Depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012 au Mali, la Primature, l’une des Institutions phares de notre pays, est frappée par une mauvaise gestion des ressources et des matériels. Détournements de fonds, fausses factures et attributions fictives de marchés à des personnes désignées par les différents Premiers ministres qui se sont succédé à la Primature. Cette mauvaise gestion continue de nos jours, car la maison de la maman de l’actuel Premier ministre doit être refaite et équipée sur les fonds de la Primature. Cette gestion financière de la Direction administrative et financière (Daf) de la Primature au titre de l’exercice de 2012 (22 mars-31 décembre 2012) fait ressortir d’énormes irrégularités financières, des négligences et des improvisations.
Avec le coup d’Etat le plus nul de l’histoire des coups d’Etat du monde entier, certains agents de l’Etat, sous la coupole des militaires, se donnaient à cœur joie en vidant les caisses de l’Etat, comme si on allait plus revenir à l’ordre normal des choses. Aujourd’hui, la Direction administrative et financière de la Primature fait partie des structures dont les responsables ont fait main basse sur les biens de l’Etat. Avec la violation des textes législatifs et réglementaires portant sur les procédures de certification et des liquidations des factures, les dispositions régissant l’arrêté instituant la régie. Violation imputable au Directeur administratif et financier et au régisseur. C’est ce que les juristes appellent «atteinte aux biens publics» (art 107 du Code pénal, délit de favoritisme art b112 c p).
Ces dénonciations ont été constatées par la justice malienne. La Daf de la Primature est allée jusqu’à donner du carburant à certains organisateurs d’ateliers de formation, sans pièces justificatives, pour un montant de 1.406.9210 Fcfa. Sans oublier l’achat des vignettes de certains véhicules n’appartenant pas à la Primature, pour un montant de 1.387.000 Fcfa ; le paiement d’avances de primes à des secrétaires pour un montant de 2.360.670. Fcfa ; des frais d’hôtels et des billets d’avion à des personnes ne faisant pas partie de l’effectif de la Primature pour un montant de 4.628.500 Fcfa.
Il y a également le paiement sans pièces justificatives de 305.970.800 Fcfa, l’achat des billets d’avion au profit des enfants du Premier ministre à 7.332.300 Fcfa ; les frais d’hôtel en sus des frais de nuitée à 1.822.242 Fcfa ; l’chat des médicaments à 1.320.000 Fcfa. Sans compter des cadeaux protocolaires sans pièces justificatives pour un montant de 4.628.500 Fcfa ; des avances non justifiées lors des missions pour un montant de 13.245.688 Fcfa. Même des véhicules déjà réformés auraient fait l’objet d’entretien facturé à 11.230410 Fcfa.
Comme si tout cela ne suffisait pas, il y a eu un achat fictif d’ordinateurs à 12.967.000 Fcfa. Sur 5,94 milliards Fcfa de crédits alloués, 5,29 milliards Fcfa ont été engagés. En plus des engagements sur les ressources budgétaires, la Primature a bénéficié de crédits supplémentaires d’un montant de 197,80 milliards Fcfa domiciliés dans un compte spécial ouvert au Trésor, en plus des appuis constants.
Le montant total des irrégularités financières constatées s’élève à 2.589.659.000 Fcfa au titre de la fraude et 1.961.394.054 Fcfa au titre de la mauvaise gestion. Avec ces cas de fraudes et d’irrégularités financières, la Daf de la Primature n’a pas une existence légale. Par conséquent, tous les actes qu’elle pose, peuvent être frappés d’irrégularités, selon les juristes.
De nos jours, et cela depuis le coup d’Etat de 2012, certains anciens Premiers ministres disposent de 8 domestiques dont les chauffeurs, les mécaniciens, les cuisiniers, un blanchisseur et une lingère, alors que d’autres n’en ont qu’un ou deux. La consommation annuelle d’un ancien Premier ministre en eau, électricité, téléphone fixe et mobile est de 14.200.183 Fcfa, soit une moyenne mensuelle de 1.185.265 Fcfa. Les véhicules de la Primature sont irrégulièrement affectés aux anciens Premiers ministres et ministres et leurs frais d’entretien sont à la charge de la Primature.
À la Direction administrative et financière de la Primature, la Cellule d’analyse et de prospective n’a pas d’existence légale. Mieux, le Daf (Directeur administratif et financier) n’a pas respecté les procédures de certification et de liquidation des factures ou en paye des factures ne portant pas de mentions obligatoires ; procède à des acquisitions de biens et services, sans mise en concurrence de fournisseurs. Ici, on roule comme dans un pays sans aucun règlement financier.
C’est pourquoi le Daf n’a pas réuni les conditions minimales de sécurité des fonds mis en régie, d’avance. Le régisseur paye des dépenses supérieures à 500.000 Fcfa, sans contrat simplifié souvent non visés. Il a indûment payé 1,35 millions Fcfa de per diem (indemnité perçue par jour) et il y a 76.330.000Fcfa de pièces justificatives irrégulières ; 43, 72 millions Fcfa au titre des dépenses d’ateliers de formation ; 42.07 millions Fcfa dépensés dans des missions sans objet précis.
Au même moment, la régie n’a pas justifié la somme de 127.588.500 Fcfa de gratification accordée aux membres du Cabinet. Il y a même eu des dépenses effectuées sur les fonds algériens qui devraient appuyer le développement du Nord du Mali et sur les fonds marocains donnés pour l’appui et l’équipement des forces armées.
En somme, la gestion de la Primature du 1er mars au 31 décembre 2012 ne répond pas aux exigences légales qui encadrent et surveillent la dépense publique. La Primature a également démontré une gestion improvisée, dictée et souvent conflictuelle avec l’ordinateur principal des budgets. Du coup, il en résulte des pertes financières se chiffrant à 2,59 milliards de nos francs.
À retenir que les mêmes pratiques sont en cours sous le règne de l’actuel Premier ministre, pourtant expert-comptable.
Sinaly KEÏTA
Source: Le Reporter