Après une longue agonie consécutive à la crise, les forces armées et de sécurité conquièrent progressivement leur notoriété de jadis. Dans la discrétion propre aux grandes, la reconstruction s’amorce et repose sur des bases solides : une volonté politique manifestée par des jalons concrets et prometteurs en direction du secteur de la défense et de la sécurité.
Très à cheval sur la nouvelle impulsion donnée au secteur de la défense sécurité et de la défense, le département, sous l’égide de Tiéman H Coulibaly, s’illustre depuis deux ans par des actions dignes d’envie et de la partition stratégique qui lui revient dans le mécanisme gouvernemental. Les efforts de sécurisation du territoire nationale, en dépit de la persistance de certaines poches de résistance djihadistes, se caractérise depuis quelques temps par une nette avancée visible notamment à travers des opérations d’envergure dans les foyers du pays où la présence des forces armées est indispensable pour juguler les menaces de diverses natures. L’opération ‘MALIBA’, dans la discrétion propre aux actions de la Grande Muette, réalise ainsi des prouesses dans le septentrion malien où l’encadrement de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et a réconciliation par les éléments se heurte à la farouche adversité et obstacles dressés par le terrorisme. Des milliers d’hommes sont en effet mobilisés sur l’ancien rempart de la rébellion devenu un terrain de brassage fraternel puisque les forces régulières maliennes sont de moins en moins perçues comme une menace par les groupes armés. Accueillis plutôt accueillis comme des frères d’arme, l’armée malienne partage avec les parties signataires de l’Accord le dessein commun d’affronter et d’anéantir l’ennemi commun qu’est le terrorisme. En plus des patrouilles mixtes, ce nouvel élan de convivialité s’est aussi cristallisé dans la traversée inédite que les deux entités ont menée sans encombres à destination de l’Algérie d’où la mission commune ‘Famas – groupes armés’ est revenue avec un don algérien constitués de véhicules d’approvisionnement et de transport de troupes. Il s’agit d’une première depuis le début de la crise, mais qui émerveille dans les mêmes proportions que les résultats engrangés par SENO, une opération également très active sur le front de la stabilisation des zones affectées par les assauts et agissements du phénoménal terroriste Amadou Kouffa. Elle concerne notamment la bande Tominian-Koro-Bankass où la vaillance, le professionnalisme et le sens du devoir de l’armée malienne en construction lui ont permis de freiner les ardeurs et velléités déstabilisatrices de ramifications djihadistes en plein processus d’implantation dans la partie sud du Mali. Des pans substantiels d’Ansardine d’Iyad Ag Ghali ont été du coup démantelées et étouffées dans leurs repaires sudistes par les mêmes forces armées et de sécurité tout aussi dévouées dans la maitrise des prises d’otages survenues à Sévaré et à l’hôtel Radisson Blu de Bamako.
Avec une telle dynamique gagnante, on est pour le moins en droit d’espérer que de solides jalons sont désormais posés dans le sens de la renaissance d’une armée patriotique et dotées d’une claire conscience de leur mission républicaine.
Aussi la volonté politique pour ce faire se traduit-elle par autant de jalons posés dans le sens du renforcement des capacités, une démarche structurelle avec comme fondement la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire. Devenue effective depuis la caution parlementaire, en mars 2015, la LOPM, sous la houlette du département de la défense, fait figure de référence inédite dans l’œuvre de rééquipement et de réarmement capacitaire des forces armées et de sécurité maliennes, en vue de les hisser à la hauteur des enjeux de l’heure : les défis sécuritaires et la lutte contre le terrorisme en l’occurrence. Et, en attendant l’heure du bilan à la fin du quinquennat imparti pour la mise en mise œuvre du programme, on peut dire que les efforts, depuis plus d’une année, vont largement au-delà des simples intentions. Ils sont notamment perceptibles à travers l’acquisition de quantité d’armes et de munitions, de moyens roulants et aériens. Hélicoptères de combat, avions de chasse et de transport ont quitté le statut de luxe pour devenir des rudiments, offrant ainsi des réels motifs d’aspirer à une armée nationale avec une puissance de frappe plus redoutable.
Ce n’est pas tout. S’y ajoute également une dotation en habillements dans des proportions exceptionnelles et sans commune mesure avec le passé. Car, en plus des tenues traditionnelles, chaque soldat malien est désormais pourvu des tous les équipements qui naguère encore relevaient du prestige. Parka, sacs-à-dos, casques balistiques et gilets pare-balles ont été mis à la disposition des éléments par dizaines de milliers, de même que les rations de combat et les tentes collectives massivement distribuées pour réduire l’exposition des hommes et du matériel aux intempéries sur le théâtre des opérations.
