Le chef de la diplomatie malienne a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur le regain de tension et le retour du péril islamiste dans le nord de notre pays
Le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a participé au début public, tenu hier à New York, sur le rapport du secrétaire général de l’ONU sur la situation dans notre pays. Le chef de la diplomatie a souscrit aux observations de Ban Ki-Moon qui estime dans son rapport que « les pourparlers en cours à Alger sont une occasion à ne pas manquer ». Aussi, le patron de l’ONU en appelle à la cessation des hostilités et exhorte « toutes les parties à reconnaitre la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Etat malien ». Ban Ki-Moon « encourage toutes les parties à négocier de bonne foi et dans un esprit d’ouverture » et les invite « à condamner fermement, rejeter et combattre activement les actes de terrorisme ». Abdoulaye Diop a jugé que ces « observations remarquables » sont de nature à appuyer les pourparlers d’Alger.
Le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale a ensuite versé quatre remarques au débat. Il a d’abord fait remarquer que « le Mali a constamment honoré ses engagements et répondu aux pertinentes résolutions des Nations Unies ainsi qu’à (vos) appels à la paix ». C’est dans ce cadre que les pourparlers inclusifs intermaliens ont été engagés le 16 juillet 2014 à Alger, avec la participation des communautés du Nord et des organisations de la société civile.
Abdoulaye Diop a réitéré le rejet catégorique par le Mali de toute demande de création de fédération ou de nouvel État dans l’État malien, estimant que cela est contraire à sa Constitution et aux pertinentes résolutions des Nations Unies, contraire également aux engagements pris dans la Feuille de route du processus d’Alger. À cet égard, il a appelé « les mouvements armés à faire preuve de réalisme et saisir la main tendue du gouvernement qui a fait des offres répondant aux aspirations profondes des populations des régions du nord, notamment en termes de libre administration des collectivités et de gestion des spécificités locales ».
La deuxième remarque du chef de la diplomatie a porté sur une demande au Conseil de sécurité d’user de toute son influence pour amener les mouvements armés signataires de la Feuille de route d’Alger à se mettre ensemble et à négocier de bonne foi afin de faciliter la conclusion d’un accord global et définitif, à respecter scrupuleusement l’Accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 ainsi que la Déclaration de cessation des hostilités du 24 juillet 2014, à se démarquer des groupes terroristes et autres narcotrafiquants, sous peine de sanctions et à reprendre le processus de cantonnement de leurs unités dans les plus brefs délais, conformément aux pertinentes résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et à l’Accord préliminaire de Ouagadougou.
Le ministre Diop a demandé aussi au Conseil de sécurité de prendre d’urgence les mesures nécessaires afin que la MINUSMA soit dotée de moyens appropriés pour exécuter pleinement son mandat, protéger les populations civiles et les Casques bleus qui paient un lourd tribut sur le terrain. Ces mesures sont nécessaires au regard du retour en force des djihadistes dans le Nord du Mali et de la multiplication des agressions contre les troupes de la MINUSMA.
Abdoulaye Diop a également attiré l’attention sur le fait que le chef du groupe terroriste Ansar Eddine, Iyad AG Aghali, qui figure depuis longtemps sur la liste du Comité de l’ONU contre le terrorisme, circule librement dans le Nord du Mali. « Il vient solennellement de prêter allégeance à l’organisation de l’Etat islamique à travers une fracassante déclaration médiatisée. Mon pays, comme tous les pays du Sahel, court à nouveau le risque d’être la destination de hordes de terroristes déboutés d’autres régions du monde », a alerté le chef de la diplomatie, jugeant nécessaire que la communauté internationale envoie aux terroristes un signal fort.
Dans ce contexte de regain de tension et de retour du péril islamiste, le ministre Diop a jugé que le Conseil de sécurité devrait pouvoir envisager, dans les meilleurs délais possibles, la révision du mandat de la MINUSMA et le renforcement de ses capacités et de ses moyens. « Peut-être le Conseil de sécurité devrait-il envisager la mise en place d’une Force d’intervention rapide capable de lutter efficacement contre les éléments terroristes ? Dans tous les cas, il est crucial d’empêcher que les liens avec l’organisation de l’Etat islamique se solidifient pour embraser la région du Sahel », a-t-il préconisé, ajoutant que le Conseil de sécurité doit exiger la pleine coopération des groupes armés du Nord du Mali dans la lutte contre le terrorisme, conformément aux engagements pris à Alger.
source : essor