Le ministre de la Communication, Yaya Sangaré tente tant bien que mal de redresser la barre suite à une information qui fait la part belle aux groupes armés du Nord. Il a démenti la signature d’un accord entre le gouvernement et les groupes armés pour la participation au Dialogue National Inclusif. Une sortie peu convaincante au regard des prémisses de ce dialogue.
Ce n’est plus un secret pour personne. L’information s’est propagée bien sur les réseaux sociaux que dans la presse nationale et internationale. Les groupes armés sont bien représentés au dialogue national inclusif qui se tient actuellement dans notre pays. Cette présence si elle était à quelques semaines improbables, tout porte à croire que le discours de la CMA avait changé après la rencontre récente avec le chef de l’État.
En effet, selon les indiscrétions, les premiers responsables de la CMA à l’issue de cette rencontre avec le chef de l’État, ont émis le vœu d’entrer au gouvernement. Si toutefois ils n’ont pas obtenu de garantie de la part du gouvernement, l’accord quant à lui ne sera pas touché, ont souligné les groupes armés, faute de ne pas participer à ce dialogue. Cela avait été déjà signalé dans leur dernier communiqué en date du 3 décembre 2019 après le discours du président de la République les invitant à prendre part au dialogue.
Dans ce communiqué, les groupes armés disaient ceci : « La Coordination des mouvements de l’Azawad et la plateforme prennent acte du discours du président de la République à l’occasion de son adresse à la nation le samedi 30 Novembre 2019 où il invite les deux parties à reprendre leur participation aux travaux du dialogue national inclusif.
Toutefois, si la CMA et la plateforme n’émettent pas d’objection à un éventuel retour au dialogue National Inclusif, elles renouvellent au Président de la République et au Triumvirat que toute discussion relative à la relecture de l’accord doit se faire conformément aux dispositions de l’article 65 qui stipule :« Les dispositions du présent accord et de ses annexes ne peuvent être modifiées qu’avec le consentement express de toutes les parties signataires du présent accord et après avis du comité de suivi » ». À cet effet, la CMA et la plateforme demandent la création dans les meilleurs délais d’un cadre approprié pour discuter sérieusement des modalités de leur future participation à cette étape du processus“.
En clair, il serait aveugle de croire qu’il ne sait rien passer pour que la CMA se fasse représenter au dialogue. Et si tel n’est pas le cas,il ne devrait pas avoir de sujet tabou au cours du dialogue, et alors la question de l’Accord ne devrait réellement pas en faire une exception au moment où “tous les Maliens“ s’accordent de discuter de l’avenir de leur nation. La preuve de cette garantie entre le gouvernement et les groupes armés, s’il n’est pas officiel reste cependant une promesse officieuse dans les discours tenus par l’autorité. Le communiqué du gouvernement en dit long sur ce prétendu accord.
“Contrairement aux rumeurs qui circulent, je tiens à préciser que le Gouvernement de la République du Mali n’a signé aucun document en vue de la participation effective au Dialogue National Inclusif (DNI), de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), de la Plateforme des Mouvements du 14 juin 2014 d’Alger et de l’Inclusivité. Le Gouvernement s’en tient à l’Article 65 de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger, qui indique clairement que : « Les dispositions du présent Accord et de ses annexes ne peuvent être modifiées qu’avec le consentement express de toutes les parties signataires de l’Accord et après avis du comité de suivi», clarifie Yaya Sangaré, Ministre de la Communication.
La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si le gouvernement n’avait pas connaissance de l’article 65 de l’Accord d’Alger et qu’il fallait attendre la réaction des groupes armés avant de s’en souvenir. Au-delà, quel sens peut-on donner au caractère inclusif, mais surtout sans tabou des sujets discutés au dialogue ?
Le gouvernement en reprenant le même article cité par la CMA et la plateforme, fait une fuite avant et se chercher des excuses pour un engagement pris sur le dos de la population. Au lieu de se servir d’un texte qui ne peut être au-dessus de l’intérêt national, IBK et son gouvernement feraient mieux de s’assumer dans la démarche actuelle du dialogue.
K. Komi LE COMBAT