En meeting dans l’après-midi du dimanche 28 octobre au palais de la Culture, le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) est apparu encore très remonté contre « les tâtonnements et l’incompétence du régime en place ». L’un de ses leaders, l’ex-ministre Mohamed Aly Bathily, qui n’a pas sa langue dans la poche, a quasiment appelé au lancement des campagnes de désobéissance civile.
Même si Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition et ses amis ne réclament pas être installés au pouvoir sous l’argument que ce sont eux qui ont gagné la dernière présidentielle, la tension politique est montée d’un cran dans le pays. Les opposants ne rejettent plus ostensiblement la réélection d’IBK, mais ils ne baissent pas le ton dans la dénonciation des actes de gestion du pays. A titre d’exemple, l’avant-projet de découpage territorial, la décision de reporter les élections législatives, les préparatifs pour les réformes institutionnelles et constitutionnelles, etc.
Sur tous ces chantiers, Soumaïla Cissé, Dr Choguel K. Maïga, Me Mountaga Tall, Moussa Sinko Coulibaly et les autres fulminent contre les initiatives du gouvernement. « Le découpage territorial projeté est une bombe à fragmentation qui va exploser dans la figure du pouvoir », a laissé entendre le président de l’URD. Il n’pas manqué de fustiger ce qu’un cadre du PARENA a appelé l’épidémie de grèves » dans le pays. Et Me Mohamed Aly Bathily de marteler si les articles 31 et 32 appartiennent au gouvernement et lui permettent de gérer le pays comme il le fait, l’article121 relatif à la désobéissance civile appartient au peuple souverain, qui peut refuser de se conformer aux désiderata des gouvernants.
Par ces discours, l’on sent que les opposants veulent aller vers une sorte d’instrumentalisation des populations, en particulier, des milliers de jeunes sans perspective confrontés au chômage et au mal-vivre. Si ce discours porte, dans un Mali confronté à une insécurité aggravée, l’on peut craindre pour la tranquillité de la scène sociopolitique effectivement alourdit par un front social en ébullition. La question se pose alors de savoir : à qui profiterait une déflagration sociale au Mali ? Personne ne gagnerait d’une nouvelle crise majeure dans le pays.
Ce constat devrait donc pousser le pouvoir à revoir ses copies. Et, dans ce sens, l’offre de « main tendue », dont a parlé IBK et que l’opposant en chef, Soumaïla Cissé a qualifié d’invisible, devrait être renforcée pour sa visibilité. Toute chose qui constitue un empêchement certain aux actions de sabotages qu’envisagent certains opposants extrémistes.
Dans ce sens, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga pourrait faire des gestes de concession visant à détendre l’atmosphère politique dans le pays. C’est cette appréhension qui a certainement motivé l’annonce des conférences régionales par rapport à la problématique du découpage territorial. Ainsi, ces concertations à la base devraient aider à décrisper les antagonismes et les suspicions pour accélérer un tant soit peu le désir du vivre-ensemble mis à mal par la crise sécuritaire.
Gageons alors que ces « dialogues décentralisés » constitueront des préludes aux concertations nationales tant réclamées par les acteurs politiques nationaux.