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Cour d’assises du Mali: Le violeur paie

Reconnu coupable de viol sur une mineure, l’accusé a écopé de cinq ans de prison. Même s’il n’a jamais reconnu avoir obligé sa victime pour commettre son acte

 

Le juge Amadou A. Sangho qui présidait l’audience a néanmoins reconnu une circonstance atténuante à l’accusé et l’a condamné à 5 ans de prison assortis du versement de 2 millions de francs CFA à verser à la victime, à titre de dommages et intérêts. Ayant déjà purgé 3 ans derrière les barreaux, il ne lui reste que 2 ans pour qu’il puisse retrouver l’air libre.

Nous sommes courant 2018. Le jour des faits, la demoiselle DD alors âgée de 17 ans, selon l’acte d’accusation, se rendait à l’école, située quelque part à Kalabancoro-Kouloubléni, quartier de la périphérie du District de Bamako, là-même où elle réside chez ses parents. En cours de route, elle s’attendait à tout sauf à une surprise désagréable du genre « abus sexuel » dont elle a été victime, de la part de celui qui a été plus tard identifié comme BD, un trentenaire, marié et père d’un enfant.

En route, elle aurait été abordée par BD, son futur violeur. Après les salutations d’usage, le bonhomme (certainement à moto) se proposa de l’accompagner à sa destination. Et tout se passe vite, comme sur des roulettes entre les deux. La jeune fille n’a pas fait de cette proposition un problème. Bien au contraire. Elle l’a même trouvée alléchante. Le motocycliste bienfaiteur avait certainement un plan en tête qu’il n’hésitera pas à mettre à exécution. Dès que la passagère a pris place sur le siège arrière de l’engin, il a démarré en trombe.

Immédiateùent, BD a changé de direction avec l’écolière. Naturellement, la jeune fille ne pouvait pas, ne pas lui demander d’expliquer les raisons de ce changement de direction inattendu. Sans se gêner outre mesure, son faux bienfaiteur lui donna des explications. Celui-ci prétexta une commission personnelle quelque part dans le quartier qu’il va faire d’abord, avant d’aller la déposer à l’école comme convenu entre eux peu de temps avant. Voilà qui semble pourtant clair.

Après quelques bifurcations dans les rues du quartier, le « couple » s’est retrouvé dans une chambre de passe à Baco-Djicoroni ACI. Comme tombée des nues, l’écolière n’a rien compris dans ce qui était en train de lui arriver en plein jour. Son bienfaiteur ne tardera pas à l’orienter sur ses intentions profondes d’entretenir des rapports intimes avec elle. La jeune fille aurait tenté d’opposer un refus catégorique à la demande du bonhomme. Complètement envahi par le désir, celui-ci pouvait imaginer difficilement qu’elle lui résiste, alors qu’ils ne sont que deux dans la chambre.

Durant plusieurs minutes, la jeune fille tentera de s’échapper des griffes de son agresseur. En vain. Tous ses efforts étaient annihilés face à la détermination du jeune homme. Celui-là même qui, il y a peu prétendait l’arranger en l’amenant à l’école à moto, pour lui éviter les affres de la marche à pieds. à deux dans la chambre, les minutes passent rapidement. Et finalement, arriva ce qui devait arriver. BD a abusé de la jeune fille.

Puis, comme si de rien n’était, il la ramena à l’école tout calmement. Mais avant, il lui aurait remis la somme de 3000 fracs CFA. Une façon de la faire taire. Après les cours à l’école, la jeune fille est retournée à la maison au milieu des siens. Apparemment, c’était quasiment impossible pour elle de dissimuler les indices de ce qu’elle venait de vivre quelques heures plus tôt sur le chemin de l’école, de la part de celui que d’aucuns ont qualifié d’obsédé sexuel. Un homme marié de surcroît.

C’est comme cela que sa mère a soupçonné des signes anormaux sur son état physique. Ces soupçons sont confirmés lorsqu’elle a constaté que les habits de sa fille portaient des traces de sang. Bref. Plusieurs signes prouvaient à suffisance que l’écolière ne s’est pas limitée à suivre les cours en classe ce jour-là. La mère ne pouvait pas laisser cela passer sans interroger sa fille. Coincée et bardée de questions, la fille a raconté la triste histoire dont elle a été victime en se rendant à l’école.

Cela était suffisant pour que la mère alerte un des oncles de l’enfant. à ce dernier, elle a brièvement expliqué le problème. Ce dernier non plus n’a pas perdu la moindre seconde pour aller déposer une plainte contre BD. Celui-ci venait ainsi de tomber sous les coups de l’article 226 du Code Pénal qui prévoit et puni son comportement obscène.

