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Coopération Mali-Turquie : des enjeux à maîtriser

IBK accompagné d’une suite pléthorique a effectué une visite d’Etat en Turquie. Des ministres  mais surtout d’anciens responsables soupçonnés de malversations dans les contrats d’équipements militaires et de l’avion étaient du voyage. Pour témoigner de tout le crédit qu’ils portent à notre diplomatie, ni le président turc, ni son Premier ministre,  n’ont accueilli IBK et sa délégation à leur descente d’avion.

La personnalité, la plus importante pour les accueillir était le ministre de la Coopération. Quel signal ! Est-ce juste la personnalité d’IBK qui justifie pareil accueil ? Hier, le Mali était du bloc des non-alignés, aujourd’hui légitimement, le Mali doit être ouvert à toutes les nations au monde. Les Chinois nous enseignent : qu’il ne faut jamais déposer toutes ses économies dans une même boutique. Au-delà des Chinois, le bon sens l’exige. Nous devons aussi avoir des relations avec la Corée du Nord, avec Israël pour nous aider à mieux maîtriser notre désert. Après tout, les meilleurs drones au monde sont d’origine et de fabrications israéliennes.

 

Nos amis, les Turcs ne sont pas seulement en train de diversifier leurs relations économiques, politiques, diplomatiques, etc. Ils ont en arrière-plan bien d’autres projets auxquels nous devons faire attention, cessant notre naïveté habituelle.

 

La Turquie et l’État Islamique au Levant (EIL)

 

La Turquie est membre de l’OTAN. À ce titre, elle ne peut pas dire non catégoriquement à la coalition internationale dirigée par les USA pour combattre l’EIL. Elle souhaite cependant la victoire des islamistes sur les Kurdes Irakiens. Car une victoire des Kurdes Irakiens risquent de revigorer les Kurdes Turcs. Les islamistes blessés aux combats en Syrie sont soignés en Turquie. Le ravitaillement des islamistes de L’EIL aussi vient de Turquie.

Les détenteurs de passeport européen qui combattent avec EIL passent par la Turquie pour rejoindre les fronts. Les Turcs ont refusé leur base  d’Incirlik à l’armée américaine pour leurs frappes en Irak et en Syrie contre l’EIL.

 

La Turquie et le Mali

 

Au-delà du Mali, les Turcs du fait de leur essor économique ont ouvert des dizaines d’ambassades ces dernières années. Ils ouvrent également des écoles et font miroiter à des familles dites aisées la possibilité de suivre des études supérieures dans leur pays. Quand on voit l’état de délabrement dans lequel nos politiques ont mis l’école malienne, on ne saurait blâmer des parents de chercher un futur meilleur à leurs rejetons ailleurs. Que notre argent ne soit pas volé, c’est tout.

 

Mais, ne nous voilons pas la face. Le régime turc est un régime islamiste pur. Les islamistes constituent une internationale haineuse qui, certes, peut avoir des approches différentes. Mais un islamiste est un obscurantiste, à ce titre, un dangereux ayant une pensée unique qu’il veut imposer à tous. L’islamiste veut rendre homogène un monde que Dieu lui-même a rendu  hétérogène.

 

Au Mali, nous avons aussi des islamistes. Qui sont en passe d’être vaincus. Même, vaincus militairement, ils reviendront sous d’autres formes. Par exemple, en associations de bienfaisance. La récente loi en Turquie sur le port autorisé à l’école du voile est un signe évident d’islamisation du pays de Mustapha Kemal Attaturk, fondateur de l’État laïc.  Tout cela pour dire que tout l’investissement que nos nouveaux amis turcs nous apportent n’allait point nous interpeller si le Mali n’était pas un pays trop mal géré. Sujet facile à corrompre.

 

Ouvrons une petite parenthèse. Nous sommes francophones, colonisés par la France. C’est pourquoi nos diplomates devraient être à la hauteur à Paris.

Mais, loin de là, la plupart sont des pistonnés et ne soucient que de l’ouverture du second consulat pour placer famille et amis. Lors des moments durs de la crise du Nord, les chaînes françaises de diffusion d’infos en continu n’ont trouvé aucun cadre diplomatique ou consulaire capable de débattre avec les cadres du MNLA. Nos cadres ont eu au moins le courage cette fois-ci à Paris de reconnaître leurs limites. Bravo. Mieux vaut se taire en toute incompétence que de nous humilier davantage.

 

Telle est la situation à Paris, comment sera celle d’Ankara ?

 

Il est à craindre que nos représentants à Ankara soient en mesure de comprendre les enjeux de notre nouvelle coopération. Souvenez-vous de l’ex-président Abdoulaye Wade du Sénégal qui avait rappelé son ambassadeur de Téhéran (Iran). Des armes iraniennes en provenance d’Iran et à destination des rebelles de Casamance furent saisies par les autorités du Sénégal. Quel lien entre les rebelles de Casamance et les Ayatollah ? Seuls les fous de Dieu le savent. Le logiciel de leur esprit échappe à toute logique.

 

Le régime du président turc  Recep Tayyip ERDOGAN est islamiste comme les Ayatollah en Iran. Les islamistes ne sont les amis de personne. Leur amitié ne commencera pas avec le Mali. Ils ont une stratégie : infiltrer, s’imposer dans une société, et puis, en cas de résistance, semer la désolation. Prenons garde. Montrons aux autres peuples du monde que nous sommes ouverts mais pas aveugles.

Encore une fois, soyons à hauteur des enjeux. Que nos diplomates soient des fins politiques, des diplomates de carrière, lanceurs d’alertes, capables de comprendre des enjeux.

 

Boubacar SOW

                                   

source : reporter

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