Face aux manifestations de la coalition qui réclame son départ, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta s’appuie sur un cercle restreint d’hommes politiques et de leaders de la société civile.
Selon nos informations, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a tenté à plusieurs reprises, sans succès, de réunir autour d’une table les leaders du Mouvement du 5 juin qui réclament sa démission. Il a mandaté l’ex-ministre des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, qui était une figure de l’opposition malienne, afin de faciliter le dialogue.
L’ancien président Moussa Traoré a également joué les bons offices entre les deux camps. Il a réuni dans la nuit du 14 juin à son domicile bamakois IBK et l’imam Mahmoud Dicko, l’une des figures de la contestation. Les deux hommes ont longuement échangé, en présence de Choguel Maïga et du Premier ministre Boubou Cissé.
Reconduit à son poste à la mi-juin, Boubou Cissé est central dans la gestion de la crise. Le président lui a donné pour mission de former un gouvernement d’union nationale.
Tant que celui-ci n’est pas constitué, IBK voit d’un mauvais œil l’éventualité d’une dissolution de l’Assemblée nationale et d’une réforme de la Cour constitutionnelle, dont la présidente, Manassa Danioko, est dans la tourmente. Les manifestants lui reprochent d’avoir déclaré des résultats favorables au parti au pouvoir après les législatives de mars et réclament sa démission.
Kamissa Camara, qui a rejoint le premier cercle d’IBK après sa nomination au secrétariat général de la présidence le 11 juin, est elle aussi en première ligne. Elle assiste le président lors de ses entretiens à Koulouba.
D’autres leaders de la société civile, comme l’imam Madani Haïdara, à la tête du Haut conseil islamique, et le cardinal Jean Zerbo interviennent également discrètement dans le processus de décrispation.
Une présidence « sereine »
Le responsable de la mission de l’ONU au Mali (Minusma) Mahamat Saleh Annadif, le représentant de la Cédéao Hamidou Boly, et le Haut représentant de l’Union africaine Pierre Buyoya ont rencontré IBK le 6 juin, dès le lendemain de la première manifestation, puis le 8 juin.
Ils lui ont entre autres proposé de s’adresser aux Maliens et de prendre des mesures afin d’apaiser le climat social. IBK a finalement prononcé un discours à la nation le 14 juin.
La présidence est sereine, assure un membre de l’entourage du chef de l’État, alors que le Mouvement du 5 juin a tenu une nouvelle conférence de presse le 22 juin, assurant que son mot d’ordre n’avait pas changé.
Toujours selon son entourage, IBK suit, en lien avec les services de renseignement, la situation de Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition enlevé le 25 mars alors qu’il était en campagne dans la région de Tombouctou. Le président a désigné un émissaire pour faire le lien entre les autorités et ses ravisseurs
La Rédaction