Recherché et retrouvé, l’homme a été inculpé avant de comparaître en audience à la cour d’assises. De taille moyenne, teint noir, habillé d’un pantalon, assorti d’une chemise colorée noire/blanc, l’accusé, a, face aux jurés, préféré faire le faux-fuyant. Il a tout simplement plaidé non coupable. Mais curieusement, dans la même foulée, il a reconnu avoir couché avec celle que la cour présente comme une victime, alors que s’il faut le croire, il n’y a rien à signaler. La cause.
Le jeune homme a soutenu mordicus avoir couché avec elle avec son consentement. « Je l’ai touchée, et elle était consentante », ne cessait-il de répéter à la moindre question se rapportant aux faits. Toutefois, comme tous ceux qui l’ont précédé à la barre, l’accusé s’est expliqué. Ainsi, il a raconté avoir fait connaissance de sa victime depuis 2018 et qu’il avait même l’intention de l’épouser, sans plus de précision.
Dans ses explications, il a tenu à préciser que le jour des faits, ils (lui et sa victime) avaient convenu de tout avant qu’il ne l’amène à l’hôtel. L’accusé était tellement décidé à convaincre les jurés, qu’il n’a pas passé sous silence des expressions gênantes. Bref, il n’a pas hésité à expliquer certains détails qui ne pouvaient pas laisser le public sans réagir avec des éclats de rires.

Visiblement mal à l’aise, il a tout réfuté en bloc, l’idée selon laquelle il a usé de la violence pour abuser de sa victime sans le consentement de celle-ci, tel que cela est ressorti du dossier. « Elle n’a rien refusé de moi, a répondu l’accusé à la question se rapportant au fait que la victime aurait refusé de prendre une somme de dix milli francs CFA avec lui, après qu’il a fini d’abuser d’elle.

Mais, en dépit de tout, de l’avis de la cour, le jeune homme voulait juste profiter de la jeune fille. Sinon, ont estimé les jurés, s’il s’agissait d’une histoire de mariage, pourquoi ne pas aller voir ses parents. Pour couper court à cette idée du jeune homme tendant à faire croire que sa victime était consentante, et replacer les événements dans leur contexte, la cour s’est appesantie sur l’âge de la jeune fille au moment des faits. Les juges ont écarté toute idée se rapportant à la majorité de la victime au moment des faits. « Donc, c’est faux quand tu tentes de nous faire croire qu’elle était majeure», a vigoureusement précisé le parquet.

En sa qualité de partie civile, la jeune fille a apporté un démenti formel sur quasiment toutes les déclarations de l’accusé. Pour s’expliquer, elle a fait le même récit tel que narré plus haut. « C’est chemin faisant qu’il m’a amenée à l’hôtel et m’a touchée de force….. », a-t-elle dit à la barre. « Et tu n’as pas essayé de t’enfuir », demande le juge ? « Si. Mais la porte était fermée », répond-t-elle.

Les questions-réponses ont duré plusieurs minutes au cours desquelles, l’avocat de l’inculpé semblait resté sur sa faim quant aux explications de la partie civile. C’est pourquoi, lorsque celle-ci a repris la parole, c’est pour charger le jeune homme. L’avocat a fait allusion à l’état d’ébriété de l’accusé au moment des faits. Il semble que, le jeune homme avait ingurgité forte quantité de boisson alcoolisée avant de passer à l’acte. Et c’est partant de cela que la partie civile pense que l’intention criminelle était déjà là ». C’est pourquoi, il a sollicité la cour de maintenir le jeune homme dans les liens de l’accusation.

Le ministère public quant à lui, a juste centré sa plaidoirie sur le fait que la victime au moment des faits était mineure. Selon le parquet, une mineure n’a pas de consentement. « Il n’y a pas eu de consentement, les rapports médicaux sont clairs, la victime était vierge et elle a été déflorée », a-t-il martelé. Pour lui, les violences ne prennent pas toujours des formes visibles.

La défense n’était pas de cet avis. Elle pense qu’il y’avait une certaine affection entre les deux. Mieux, la défense de l’accusé est allée jusqu’à soutenir que la victime savait de quoi il s’agissait au seul fait d’avoir franchi la porte de l’hôtel.

Dès ce moment, l’avocat pense qu’il y’a un doute sérieux. C’est pourquoi, il a plaidé non coupable des faits de viol, et sollicité des circonstances atténuantes au profit de son client. à la lumière des débats, l’accusé a été reconnu coupable, mais avec des circonstances atténuantes. La cour, dans sa sagacité l’a condamné à 5 ans de prison et au paiement de 2 millions de FCFA à titre de dommages et intérêts.

Rokiatou Traoré

Source : L’ESSOR

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