D’une importance capitale en temps ordinaire, la communication devient une nécessité encore plus impérieuse dans les contextes de crise
De la guerre en Libye aux attentats terroristes de Boko Haram au Nigéria et au Cameroun en passant par les multiples conflits communautaires, les crises sont devenues omniprésentes dans le monde en général et en Afrique en particulier. Elles ont fait l’objet de nombreuses études et sont même devenues un domaine de recherche à part entière : la communication de crise. C’est pour apporter une contribution scientifique à l’analyse de ce phénomène en vue de permettre une meilleure compréhension et une meilleure résolution des situations de crise et de conflits à l’échelle internationale et dans les contextes africains que l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako (ULSHB), en partenariat avec l’Université du Québec à Montréal, l’Université du Québec en Outaouais et l’Université de Montréal, organise depuis hier un colloque international sur le thème : « Crises, conflits et communication publique. Tendances récurrentes ou enjeux nouveaux ? ».
Présidée par le secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur, le Pr Bréhima Kaména, la cérémonie d’ouverture s’est déroulée au Centre international de conférences de Bamako. C’était en présence de la directrice adjointe de la coopération suisse au Mali, Stephanie Guha, des recteurs des universités de Bamako, d’anciens ministres et de plusieurs chercheurs et experts.
Appelé à réfléchir sur le lien entre communication de crise dans les contextes africains et internationaux, ce colloque va favoriser l’animation de la vie intellectuelle de l’ULSHB pour le bénéfice des enseignants-chercheurs, des étudiants, des pouvoirs publics.
Deux jours durant, des chercheurs et experts venus du Canada, de Côte d’Ivoire, du Gabon, du Cap Vert, de France, du Sénégal et du Mali vont tenter de répondre, à travers des communications, aux questionnements suivants : Quels sont les rapports entre communication et crise ? Quelles sont les spécificités de la communication en temps de crise ? Quelles distinctions conceptuelles sont pertinentes pour clarifier le champ sémantique de la notion de crise ? Quels sont les déterminants de la globalisation des crises ?
Les participants vont également essayer d’apporter des éclaircissements à d’autres préoccupations : Quels sont les enjeux sociopolitiques de la crise ? Quels défis interpellent les pouvoirs publics en situation de crise ? Quelles sont les conditions de médiatisation des conflits ? Quels rôles les medias doivent-ils jouer dans la couverture des crises ? Enfin quelles sont les implications éthiques de cette couverture médiatique ?
Le recteur de l’ULSHB, le Pr Macki Samaké, a relevé que cet important événement contribuait grandement au rayonnement de son institution. « Ce colloque vise à réfléchir sur le lien entre communication et crises dans les contextes africains et internationaux. Il s’agit là d’une occasion d’échanger entre des chercheurs chevronnés provenant d’une dizaine de pays d’Afrique et hors d’Afrique », a-t-il souligné.
La directrice adjointe de la coopération suisse au Mali a, elle, soutenu que si la communication est d’une importance capitale pour le bon fonctionnement optimal des institutions, des organisations et des collectivités quel que soit le pays, cette nécessité devient encore plus impérieuse dans les contextes de crise. C’est pourquoi, a ajouté Stephanie Guha, la coopération suisse est très heureuse d’accompagner l’organisation de cet événement qui entre dans le cadre de ses missions et de ses priorités.
Dans son allocution d’ouverture, le secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur a d’abord remercié les organisateurs de ce colloque d’avoir choisi de tenir cet important événement scientifique à Bamako, ce qui se justifie certainement tant par des considérations scientifiques que géopolitiques connues de tous. De son point de vue, la tenue de cette rencontre internationale sur la communication de crise tombe particulièrement bien puisque lors d’un récent Conseil des ministres, le gouvernement a pris des dispositions pour améliorer la communication gouvernementale qui peine à atteindre l’efficacité qu’on est en droit d’en attendre dans le contexte de crise actuel.
Le Pr Bréhima Kaména de relever que la thématique du colloque, articulée autour de la communication publique, ne manquera pas d’apporter un éclairage utile à la résolution des problèmes auxquels nos nations sont collectivement confrontées. « Le Mali est aux avant- postes dans cette lutte de tous les instants et nous sommes persuadés que la diffusion de l’information et la communication sont des instruments privilégiés de la gestion de la crise. C’est pourquoi nous comptons sur les scientifiques que vous êtes pour nous apporter un éclairage pertinent sur cette question », a-t-il conclu.
M. SIDIBÉ
Source : Essor