Dans la nuit du dimanche 23 à ce lundi 24 janvier 2022, des militaires Burkinabès ont arrêté Roch Marc Christian Kaboré, président de la République, suite à des mutineries ayant pris presque toute la journée du dimanche. En tant que peuples frères partageant les mêmes valeurs, des leaders politiques et d’associations se sont exprimés sur la question.
Fousseynou Ouattara, président du COREMA et membre du CNT : « Les dignes fils Burkinabès se sont assumés »
« Ce coup d’Etat qui se passe au Burkina Faso, s’il est confirmé, ça veut dire que quelle qu’en soit la volonté des puissances coloniales, il ne faut jamais abandonner les intérêts de son pays pour faire plaisir à qui que ce soit. Un président de la République, même si tu es démocratiquement élu, tu dois toujours te souvenir que c’est le peuple qui t’a élu, et non un président français ou outre. Je pense que Roch Kaboré avait oublié cela. Et les dignes fils Burkinabès se sont assumés. Il faudra comprendre que seul l’intérêt du peuple compte, quel que soit le désir des uns et des autres ».
Aboubacar Sidick Fomba, président du parti ADEPM : « Tous ceux qui vont se mettre au dos du Mali regretteront très fort »
« Le coup d’Etat au Burkina Faso, je l’ai dit depuis longtemps. Ils oublient que le Mali est un grand pays, un Etat béni de tous. Le Mali n’est pas seulement la carte que les gens voient. Beaucoup de pays de l’Afrique occidentale font partie de lui. Je l’avais dit, au moment des sanctions, que tous ces présidents qui ont eu le courage de suivre la France dans sa dynamique d’asphyxier le Mali ; de nous amener dans la ‘’palestinisation et la syrisation’’, ces présidents vont payer très cher leur comportement inhumain. Cette lutte que nous avons commencée est une lutte pour la libération de l’Afrique. Cette libération passe par le Mali qui englobe les quatre(4) grands anciens empires de l’Afrique. Aujourd’hui, le Mali est en train de confronter les néocolonialistes, les impérialistes et les esclavagistes. Tous ceux qui vont se mettre au dos du Mali regretteront très fort. Je ne peux que remercier le peuple burkinabè de leur soutien, voire la jeunesse panafricaine. Je dis bravo au peuple burkinabè. Nous leur demandons de faire comme le Mali, afin qu’on puisse ensemble aller vers la refondation de l’Afrique. Je pense que c’est aussi le début de se débarrasser des institutions africaines qui sont en train de nous asphyxier. Nous comptons aller plus loin pour avoir une Afrique qui n’aura pas besoin des financements du FMI ou de la banque mondiale. Nous voulons la restauration historique de l’Afrique ».
Jeamille Bittar, président du MC-ATT, membre du M5 : « Nous ne pouvons que réaffirmer notre solidarité au peuple burkinabè »
« Nous suivons avec intérêt ce qui se passe au Burkina. Nous ne pouvons que réaffirmer notre soutien et solidarité au peuple burkinabè qui aspire au calme, à son indépendance et à la lutte implacable contre le terrorisme. Nous sommes de cœur avec ce peuple. Nous disons à la France que c’est la fin de la France-Afrique, notamment du néocolonialisme qui est en train de se dessiner dans la sous-région. L’échec de la France dans le sahel est visible aujourd’hui. Les peuples ont compris. Si vouloir recouvrir sa dignité et sa souveraineté est anti démocratique ou constitutionnel, je pense que le modèle de démocratie importée ou imposée à nos pays ne doit plus prospérer. Nous disons non à ce diktat français. La France est disqualifiée et elle n’est plus la bienvenue en République du Mali, et même dans le sahel, vu les mouvements qui se passent ».
Dr. Allaye Bocoum, président de la CPM : « Ces présidents ont tiré sur un Mali déjà à terre »
« Depuis qu’on a entendu qu’il y a des mutineries dans plusieurs casernes au Burkina Faso, nous avons compris qu’il y a anguille sous roche. Je crois que sept à huit militaires ont été récemment arrêtés pour tentative de coup d’Etat. Malgré l’ébullition de la situation dans toute l’Afrique occidentale liée à ce qui se passe au Mali, le peuple a été jeté en pâture par des soi-disant présidents qui mettent des élections en avant, par rapport à la situation sécuritaire et même humanitaire des populations. Ils ont fait fi de l’humanisme dans le cas du Mali. Ces présidents ont tiré sur un Mali déjà à terre. Aujourd’hui, rien n’est étonnant, surtout quand on sait que ces peuples africains sont des vaillants. Quand ils sont élus, les présidents se croient au-dessus de tout. Ils se croient permis de tout. C’est pour dire qu’il y a des patriotes dans la franche militaire de chaque pays. Avec ce que fait le colonel Assimi Goita, désormais devenu Thomas Sankara 2, je sais qu’il y a beaucoup de militaires qui aimeraient être à sa place, pour avoir la renommée qu’il a. Quand on est intrépide et qu’on écoute son peuple, je crois que c’est facile. Le peuple malien doit sortir pour dire merci aux Burkinabès. C’est ce qui se passe au Mali qui est en train d’influencer. Bravo à la communauté panafricaine. C’est le réveil, je crois que le coup d’Etat est déjà consommé. Il n’y a rien à faire ».
Mahamadou Abdoulaye Doumbia, président du parti MPC : « L’Afrique doit changer de fusil à l’épaule »
« En tant que leader politique, je condamne le coup d’Etat burkinabè. Mais, je crois que l’Afrique doit également changer de fusil à l’épaule, par rapport aux dirigeants. Il s’agit des dirigeants qui ne font pas les affaires africaines en matière d’émancipation et de l’indépendance totale. Ces dirigeants doivent être remerciés par la population qui peut les pousser à la démission, sans l’intervention militaire. Mais, quand l’armée prend ses responsables face à certaines situations, on ne pourra que la suivre ».
Mohamed Mamanta Touré, président de l’association ‘’An Ko Mali’’ : « Ce coup d’Etat met le Burkina en retard »
« Ce sont des mutineries qui ont provoqué ce coup d’Etat au Burkina. Depuis un bon moment, nous voyons que le Président Kaboré avait des soucis avec les militaires. Des terroristes réussissaient à trouver de victoires sur les militaires. Récemment, il y a eu l’arrestation de quelques militaires, pour coup d’Etat. Donc, il y avait des frustrations au sein de l’armée. Présentement, nous pouvons dire que les politiques africains ont échoué en matière de stabilité et de bonne gouvernance. Lors d’un de ses déplacements au Burkina, Macron a tenu un discours très grave, en présence de ses homologues. Il disait que les vieux chefs d’Etat africains ont le traumatisme de la colonisation. Avec des jeunes comme Assimi Goita et autres, je pense qu’il faut mettre fin à ce traumatisme. Cette génération veut prouver au monde qu’elle ne souffre d’aucun traumatisme de colonisation et qu’elle veut l’indépendance de l’Afrique. Il va y avoir de changements, mais ce coup d’Etat va mettre le Burkina en retard. »
Rassemblés par Mamadou Diarra
Source: LE PAYS