Chaque minute perdue dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix tend à profiter à l’affirmation d’autonomie des zones dont le contrôle échappe aux forces armées maliennes. Et pendant que le pouvoir militaire y va d’une main morte – et excelle plus dans les approches diplomatiques de reconquête du territoire que dans sa vocation naturelle -, les assises du principal mouvement signataire de l’Accord ne se consolident guère moins que celles des djihadistes. En atteste tout au moins la posture spectaculaire par laquelle la CMA est en train d’étendre ses tentacules, en créant une zone d’occupation de fait au-delà des limites de Kidal.
En effet, au détour d’une protection des personnes et de leurs biens, la Coalition, à peine ses commandes revenues à son nouveau président Ould Sidatty, s’est illustrée par l’instauration d’une zone de défense et de sécurité rattachée à son autorité.
Ladite mesure, qui a fait l’objet d’un communiqué en date du 29 janvier et rendu public au lendemain des assises de la CMA, tire son fondement des recommandations militaires de cet événement, à savoir : la création de deux zones militaires dans la région de Gao (Haoussa et Gourma). Les taches qui lui sont assignées sont certes prétendument exécutées en partenariat avec les forces nationales et internationales ampliateurs de la décision, mais il reste que celle intervient dans le sillage d’une démarche expansionniste manifeste d’un mouvement qui affiche peu d’entrain à la restauration de la souveraineté de Bamako dans le septentrion malien. En effet, à l’issue des mêmes assises dont découle la mesure spectaculaire, la tendance autonomiste est confortée par d’autres recommandations d’ordre politique tendant à étendre les tentacules du mouvement séparatiste sur la totalité des régions du Nord-Mali. C’est le cas par exemple de la redynamisation de nombreux bureaux régionaux de la CMA, y compris dans les régions nouvellement créées.
Une telle posture, parmi tant d’autres, ne préfigure manifestement aucune perspective pour la relecture tant annoncée de l’Accord, qui pourrait même servir de brèche pour en retarder le processus.
A Keita
Source : Le Témoin