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Coton : l’impitoyable attaque précoce des jassides

C’est un ravageur qui attaque le cotonnier presque chaque année, mais son apparition se faisait tardivement à un moment où les capsules du cotonnier ont commencé à éclater. Mais la grosse surprise inattendue cette campagne cotonnière (2022-2023), les attaques de l’insecte ont été précoces laissant les producteurs dans un trouble total.

Désespoir, regret, tentative d’abandon ou de suicide pour ceux qui ont contracté d’importants crédits pour faire de grandes surfaces. Le tableau est sombre.

Selon certains témoignages des producteurs, même les produits de traitement du coton n’arrivent même pas à supporter la fureur de ces ravageurs dont la capacité de destruction à grande échelle du cotonnier n’est plus à démontrer.

A en croire les producteurs, l’inefficacité des produits de traitement pousse le désespoir plus loin. Tout ce qui reste à faire, c’est de se confier à la clémence divine pour tenir face à ce fiasco de la campagne après tant d’efforts.

Les pays du cotonnier les plus touchés sont le Burkina Faso, la Cote d’ivoire, le Mali, le Sénégal, le Togo etc. Plusieurs milliers d’hectares du cotonnier sont déjà perdus par ces pays. Une évaluation des pertes est en cours par les acteurs de la filière au niveau de chaque pays touché.

Le risque de tout perdre

Les jassides, ravageurs piqueur-suceur du cotonnier sont bien connus des cotonculteurs. L’insecte est bien connu car il n’est pas à sa première apparition. Malgré les traitements appliqués jusqu’ici, les producteurs dans la sous-région ouest africaine se plaignent de la persistance des attaques de cette cicadelle.

La surprise inattendue cette campagne cotonnière est que l’attaque est venue assez précocement. Les jassides empêchent le cotonnier de faire la photosynthèse indispensable à la croissance des plantes.

Au Burkina Faso, les producteurs confient à agridigitale.net qu’au moment où les cotonniers devraient présenter des feuilles vertes et des fleurs, ils présentaient malheureusement des feuilles rousses.

Entre courage et désespoir, les producteurs avec l’appui des autorités locales tentent désespérément de lutter contre ces ravageurs pour sauver ce qui peut encore l’être.

Idem au Mali où les personnes ressources de la filière expliquent à agridigitale.net que la situation est encore plus grave en milieu paysan.

“Cette situation soulève des interrogations, notamment, sur la sensibilité des jassides aux insecticides utilisés, sur les conditions climatiques et environnementales actuelles devenues propices à la pullulation des populations du ravageur”, lâchent-elles.

Les jassides représentent une contrainte majeure à l’augmentation du rendement en culture cotonnière et le bassin cotonnier de la Côte d’Ivoire a aussi fait face à des attaques. Cette situation déplorable limite les efforts des producteurs et met à rude épreuve les objectifs de production du pays.

De l’avis d’experts, ces insectes ravageurs qui gagnent du terrain deviennent une menace pour la filière coton dans la sous- région.

“Les jassides ont toujours existé mais ce n’était pas très vigoureux comme ce qu’on a vu cette année. Ce sont de très petits criquets de couleur verte comme les feuilles de cotonniers qui s’envolent. Une fois qu’ils commencent par attaquer le champ, les feuilles du cotonnier deviennent rouges, toutes les fleurs chutent et même s’il y a déjà des capsules, ils ne s’ouvrent pas bien”, décrit un producteur de Côte d’ivoire.

Le Togo n’est pas du reste. Spécifiquement, les régions du nord (Kara et Savanes) ont été les plus touchées. Un peu au sud du pays, la zone cotonnière d’Amakpapé affectée.

A en croire certaines personnes ressources de la filière, l’attaque au Togo a touché beaucoup plus les cotonniers en retard, ce qui amènerait le pays à perdre au moins 10% de sa production nationale. L’évaluation donnerait la situation exacte.

Globalement, la situation du cotonnier est inquiétante et il urge pour les différents pays touchés d’unir leur force pour une lutte commune de ce piqueur-suceur qui cause d’énormes dégâts balayant de revers de main les objectifs de production de plusieurs pays et mettant les cotonculteurs dans le désarroi total.

Une rencontre sous régionale des acteurs clés de la filière coton serait attendue à Lomé dans les prochains jours pour faire l’évaluation des dégâts. Sans doute une synergie commune de riposte contre ces ravageurs destructeurs serait la bienvenue.

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Palakiyêm Sandali

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