Un gros coup de com? Le geste de Biprem Fasoko le serait resté si les médias surtout internationaux ne s’étaient pas posé cette question pour un public de plusieurs dizaines de millions de personnes maintenant informées qu’une plainte au contenu gravissime vise désormais le président Ibk. L’objectif recherché était sans doute la visibilité car dans le fond, on voit mal comment une juridiction locale désignerait à la guillotine un Chef d’Etat en fonction.
Surtout que les auteurs de la démarche ne sont pas vraiment des poids lourds de la scène locale. Même si Biprem Fasoko revendique des noms emblématiques comme Oumar Mariko et Seydou Badian Kouyaté. Toutefois, à défaut de prospérer devant la Haute Cour de Justice, la plainte-réquisitoire très embarrassante animera l’espace pendant un moment, vient renforcer l’espace d’accusations occupé par l’opposition politique à laquelle il n’est pas apporté de contradiction à visage découvert mais des posts d’internautes aussi anonymes que puérils. Le buzz que peut faire à chaque instant Biprem Fasoko est un objectif stratégique recherché par ses animateurs et cela est d’autant moins plaisant qu’il s’agit de la morale de ceux qui nous gouvernent. Autre espace que le pouvoir devrait redouter, est la plateforme « Ras le Bol » créé la semaine dernière.
On ne connaît pas son poids réel bien qu’il revendique trois cent associations adhérentes. Et il est certain que son initiateur n’a pas encore le coefficient d’un Fadel Baro ou d’un Hervé Cam. Mais les raisons de la colère sont identifiées et c’est la gouvernance Ibk et les actions sont énoncées à travers des marches pacifiques données pour imminentes. Clairement donc, l’adversité a décidé de passer à la vitesse supérieure et ce dont il s’agit, pour les pouvoirs publics, c’est d’y répondre à temps, assez et par les seuls moyens de la démocratie.
Un grand défi lorsqu’on voit les lacunes béantes par rapport à la gouvernance d’un secteur aussi politique et stratégique que le football dont les protagonistes n’ont de cesse d’humilier le pays pendant que nos équipes défendent l’honneur de la patrie. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de l’indigence criarde de compétences ainsi que d’une lecture systématiquement erronée de l’attitude des citoyens. Tout cela pour dire que le temps se gâte.
La conjonction des choses a tout de l’avis de tempête. Dommage car 2016 a débuté avec un impressionnant échange d’amabilités entre le Chef de l’Etat et le Chef du gouvernement comme s’ils voulaient monter en gros plan, une pédagogie malienne de la convivialité. Dommage car jamais autant qu’aujourd’hui le pays n’a eu besoin de stabilité sur les fronts majeurs.
Adam Thiam
Source: Lerepublicainmali