La première proposition serait de choisir une personnalité neutre pour diriger la transition
Le choix de la personnalité, de préférence qui ne serait ni politique, ni religieuse, pour diriger la transition est très important, car dans le contexte de bipolarisation de la scène politique, il serait difficile de trouver un homme ou une femme de consensus. Alors, qu’il vaut mieux avoir une personnalité forte, neutre et consensuelle qui serait à équidistance de toutes les forces sociopolitiques, plutôt que de choisir quelqu’un de telle ou telle obédience politique ou religieuse. Cette personnalité ne devrait non seulement pas trainer des bruits de casseroles derrière lui, mais aussi et surtout, ne doit pas être estampillé partisan de tel mouvement politique ou religieux. Son choix devrait recueillir l’assentiment de toutes les forces sociopolitiques qui épousent les idéaux du CNSP.
Deuxième proposition : S’atteler très rapidement à la mise en place d’un gouvernement de missions ou d’union nationale
Loin d’être un partage de gâteau entre les forces vives de la nation et la junte militaire, ce gouvernement, s’il ne doit pas perdre son caractère inclusif, ne devrait pas également être un fourretout. Il doit comporter des hommes et des femmes dont l’intégrité physique comme morale ne souffre d’aucune contestation et ayant une certaine compétence. Les membres du gouvernement doivent être des patriotes avérés. En effet, le Gouvernement dont rêvent les maliens est celui qui s’attaquera dès sa prise de fonctions aux différentes crises notamment celle sécuritaire et la crise sociopolitique. La réussite de la transition dépendra en grande partie de la résolution par l’équipe dirigeante de la transition, des crises récurrentes depuis 2012. Il serait préférable de mettre l’accent sur les jeunes et les femmes, car les premiers ont suffisamment d’énergie et les deuxièmes ont la volonté de bien faire. Le Gouvernement de missions créera ensuite les conditions de la tenue d’une conférence nationale souveraine.
Troisième Proposition : Convoquer rapidement une conférence nationale souveraine
Cette conférence nationale qui devrait permettre souverainement au peuple malien de tracer une nouvelle voie, celle de l’unité, du progrès et de la démocratie, doit être inclusive. Les participants à cette conférence doivent venir es-qualité, autrement dit, ils doivent être choisis sur la base de leur représentativité, de leurs capacités d’analyse, de proposition. Cette conférence nationale aura l’avantage de dessiner le futur pour le Mali. Elle jettera les bases des réformes indispensables pour notre démocratie et pour la gestion des ressources du pays. Elle devra être totalement souveraine pour nous permettre de passer de la troisième à la quatrième République, avec la mise en place des textes consacrant la séparation véritable des pouvoirs et surtout ceux pour la gestion efficiente, transparente des élections.
Quatrième Proposition : Remettre tous les dossiers liés au détournement à la Justice
Le coup d’Etat aura perdu tout son sens s’il ne permettra pas au peuple d’entrer en possession des biens qui lui ont été volés par une minorité. Les multiples dossiers en souffrance doivent être transmis à la justice pour leur donner la suite judiciaire appropriée. Si tant est que la corruption, la gabegie, le népotisme ont été l’une des causes de la mutinerie, alors la lutte contre la corruption doit occuper une place de choix dans la gestion de la transition. Pas de chasse aux sorcières, mais que le droit soit dit dans toute sa rigueur. Pour ce faire, la personne la mieux indiquée est l’ancien ministre de la Justice garde des sceaux Me Malick Coulibaly, pour avoir posé des actes très courageux sous IBK. Me Malick Coulibaly est aujourd’hui parmi les hommes de droit les plus intègres et les plus audacieux.
En définitive, la réussite de la transition qui pointe à l’horizon dépend d’un certain nombre de facteurs notamment le choix des hommes, d’actions politiques et surtout avoir une vision et des ambitions pour le pays. Donc, au lieu de rester attentif au son strident de la Communauté internationale, il vaudrait mieux pour nous maliens de nous donner la main pour tracer la voie de l‘avenir
Youssouf Sissoko
Source: Infosept