Bamako représente 17% sur l’ensemble des électeurs du Mali. Mais curieusement, la capitale malienne affiche le taux d’enlèvement des cartes d’électeurs le plus bas et donc, le taux de participation le plus faible aux élections, avec moins de 25%. Ces chiffres, qui donnent froid dans le dos, ont été donnés hier par le gouverneur du District de Bamako, Babahamane Maïga, lors de la cérémonie d’ouverture d’une Journée d’engagement public (JEP).
Cette rencontre était organisée par le Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie (Cri 2002), en partenariat avec le National Democratic Institute (NDI) et la Coopération suisse, à travers le Programme «Emerge». La session qui s’est tenue au Gouvernorat du District de Bamako visait à informer, sensibiliser les chefs de quartier, les légitimités traditionnelles et religieuses des six Communes de la capitale, afin qu’ils jouent leur partition pour le relèvement du taux d’enlèvement des cartes d’électeurs et celui de la participation au vote.
Dans son allocution d’ouverture, le gouverneur du District a rappelé que selon la loi, Bamako a droit à 14 députés depuis 2002. En outre, Babahamane Maïga a indiqué que depuis la convocation du collège électoral, beaucoup d’actions ont été entreprises par l’Administration territoriale dans le cadre de la campagne électorale et du retrait des cartes d’électeurs. Il a donc invité les participants à la session à continuer à sensibiliser et encourager les populations au niveau de leurs quartiers respectifs à retirer les cartes d’électeurs le plus rapidement possible et éviter les opérations de dernière minute. «Nous voulons bien un taux d’enlèvement élevé, mais nous ne devons pas aller à l’encontre de la loi qui protège les données à caractère personnel», a cependant ajouté le gouverneur du District de Bamako, en rappelant que la loi interdit par exemple à un chef de quartier d’enlever les cartes d’électeurs d’autrui, et n’autorise pas un chef de famille de retirer le précieux sésame des membres de sa famille. «Le retrait est individuel», a insisté Babahamane Maïga.
Pour sa part, le président de Cri 2002 a indiqué que les chefs de quartier constituent les meilleurs points focaux pour la mobilisation citoyenne des populations de Bamako, afin de pouvoir participer activement à ces élections qui s’annoncent décisives.
En ce sens, expliquera Dr Abdoulaye Sall, ces joutes électorales vont constituer la mise en place de la 3è institution constitutionnelle du pays, c’est-à-dire le pouvoir législatif. «Ce pouvoir qui vote les lois, contrôle l’action gouvernementale, évalue les politiques publiques, adopte la Déclaration de politique générale du gouvernement et sert de charpente pour la Haute cour de justice».
Et le président de Cri 2002 de marteler que le taux de participation pour Bamako qui oscille généralement entre 20 et 22 %, n’est vraiment pas honorable. De son côté, le coordinateur des chefs de quartier et conseillers des six Communes de Bamako, Bamoussa Touré, a indiqué qu’il s’agira pour eux, au cours de cette rencontre de convenir, de décider de la stratégie de l’opérationnalisation de leur implication et, surtout de leur responsabilisation dans cette œuvre hautement républicaine, sur le chantier de la consolidation de l’État de droit au Mali.
Aboubacar TRAORÉ
Source : L’ESSOR