Organe hybride, mi- parlement mi- bureau d’enregistrement des actes du gouvernement, le CNT a prouvé, le 21 avril dernier, son inutilité au peuple malien. En effet, les maliens, ayant toléré l’illégalité du Conseil National de la Transition, s’attendaient à ce que cet organe face preuve d’utilité et ce notamment en raison du coût de l’institution dans les dépenses publiques. Au lieu de jouer les rôles naturels qui reviennent à une institution représentative du peuple, les apprentis députés qui la composent se sont transformés soit en agents de publicité du pouvoir soit en représentants de la rue. Le titre d’honorable, pour certains animateurs de galerie, est affligeant pour notre démocratie. Il n’est ni mérité ni porter avec honneur.
Les uns nous ont promis la mer, un chemin de fer flambant neuf. Des promesses intenables pour l’heure, faites au nom du gouvernement lequel n’a d’ailleurs pas démenti, viennent décrédibiliser un régime qui s’efforce de restaurer la sécurité et l’unité du pays.
Par ailleurs, les discours populistes, sortir de la CEDEAO et de l’UEMOA et l’abandon du franc CFA, sont tenus par des gens qui n’ont aucune connaissance et compétence pour apprécier les enjeux. La rue applaudit et encourage des orateurs insouciants des conséquences de la fausse révolution qu’ils estiment devoir initier. Ils ignorent qu’une révolution se prépare et s’appuie sur une idéologie rationnelle et fédératrice. L’UEMOA et la CEDEAO sont des espaces d’intégration, avec des faiblesses certes, mais ils constituent á l’évidence des vecteurs de développement et de consolidation des économies africaines. Les économies concernées, parce que les échanges intercommunautaires pourraient s’améliorer avec le temps, n’en seraient que plus compétitives. Nos autorités, avisées, l’ont compris.
D’ailleurs le PM a répondu en affirmant qu’il ne saurait être question de retirer le Mali de ces organisations dont il fût l’un des premiers artisans. De quoi faire taire ces ignominies susceptibles de conduire le Mali à un isolement sans précédent. Ces apprentis députés, qui se perdent en conjectures à propos de telle ou telle question relative à la vie de la nation, déshonorent notre démocratie si chèrement acquise. Ce conseil aurait mieux servi le pays si ces membres avaient été choisis avec soin. Au lieu de cela, on a voulu faire plaisir à la rue. Cette multitude de mécontents et à l’affût d’opportunités ne fait que suivre la direction du vent sans pouvoir initier un vrai projet de société et constituer une force de réflexion.
Aujourd’hui, cette institution sert de bureau d’enregistrement ignorant totalement ses missions de contrôle des actions du gouvernement. D’ailleurs, il ne semble guère se soucier du train de vie de l’État en cette période de crise économique. Les salaires mirobolants, les véhicules de luxe et autres avantages accordés sans tenir compte des difficultés que vivent les maliens au quotidien, auraient dû révolter cette assemblée populaire. Mais elle semble faire peu de cas de ces incohérences. Mais cela s’explique, faisant partie du problème, pourquoi ces « honorables » tisseraient-ils la corde qui servirait à les pendre ? Un salaire, de plus d’un million par mois pour jouer la comédie et distraire le peuple impose le silence.
Si certains membres ont tenté de désavouer les actions du gouvernement, en attribuant la palme de la médiocrité au PM avec une note de 3 sur 10, beaucoup sont demeurés dans des postures ambiguës. Ils tentent de se manifester hors de l’hémicycle mais le message véhiculé est mal perçu parce que l’occasion et le lieu ne s’y prêtent pas. Il est certes exact qu’à la suite, le PM a lui-même reconnu que la gouvernement a failli en partie mais il ne l’a fait que pour soulager les plus rationnels. Ces derniers, ceux qui n’accordent aucun crédit aux apprentis députés, ont apprécié cette sincérité d’un PM acculé par les défis suscités par l’embargo imposé au pays.
Donc en conclusion, cette institution, qui aurait pu créer un équilibre au profit de la démocratie et du changement si elle était mieux constituée, s’avère finalement être une unième assemblée de privilégiés inutile au peuple. Aucune proposition de loi pour soutenir la dynamique impulsée. Ils se contentent d’avaliser les projets de lois d’un gouvernement qui a sa propre feuille de route. Le CNT n’est donc qu’un figurant très coûteux dans ce feuilleton.
Ceci explique peut-être pourquoi son élargissement n’a toujours pas eu lieu. Chercherait-on, à travers les concertations, à améliorer l’institution en revoyant les critères de choix de ses membres ? Il nous faut moins de CNT mais mieux de CNT. On ne peut que formuler ce vœu. Un Conseil restreint et composé de personnes ressources aurait servi et à moindre coût.
En attendant, et surtout parce que c’est amplement mérité, inclinons nous devant la vaillance de nos FAMAS. Une pensée profonde pour ceux qui se sacrifient en silence.
Dr DOUGOUNÉ Moussa
Professeur d’enseignement Supérieur
Consultant Formateur auprès des entreprises et des banques
Source : Le Pélican