« Qui ne me comprendra pas, ne comprendra pas davantage le rugissement du tigre » disait Aimé Césaire dans son chef d’œuvre Cahier d’un retour au pays natal, publié 1939. Cette citation de ce précurseur de la négritude illustre bien la démarche des syndicats signataires du 15 octobre qui étaient déterminés à poursuivre la lutte jusqu’à la satisfaction totale de leurs doléances. Et le gouvernement les menant toujours en bateau, a failli faire des élèves les premières victimes.
Le mot d’ordre de 408 heures soit 17 jours qui vient d’être levé après de dures négociations effectuées entre les deux parties (les syndicats et le gouvernement).
D’après nos sources, les vraies raisons qui ont trainé les négociations, seraient la réponse donnée à la question des syndicats sur l’application de la nouvelle grille sur les salaires du mois de Février 2018 (Conformément à l’engagement du Ministre de l’Éducation Nationale) n’est pas rassurante. En plus, le gouvernement imposait aux syndicats un choix entre les deux options : soit la rétroactivité de la loi portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale, à compter du 02 Mai 2017 (date de signature du protocole d’accord) par opposition à la date du 1er Janvier 2017 (Engagement du Ministre de l’Éducation Nationale) soit la non rétroactivité de la loi c’est-à-dire sans aucun rappel (pour l’ensemble des enseignants) avec effet Janvier 2018.
A ce titre, vu que ces différentes propositions brisaient le cadre de la convention établie, les enseignants se sentaient encore trahis par un gouvernement hypocrite.
Au-delà, les syndicats ont réclamé les documents signés en papier dur pour s’assurer de l’authenticité des dits documents. Chose que le gouvernement n’arrivait pas à fournir. On ne peut faire confiance à celui qui ment régulièrement.
Par conséquent, la plupart des gens diront certainement que les enseignants sont finalement insoutenables sans chercher à savoir le fond réel de la situation. Il est clair que la déception des enseignants augmente de jour en jour face à un gouvernement manipulateur. Un gouvernement qui, depuis une année, ne fait que déplacer le problème. Le qualificatif qu’on peut lui approprier est sans doute l’irresponsabilité. Oui, l’irresponsabilité dans tout son sens.
Comment prendre au sérieux un gouvernement qui badine avec l’éducation des enfants? Malgré le discours annoncé au journal TV de 20 heures du lundi 22 janvier 2018 sur l’ORTM, par un certain Mamadou Lamine Diarra, un vieux venu de nulle part et, à travers lequel, il ordonnait la reprise immédiate des cours, les militants restaient sereins, les oreilles refusant d’entendre ni de comprendre ce discours qui pourrait encore être une manœuvre de l’État. A noter que cette déclaration qui avait mis les enseignants dans tous leurs états et qui la considéraient désormais comme une déclaration de guerre. Plus que jamais requinqués, ils ont renforcé la lutte. L’heure n’était plus à la blague! Les maitres de la craie serraient l’étau.
En dépit de l’entente trouvée, peut-on faire confiance à un État qui peine à respecter sa parole donnée? En tout cas, le peuple, les hommes politiques et les médias observent minutieusement les faits. Les élections présidentielles s’approchent à grand pas. Ne serait-il pas difficile de convaincre un honnête citoyen à voter pour un gouvernement qui laisse l’école, premier pilier du développement, dans la dérive?
Pour tout observateur vigilant, l’échec de l’éducation pourrait être un bâton dans les roues du locataire de Koulouba qui rêve certainement de briguer un second mandat.
Adama B Sagara
La Dépêche- Mali