Le ramadan devrait commencer vendredi. Pour les musulmans du monde entier, le mois de jeûne sera quelque peu bouleversé cette année par le coronavirus. Au Mali, les dispositifs pour freiner la propagation du virus ont entraîné une importante hausse des prix. Alors qu’à Bamako ils sont actuellement plutôt stables, dans le nord du pays, cette période de ramadan s’annonce plus compliquée que d’habitude.
Il y a le couvre-feu nocturne. Mais ce qui va le plus perturber le ramadan dans le nord du Mali, c’est la fermeture des frontières. Les camions de marchandises peuvent toujours passer, mais les échanges ont ralenti et les prix ont bondi, surtout dans les zones dépendant des importations – légales ou illégales –en provenance d’Algérie ou de Mauritanie.
C’est le cas de Gao et de Kidal, où Mohamed Ag Jidou coordonne l’ONG Assaddec : « À Kidal, il y a une augmentation des prix sur le lait, le sucre, les céréales, détaille-t-il. On n’a toujours pas d’oeufs. Kidal ce n’est pas une grande ville, il n’y a pas de stock. Bien sûr il manque des produits. Je vois qu’à la frontière il y a moins de camions qui arrivent qu’avant la maladie. »
Lorsque l’état d’urgence sanitaire a été déclaré, fin mars, beaucoup de Maliens se sont précipités sur les marchandises. Certains accusent également des commerçants d’avoir artificiellement gonflé leurs tarifs, qui avaient plus que doublés pour certains produits. Aujourd’hui, ces prix sont redescendus, mais très inégalement selon les zones et les denrées.
À Tombouctou, Baba Moulaye, de l’association malienne des consommateurs, déplore cette hausse des prix, mais il voit aussi dans la période de carême un facteur d’espoir dans la lutte contre le coronavirus.
« Le ramadan va peut-être apporter la solution parce que les gens vont se déplacer peu, estime-t-il. Ça va contribuer quand même à surmonter le danger. Quand tu fais le carême, sous 40 degrés, tu es fatigué. À 18h déjà tu n’a plus de force pour aller quelque part. Alors tu reste à la maison, la famille c’est mieux. »
Les autorités maliennes demandent d’éviter les rassemblements, mais les mosquées resteront ouvertes.
De bonnes perspectives dans le sud du pays
Si dans le Nord et dans le Centre les éleveurs pâtissent de la fermeture des frontières et de l’insécurité qui empêchent les acheteurs transfrontaliers de venir, dans le Sud, au contraire, ce ramadan s’annonce plutôt bon, comme l’explique Sanoussi Bouya Sylla, producteur laitier et président de la Chambre d’agriculture du district de Bamako.