Le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Tiéna Coulibaly, a reconnu le 19 juin dernier dans un communiqué de presse l’existence de fosses communes impliquant certains membres des Fama. Cela est une violation grave ayant occasionné des morts d’hommes à Nantaka et Kobako, deux communes non loin de Mopti. « Le ministre a instruit au Procureur militaire d’ouvrir une enquête judiciaire. Il réitère sa détermination et sa ferme volonté de lutter contre l’impunité et engage les Fama au strict respect des conventions des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans la conduite des opérations », peut-on lire dans le communiqué signé par le ministre Tiéna Coulibaly. Expressément, le ministre de la défense et des anciens combattants reconnaît pour la première fois l’implication de certains militaires dans des exécutions sommaires des civils au centre du pays en proie à une situation sécuritaire à la fois complexe et difficile depuis plusieurs mois.
Des condamnations pleuvent à travers le monde. De nombreuses associations de défense des droits de l’homme ont dénoncé et appelé le gouvernement à donner une suite rapide aux enquêtes promises par le ministre en charge de la défense et des anciens combattants. Ce qui s’est passé à Nantaka et Kobako est à condamner avec la dernière rigueur et ne saurait être encouragé de la part des éléments d’une armée nationale qui regroupe en son sein toutes les composantes de la nation, contrairement aux gesticulations de certains faux spécialistes. Les actes crapuleux de Nantaka et Kobako sont les œuvres d’un groupe marginal dont les agissements ne sauraient ternir la réputation d’une vaillante armée qui essaie de faire face à sa mission dans des conditions extrêmement difficiles. Aucune armée du monde, à la place des Fama en pareille situation, ne peut échapper aux actes de quelques éléments souvent traumatisés par la perte cruelle et brutale d’un compagnon d’arme. Des armées considérées comme grandes et puissantes, telles que celle des Etats-Unis, n’en finissent pas de compter les scandales impliquant certains de leurs éléments.
Certaines condamnations comme celles du Secrétariat d’Etat des Etats-Unis d’Amérique montrent comment ce monde dans lequel nous vivons est injuste. Quelle leçon le pays de Donald Trump peut-il donner au Mali en la matière ? Depuis le 30 mai, plus de 120 civils palestiniens ont été tués par l’armée israélienne à la frontière entre Israël et Gaza sans la moindre condamnation des USA. Pis, les Etats-Unis bloquent systématiquement au Conseil de Sécurité de l’ONU, toutes les résolutions visant à condamner l’Etat hébreu. Devant l’Assemblée générale des Nations Unies, les diplomates américains tentent, sans succès, de barrer la route à toute condamnation de leur allié israélien qui ne se contente pas d’occuper illégalement les terres palestiniennes, mais massacre ce peuple sous le regard hypocrite et démagogue de la communauté internationale. Le gouvernement américain n’a jamais demandé l’ouverture d’une enquête crédible sur les tueries en masse par l’Etat sioniste, des manifestants palestiniens à mains nues.
Au regard de ce qui se passe dans le monde, le Secrétariat d’Etat américain est donc disqualifié de donner des leçons à un autre pays, fut-il le Mali, si l’on vivait dans un monde juste.
Chiaka Doumbia
Source : Le Challenger