La nette volonté d’améliorer la condition des hommes en arme se traduit tout aussi éloquemment par l’avènement, depuis juillet 2015, de l’indemnité compensatrice de logement, l’enrôlement des hommes dans le programme de l’assurance maladie obligatoire, puis l’augmentation de la pension de retraite à hauteur de 15%. .
Le tableau n’est pas moins reluisant pour la consolidation des effectifs. Ils connaitront une hausse conséquente avec le recrutement de 5 000 hommes supplémentaires en cours d’exécution, tandis que le besoin de la qualité repose sur la formation d’unités combattantes via une coopération étrangère assez dynamique. La formation du sixième Groupement Tactique Interarmes (GTIA) est déjà achevée et celle du 7è contingent a cours encore à Koulikoro. Sur le même registre, un centre d’entrainement des forces en cours d’installation contribuera à coup sûr à réduire le déficit de préparation opérationnelle des unités.
Contexte explique, l’élan de redynamisation des forces armées et de sécurité intègre tout aussi bien leur adaptation aux défis de consolidation de la paix et de la réconciliation nationale. Et, parallèlement à leur mission traditionnelle de sauvegarde de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale, elles sont de plain-pied dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. C’est dans ce cadre que les véhicules militaires acquis auprès de l’Algérie ont été mis à la disposition du Mécanisme Opérationnel Conjoint (MOC) en vue de combler ses besoins en matériels roulants pour les patrouilles mixtes. L’implication de l’armée dans le processus de construction d’une paix durable se traduit aussi par une participation très active dans le DDR (Désarmement –Démobilisation – Réinsertion) au titre duquel, de concert avec les partenaires, une stratégie nationale a été partagée en novembre dernier avec les groupes armés signataires. Un séminaire de dissémination organisé à cet effet a regroupé les représentants du gouvernement, des forces armées et de sécurité ainsi que ceux des groupes armés signataires. Les conclaves se sont tenues sans médiateur, sans facilitateur et sans intermédiaire aucun, donnant ainsi lieu à un dialogue franc et fraternel entre fils du même pays. Une véritable avancée dans la levée du mur de glace ayant longtemps caractérisé leurs rapports.
La Loi d’Orientation et de Programmation Militaire s’illustre par ailleurs comme un gisement insondable d’espoir et de perspectives tant pour le renforcement des capacités opérationnelles des forces que pour leur réarmement matériel et moral. En plus de la formation des 5 000 nouvelles recrues, la dynamique ascendante qu’elle recèle sera maintenue et va se raffermir par la construction d’infrastructures d’exploitation des vecteurs aériens, la réhabilitation des casernes et de bien d’autres infrastructures militaires, le renforcement de la base doctrinale des forces armées et de sécurité par l’élaboration et la vulgarisation des documents de stratégies, de doctrines et de procédures, le recours à la planification dans la prévention et la gestion des crises ainsi qu’aux exercices de simulation.
Le retour aux vertus citoyennes
Le nouveau cap ainsi amorcé par les forces armées et de sécurité préconise en outre les germes d’une armée citoyenne dont des prémisses sont déjà visibles sur la pertinence de nombreuses actions dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des civils. C’est ainsi qu’à travers l’opération Maliba, les FAMAs comptent à leur actif moult ouvrages d’intérêt public parmi lesquels la finition des travaux de réhabilitation de la Maison des Jeunes de Gao naguère non-opérationnelle, le le curage de tous les caniveaux de la ville, la réalisation de dépôts de transit et de dépôt final pour les ordures dans une parfaite intelligence avec les services de la Direction régionale de l’assainissement et de contrôle des nuisances. Outre les secteurs de l’environnement et des travaux publics, celui de la santé porte également le sceau indélébile de l’armée avec l’organisation d’une journée d’assistance médicale au profit des habitants de la commune urbaine, tandis que ceux des zones rurales ont accueilli avec bonheur soit la réalisation de plateformes multifonctionnelles, soit la réhabilitation d’infrastructures hydrauliques. A l’évidence, il ne s’agit guère d’une générosité de circonstance car le même élan va se poursuivre pour chaque zone où le déploiement des forces armées l’aura permis.
Source: Le Témoin