Je me rappelle que la même proposition avait été faite lorsque Dioncounda Traoré, président par intérim pendant la Transition cherchait un grand Homme qui a le sens de l’Etat. Pinochet c’est cet Homme qui a été appelé au secours lorsque en 2000, le Mali avait des difficultés pour faire avancer les travaux des stades devant abriter les compétitions de la CAN 2002. Il a bien exécuté ce challenge, comme tant d’autres dans le passé. Cette lourde mission ne fera pas exception à la règle, si jamais le Président IBK le retenait. Si de fortes personnalités sont pressenties pour la conduire cela est une bonne chose.
Qui pourra être cette forte personnalité ? Une forte personnalité non trempée dans des magouilles au sommet de l’Etat, défendant les seuls intérêts d’un Mali laïc, des communautés vivant au Nord, tenant compte du poids démographique de chacune des ethnies, de leur pouvoir économique sur le terrain, de leur poids politique, de leur niveau de développement, tout en défendant le Sud et l’intégrité du pays.
Comme l’a si bien dit en son temps l’ancien président de l’UEMOA, en la personne de Soumaïla Cissé au Parlement de l’Union Européenne « un dialogue politique inclusif sur l’Avenir des Régions du Nord et l’organisation d’élections transparentes et crédibles. Ce processus politique à mettre en place doit reformer la démocratie Malienne, à travers une réconciliation Nationale véritable et durable ». Ces objectifs font référence obligatoirement à la décentralisation, c’est-à-dire qu’il s’agit à travers ce dialogue de mettre en œuvre, effectivement les contenus de la décentralisation sans remettre son statut actuel en cause.
Faisant suite aux journées sur l’évaluation de la décentralisation et en poussant d’avantage le niveau de décentralisation, en fonction des résultats de l’évaluation faite et discutés avec l’ensemble des acteurs ne sera plus une aventure sous la pression du MNLA.
Je pense que cette nouvelle étape à mener au profit de la décentralisation sera acceptable, comparée aux autres pays Africains. En poussant loin, on risque d’aller au Nord à une autonomie dans le meilleur des cas sinon à une indépendance de la Région de Kidal. Pour ce faire, la mission est difficile, très difficile pour l’homme qui sera choisie. Elle prendra en compte plusieurs domaines :
– la crise militaire : même si les islamistes sont presque vaincus à cette étape des combats, l’autre bataille qui reste à gagner est la sécurisation des frontières du Mali sur presque 4 000kms (Mauritanie, Algérie, Niger).
En Afrique sur 54 états, trente cinq n’arrivent pas à sécuriser totalement leurs frontières ; le Mali ne fait donc pas exception à cela.
– la crise humanitaire avec la destruction des moyens de production des populations, le rapatriement de presque six cent mille réfugiés de l’intérieur comme de l’extérieur.
– la relance du développement des régions du Nord en n’oubliant pas celles du Sud et pour cela concevoir des projets de développement au seul bénéfice de l’ensemble des populations du nord et non des seuls responsables Touareg, leurs familles et leurs groupes ethniques.
– le renforcement de la démocratie locale en définissant mieux les rapports entre le pouvoir local et celui central.
– le bannissement du tribalisme local en évitant la concentration des postes aux mains d’une seule famille ou ethnie.
– la reconstitution d’un état dans sa partie Nord et celle d’une Nation qui a failli ne plus être. Pour mener à bien ces difficiles, mais exaltantes missions dans un laps de temps, il faut être doué de capacité d’écoute, de synthèse, de coordination, de communication, le président doit connaître les enjeux de la situation depuis le fameux accord d’Alger du général Kafougouna Koné, tant décrié, qui a fini par être un fiasco; connaître également du bout des doigts, les mentalités des communautés concernées.
Lanceni Balla KEITA
SOURCE: L’Indépendant