies en cours. Nul ne peut prétendre gagner la confiance encore moins les voix des Maliennes et Maliens avec un mode de gestion non basé sur la vérité et sur les initiatives proactives partagées.
3- Je suis profondément choqué par des propos tenus par le Président du parti lors des cérémonies du 27ème anniversaire du Mouvement Démocratique. Je ne suis pas de l’avis qui consiste à dire que ses objectifs sont totalement atteints. En tant que partie prenante du Mouvement Démocratique, le CNID dont vous a été le premier Président, a comme objectifs : a) l’instauration et le respect des libertés individuelles et collectives, b) l’instauration et le respect de la liberté politique totale, c) la libre participation des citoyens à la gestion démocratique des affaires du pays.
Je suis d’accord avec vous que la gestion des régimes des Présidents Alpha, ATT et IBK, ne peut pas à eux seuls répondre du mouvement démocratique. Toutefois, le slogan principal du CNID étant le « kokadjé », aucun d’eux n’a satisfait cette exigence dans la gouvernance. Aussi, le combat du mouvement démocratique est un idéal de libertés et de bonne gestion qui ne pourrait se situer dans une durée tout comme toutes les grandes révolutions du monde. Raison pour laquelle il est fait référence dans la constitution de février 1992 et explique aussi la multitude d’associations et une coordination d’associations qui se battent pour perpétuer l’idéal. Tout ceci m’amène à ne pas vous suivre dans votre réflexion comme pour dire que le combat que nous faisons depuis 27 ans n’est pas utile. Je me désolidarise de ces propos et j’assume entièrement ma part du combat pour les valeurs qu’incarne le mouvement démocratique et respecte la mémoire des martyrs.
Monsieur le Président, En réalité, comme l’a dit l’autre, je n’ai plus le cœur pour le Parti. Je ne me sens plus dans une sécurité psychologique de poursuivre l’aventure politique avec le Parti sous votre responsabilité. Pour moi, le seul combat qui vaille est celui pour le Mali et non pour des intérêts personnels, familiaux, claniques et régionalistes. Le formatage de l’expression politique à sens unique tue le débat politique et ne libère pas les initiatives collectives utiles en vue de sortir le Parti de son immobilisme morbide.
Monsieur le Président, Je présente mes excuses à vous, aux responsables et à tous les militants du CNID FYT en leur transmettant le message suivant : la présente décision purement politique que j’ai prise en toute responsabilité et après réflexion raisonnée ne pourra en aucun cas occulter que j’ai des amis, des frères et compagnons qui resteront dans mon cœur et pour lesquels ma déférence, mon estime et ma considération ne fléchiront pas un seul instant.
Tout en vous souhaitant bonne chance dans toutes vos entreprises en ce mois béni de Ramadan, je vous prie d’accepter, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.
Mohamed TOURE, ex-secrétaire à la Communication du CNID FYT ». No comment !
La Rédaction
Source: Le Pays