Les conséquences de la crise sécuritaire actuelle imposée au Mali depuis 2012 ne finissent pas de faire des ravages sur la population des zones concernées tant sur le plan socioéconomique que sur le plan sanitaire. En effet, les villages de Douna, Niagassadiou et Tiguila, commune de Mondoro, cercle de Douentza, manifestent des signes de malnutrition aigüe sévère selon le rapport de la mission d’investigation sur une maladie inhabituelle, dépêchée sur les lieux le 5 août 2018 par la Direction régionale de la santé appuyée par l’Oms, l’Unicef, l’Ocha sous l’assistance logistique et sécuritaire de la Minusma et des FAMAs sur place.
L’assassinat lâche et barbare du maire de la commune de Mondoro, le 28 janvier 2017 devant son domicile à Douentza, a été source de grande panique conduisant tous les agents des services techniques à chercher refuge sous la couverture sécuritaire de Douentza. Cet état de fait va laisser la population de ces villages à leur sort, presque sans aucune assistance sanitaire en plus d’être condamnés à supporter un blocus imposé par l’insécurité, enclavant complètement la zone coupée ainsi de tout trafic terrestre. C’est dans ces circonstances que s’est signalée une maladie bizarre.
Méconnue avant l’arrivée des experts sur les lieux, cette maladie était considérée comme un cas de maladie inhabituelle. C’est ainsi que les premiers cas constatés depuis le 15 mars 2018 ont permis au chef du district sanitaire de Douentza d’attirer l’attention des plus hautes autorités sanitaires sur ce phénomène qui a causé 35 victimes sur 224 cas recensés dans les trois villages de Douna, Niagassadiou et Tiguila.
Les objectifs de la mission d’investigation étaient, entre autres : confirmer l’existence de cette maladie méconnue de tous ; en décrire les circonstances de la survenue ; identifier les populations à risque ; décrire les facteurs de risque ; examiner cliniquement certains cas ; assurer la prise en charge de tous les malades ; indiquer des mesures de contrôle et de prévention et enfin produire un rapport d’investigation.
Le diagnostic de la mission composée de spécialistes de la médecine, effectué à partir de l’examen de 10 patients, notamment 3 hommes, 3 femmes et 4 enfants parmi les 53 malades trouvés sur place, a révélé des symptômes d’une malnutrition aigüe sévère. Ses complications sont dues à la carence en vitamine B1 et C qui se manifeste par des douleurs musculaires, l’apparition des enflures au niveau des pieds, des troubles respiratoires, etc.
Après la prise en charge de ces cas, la mission souligne l’urgence de la mise en place de couloirs sécurisés pour atteindre tous les villages concernés ; de transférer tous les malades des villages vers les Cscom de Mondoro, Tiguila, Douna et Niagassadiou ; de prendre en charge tous les cas ; de distribuer gratuitement des vivres à toute la population de la commune ; de doter la population affectée en vivres ; de doter ces Cscom en médicaments et intrants nutritionnels de prise en charge de la malnutrition ; d’assurer la libre circulation des personnes et des biens dans la commune ; de diffuser des messages par rapport à la nutrition et la cohésion sociale ; de renforcer les Cscom en tentes pour abriter les malades et enfin de renforcer ces Cscom en personnels.
Ces quelques mesures proposées par la mission pour soulager ce peuple majoritairement composé de Dogons, de Peuls et de Songhaï ne seraient possibles sans l’implication de la population, mais plus précisément les Dogons et les Peuls dont le conflit intercommunautaire, divisant cette communauté vivant jadis de façon harmonieuse, a été un facteur aggravant de cette crise sanitaire dans la zone. On espère que cette nouvelle élection présidentielle sera un facteur porteur de stabilité et de santé dans toutes les régions du Mali.
Issa DJIGUIBA
Source: Le Pays