Aucun homme politique ne peut dire qu’un journaliste de Le Tjikan l’a importuné chez lui pour des strapontins. Rares sont également les ministres de la République, qui peuvent distinguer le directeur propriétaire de Le Tjikan. Nous nous sommes imposé ce comportement responsable par déontologie et par principe moral. Mais, de là à faire de nous des renégats de la République n’est pas acceptable. C’est pour dire au Général Salif Traoré et à ses collaborateurs qu’autant Le Tjikan a du respect et de la considération à leur égard, autant ils doivent en avoir en retour à notre égard réciproquement, tout comme le soutien est réciproque. En conséquence, nous ne saurons assimiler le prix d’un produit à de l’aumône. Quel organe de presse accepte de produire et vendre son journal à 300 FCFA aux kiosques et le livrer au bureau ou au domicile au même prix ? Nous exigeons un peu de respect à notre égard.
Dois-je rappeler qu’à « Le Tjikan », notre crédo, c’est informer, informer vrai et juste. Donc, nous ne marchandons pas notre plume encore moins, faire du chantage comme moyen d’enrichissement. Nous avons délibérément choisi de vivre modestement du fruit de notre labeur. C’est pour cette raison que nous sommes volontairement abstenus des réseaux mafieux et opaques, du chantage et du trafic d’influence comme mode opératoire pour défendre avec honneur et dignité, notre conviction. Qui n’est autre que notre patrie « le Mali ». Nous le défendons par éthique et par principe. Qu’on nous soit reconnaissants ou pas. Notre engagement par la plume et au micro des radios et des télévisions privées peut servir de modèle même pour des médias considérés à tort comme grands. Si les ministres ne nous reconnaissent pas cet engagement, les hommes au front le reconnaissent et c’est réconfortant pour nous. Donc Salif et ses collaborateurs peuvent garder leurs modestes 192 000 FCFA. Nous allons servir le Mali avec ou sans leur argent grâce au soutien d’autres ministres plus reconnaissants.
Nous rappelons cela à Salif Traoré et son collègue en charge de la Défense et des Anciens Combattants, Tièna Coulibaly, pour leur dire que ce n’est pas juste ce qu’on nous a fait au niveau de leurs Ministères. Au moins deux raisons.
Primo, je rappelle qu’aux Etats-Unis, c’est considéré comme blasphématoire, la détention et la promotion des œuvres de Karl Marx, notamment « Le Capital » sur le territoire américain. Au Tjikan aussi, nous avons volontairement décidé de bannir de nos colonnes, les articles et photos faisant l’apologie des rebelles et autres criminels de guerre qui ont et continuent d’endeuiller les familles maliennes. A la différence de certains confrères qui, au nom de la liberté de la presse, ont décidé de faire la promotion de ces seigneurs de guerre dans leurs colonnes et sur leurs ondes.
Je rappelle également qu’en France, les médias ont décidé de fermer leur micro et leurs colonnes aux indépendantistes corses. Nous aussi avons fermé nos colonnes aux rebelles et leurs complices djihadistes.
Nous n’avons pas besoin de médaille ou d’être applaudis pour faire ce travail. Nous devons cet engagement patriotique à notre peuple, blessé et meurtri dans sa dignité. Nous le devons aussi à notre démocratie chèrement acquise pour permettre aux Maliens de quelque couleur que ce soit et de bord politique de s’exprimer librement. Comme en Espagne ou en Belgique, le Mali ne s’est pas détourné d’un sujet d’intérêt national. Les rebelles n’avaient pas besoin de prendre des armes pour verser impunément le sang de leurs frères et sœurs. C’est pourquoi à Le Tjikan, nous refusons d’ouvrir nos colonnes à des assassins à la différence d’autres organes qui ont accepté de faire leur promotion. Evidemment, c’est leur droit, mais nous pensons que Le Tjikan qui s’est fixé comme objectif de défendre les valeurs de la Démocratie et la dignité des Maliens ne doit pas être traité moins que ces organes, fussent-ils grands ? N’est-ce pas un complexe à leur égard au détriment de nous autres ?
Sans jamais prétendre à une quelconque prime, Le Tjikan reste et restera fidèle à son engagement de principe. Il n’a pas besoin de l’aumône du Général Salif Traoré et de ses collaborateurs pour défendre la patrie en danger. Le même message vaut pour son collègue en charge de la Défense et des Anciens Combattants, Tièna Coulibaly, le Chef d’état-major général des armées et leurs collaborateurs, qui n’ont aucun égard pour Le Tjikan quand bien même qu’ils soufflent aujourd’hui parce qu’il a fallu qu’à un moment, quelqu’un prenne son courage à deux mains pour dénoncer les agissements de la France dans le conflit malien. Ce quelqu’un, c’est bien Le Tjikan. Qu’on nous reconnaisse ou pas, l’histoire retiendra notre rôle historique dans ce conflit.
Pour nous, autant les militaires ont le devoir de défendre la patrie par les armes, autant les journalistes que nous sommes et citoyens avant tout, avons le devoir de défendre la patrie par nos plumes et nos micros sans tomber bien sûr dans l’excès comme ce fut le cas au Rwanda avec la Radio « Mille colline » et dans l’Allemagne Nazie avec les propagandistes d’Hitler.
Nous pensons donc que ce n’est pas juste de couronner les organes de presse qui ont délibérément choisi de soutenir la communication de l’ennemi en faisant son apologie dans leurs colonnes avec l’argent du contribuable malien et frustrer ceux qui se sont inscrits avec courage et détermination dans la défense de la patrie avec une forte conviction. Les résultats de l’engagement de Le Tjikan sur le terrain ne font l’ombre d’aucun doute jusqu’aux Nations Unies. Mais, c’est au niveau de nos deux Ministères que Le Tjikan est superbement ignoré. Mais, le peuple jugera tout le monde au résultat.
Amadou Diallo, Gérant et cofondateur de Tjikan SARL communication, éditrice de Le Tjikan
Source: Tjikan