L’on ne manquera aucune occasion de le rappeler : le fleuve Niger est un patrimoine et un joyau naturel aux potentialités socio-économiques et écologiques énormes. Surtout dans son delta intérieur qui produit 80% des poissons consommés ou vendus au Mali, abrite 32% du cheptel national, et représente 32% de la production de riz. Par le transport fluvial, le fleuve Niger est un cordon ombilical entre le Sud et le Nord.
Il se trouve que ce cordon vital est fortement menacé depuis des années par les effets du changement climatique et les actions anthropiques, nuisant ainsi au fleuve Niger dans l’exercice effectif de son rôle économique et écologique dans notre pays.
C’est ce constat qui avait incité le président de la République Ibrahim Boubacar Keita, lors d’une visite aux États-Unis en septembre 2014, à délivrer un vibrant plaidoyer sur la cause du fleuve en direction des partenaires techniques et financiers, notamment la Banque mondiale. Celle-ci a prêté une grande attention aux arguments du chef de l’Etat et décidé de s’impliquer dans la sauvegarde du cours d’eau vital par l’entremise du Projet de réhabilitation économique et environnementale du fleuve Niger (PREEFN).
Le projet concerne une partie du Delta intérieur du Niger située entre Ké-Macina, dans la Région de Ségou, et la localité de Akka, à la sortie du lac Débo dans la Région de Mopti. Il couvre 19 communes : 16 dans la Région de Mopti et 3 dans celle de Ségou. Dans cette dernière région, les communes concernées sont Kolongotomo, Kokry centre et Ké-Macina.
Le PREEFN a organisé le 5 mai, un atelier avec les acteurs du développement et les usagers du fleuve Niger en 4è Région pour se familiariser avec l’esprit du projet et pour recueillir les préoccupations des populations riveraines bénéficiaires dans la perspective de la préparation de l’étude de faisabilité du projet.
La mise en œuvre du projet est assurée par le ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable à travers l’Agence du bassin du fleuve Niger (ABFN).
A la cérémonie d’ouverture de l’atelier, le conseiller aux affaires économiques du gouverneur de Ségou, Pakuy Kamaté, a assuré que la Région de Ségou souscrivait parfaitement aux objectifs du projet qui correspondent aux attentes des populations.
Le fleuve Niger arrose une grande partie de la région et la vie économique dépend du niveau et de la durée d’étalement de l’eau et des ressources que le cours d’eau génère. Mais aujourd’hui, le niveau d’eau est en nette baisse. Ce qui influe négativement sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la stabilité des ménages et favorise l’exode des bras valides.
Le chef de cabinet du ministre de l’Environnement, l’Assainissement et du Développement durable, Chaka Coulibaly, a salué l’initiative du chef de l’Etat et de la Banque mondiale, avant de décrire l’état actuel du Delta intérieur du Niger. L’étude de faisabilité, a-t-il souligné, est une étape capitale pour l’acceptation du financement du projet par les partenaires techniques et financiers.
Le directeur général de l’ABFN, Abdramane Oumarou Touré, a expliqué que le PREEFN a été initié dans la perspective d’être doté d’une enveloppe de 36 milliards de Fcfa. Sa première composante prévoit de traiter les points critiques qui réduisent la durée de la navigabilité du fleuve et de désenclaver ainsi la zone grâce une navigabilité permanente. Le projet va du coup favoriser l’accès des ruraux aux marchés de commercialisation et au services sociaux de base. Il est également prévu d’édifier des infrastructures portuaires dont des quais fluviaux.
Dans sa seconde composante, le projet se propose d’améliorer les conditions de vie des populations par l’aménagement des berges, l’ouverture de chenaux d’irrigation et de périmètres irrigués villageois, de promouvoir le maraîchage, l’élevage, la pêche et d’assurer, in fine, une sécurité alimentaire durable.
Le projet entend également inclure la gestion durable et intégrée des ressources naturelles, la préservation des écosystèmes dans cette zone, voire la création d’une composante environnementale à travers, entre autres actions, la protection des berges et la lutte contre les plantes aquatiques nuisibles et envahissantes.
A. O. DOLO
AMAP-Ségou
Source : L’ Essor