Interdiction de la grève, réquisitions de contrôleurs aériens… Au moment où les syndicats et instances dirigeantes de l’Asecna se rejettent la responsabilité de l’échec des négociations, les 17 pays concernés s’efforcent d’éviter la paralysie de leurs ciels respectifs.
Initialement prévue le 25 août, la grève de l’Union des syndicats des contrôleurs aériens (Usycaa) avait été suspendue in extremis, à la veille de la date butoir, après diverses interventions, dont celle du chef de l’État sénégalais, Macky Sall, également président en exercice de l’Union africaine (UA) pour « donner une dernière chance au dialogue ».
Mais ce dernier a fait long feu : le 20 septembre, l’Usycaa annonçait la réactivation du préavis de grève, avec entrée en exécution du 23 septembre, 8 h, jusqu’au 25 septembre, 7 h 59 – tout en assurant sa disposition « à reconsidérer sa position si des solutions concrètes et durables » lui sont proposées d’ici là.
Une décision qui semble cette fois irrévocable, aussi l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) et les autorités locales des 17 États concernés, ont-elles plutôt opté pour une défense juridique.
Contrôleurs réquisitionnés
« Des procédures sont engagées en référé dans plusieurs pays contre la grève », indique-t-on ainsi à l’Asecna. L’organisation a publié le 22 septembre un état des lieux à destination des usagers des espaces aériens de l’Asecna – non sans se désoler « de la démarche solitaire des syndicats des contrôleurs aériens qui ont engagé leur mouvement en dehors du cadre formel du contrat d’entreprise ».
Si les syndicalistes annoncent un mouvement qui pourrait être suivi par 600 des 700 contrôleurs aériens que compte l’organisation, l’Asecna indique que certains États, dont la Côte d’Ivoire, la Centrafrique ou le Burkina Faso, « ont pris des arrêtés portant réquisition des contrôleurs aériens pour assurer la totalité des services nécessaires à la circulation aérienne civile et militaire [laquelle n’était pas concernée par le préavis, pas plus que les vols de chefs d’État et de gouvernement et les opérations sanitaires et humanitaires] ».
« Avec ces réquisitions et ces décisions de justice, on met de côté la liberté syndicale et le droit de grève pour employer la force de l’État », fulmine un responsable syndical, pour qui la cessation du travail malgré les réquisitions n’est pas exclue dans plusieurs pays.
Des grèves maintenues malgré l’interdiction
Si le tribunal du travail hors classe de Dakar vient de suspendre le mot d’ordre de grève au Sénégal, l’Ascena concède toutefois que « l’espace aérien sous la responsabilité de Niamey est impacté ». La situation est plus floue du côté de Brazzaville, où l’Asecna évoque un risque [de grève] malgré l’interdiction officielle, et à Madagascar, où l’Asecna a annulé le notam (pour notice to airmen, « messages aux navigants aériens ») destiné à prévenir les usagers de l’air d’une grève possible – comme elle l’a fait pour le Mali, le Bénin et le Togo, où le tribunal du travail a « déclaré la grève illégale et l’a interdite », assure l’Asecna.
L’annulation de ce notam est perçue comme « unilatérale et irresponsable » et « compromet dangereusement la sécurité de la navigation aérienne », déplore le syndicat malgache, précisant que son préavis est maintenu et « qu’aucun service de navigation aérienne ne sera fourni ».
Au Tchad ou en Mauritanie, où la grève est interdite par la loi, « les contrôleurs aériens travailleront, mais n’assureront pas la contingence [la surveillance aérienne des pays voisins dont les contrôleurs seront en grève] », poursuit notre interlocuteur qui assure « nourrir encore un espoir » qu’un accord de dernière minute soit trouvé. Les revendications des contrôleurs portent essentiellement sur des revalorisations de primes et des heures de nuit, ainsi que sur la résorption du sous-effectif.
Source: jeuneafrique