Au cœur de cette radicalisation syndicale se trouve l’article 39_véritable nœud gordien_portant statut de l’enseignant et dont l’application se heurte à des difficultés économiques, selon la partie gouvernementale, manque de « volonté « et « mépris » vis-à-vis du corps enseignant, répliquent les protagonistes. Avec cette escalade verbale, la fin de la crise scolaire semple loin, tant les positions divergent. D’une part les enseignants ne sont pas prêts à lâcher du lest, de l’autre le gouvernement entend ‘’assumer ses responsabilités’’. L’enjeu de ce bras de fer c’est bien de l’argent. L’argent se trouve être le nerf de cette guerre sociale aux enjeux macro-économiques.
En effet, la principale cause de l’échec des dernières négociations du vendredi 17 janvier, demeure les problèmes de trésorerie. Pour preuve : « La partie gouvernementale a attiré l’attention de la Commission de conciliation et des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 sur le fait que l’application de l’article 39 du statut de l’enseignant engendre une incidence financière de plus de 20 milliards de FCFA », évalue un communiqué du gouvernement estimant qu’à ce jour, cette incidence financière n’est pas supportable par les finances de l’Etat, à cause notamment de difficultés sur le plan sécuritaire.
Pour pallier cet obstacle, le gouvernement a proposé de transposer les enseignants dans la grille accordée à l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Il s’agit notamment de l’indice plafond 1 100 pour compter du 1er janvier 2020 et l’indice plafond 1 200 pour compter du 1er janvier 2021. Les syndicats ont rejeté cette autre proposition en s’en tenant à l’article 39 de leur statut. Ils estiment que le gouvernement a bien les moyens de satisfaire la revendication, mais refuse par ce qu’il s’agit du personnel enseignant.
En effet, cette loi contient des dispositions relatives au recrutement, à l’avancement, à la rémunération et à la cessation de fonction et prévoit que le droit syndical ainsi que le droit de grève sont reconnus aux enseignants. Elle ne s’applique pas au personnel enseignant contractuel engagé sous le régime du code du travail. Pour Adama Fomba, le Porte-parole de la Synergie, la déclaration du Premier ministre Boubou Cissé montre à suffisance le manque de volonté du Gouvernement face à la souffrance du personnel enseignant. Le syndicaliste affirme : « l’Etat malien a beaucoup d’argent pour non- seulement satisfaire à l’article 39 de la loi 007 et aussi tous les problèmes du Mali ». Adama Fomba renchérit, « nous avons tout fait pendant les vacances, avant la rentrée scolaire pour éviter des mouvements de grève. »
En réaction contre ce mouvement de grève, le PM estime qu’il faut supplier les enseignants, le temps de trouver un compromis. « Malgré les efforts consentis, si les enseignants refusent la conciliation, l’Etat assumera ses responsabilités pour que les enfants aillent à l’école », annonce celui qui cumule les fonctions de chef du gouvernement et ministre de l’Economie et des finances. Dans une déclaration faite en marge des travaux sur les orientations politiques du dialogue national inclusif, Dr Boubou Cissé va loin et menace : « si dans deux semaines, les enseignants ne retournent pas en classe, nous allons procéder à un recrutement exceptionnel pour les remplacer sur la base des 15 000 enseignants chômeurs déjà formés par nos IFM ». Une question se pose : comment le gouvernement entend-il rémunérer l’armée de volontaires, appelés à la rescousse de l’école et pour quelle durée ?
Andiè A. DARA. Aly BOCOUM
Source: Bamako News