Annoncée par le président de la République le 31 décembre 2016 dans son message du nouvel an, la Conférence d’entente nationale a débuté le lundi 27 mars 2017 au Palais de la culture Amadou Hampâté Ba. Le président Ibrahim Boubacar Kéita n’a pas boudé son plaisir de faire une leçon de patriotisme à ses opposants.
“Nous voulons un Mali uni, un Mali sur des bases solides. Nous sommes prêts à toutes les ouvertures” ! Tel est l’appel à l’unité lancé par le président Ibrahim Boubacar Kéita à l’ouverture officielle de la Conférence d’entente nationale (CEN), le 27 mars 2017 au Palais de la culture Amadou Hampâté Ba de Bamako.
Une rencontre qui, malgré le boycott de l’opposition politique et de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), a gagné le pari de la mobilisation.
Dans une déclaration rendue publique la veille (26 mars 2017), le gouvernement malien a rappelé que la CEN entre dans le “cadre de la recherche de la paix, de l’unité et de la réconciliation” et pour “une mise en œuvre efficace et cohérente de l’accord pour la paix et la réconciliation”.
A la différence de la Plateforme des groupes armés, la CEN a été boycottée par la CMA et l’opposition politique. “Les partis de l’opposition ont été invités et ils ont été reçus pendant les consultations préliminaires. Nous aurions aimé avoir tout le monde avec nous. Mais, une nation est une nation, elle avancera selon ses moyens et les forces en présence”, a déclaré Nouhoum Sankaré, membre de la commission d’organisation, interrogé par nos confrères de l’ORTM.
Pour Pr. Baba Akhib Haïdara, cette conférence n’est “le monopole de personne, mais la responsabilité de tous les Maliens”.
Le président Ibrahim Boubacar Kéita ne s’est pas fait prier pour tacler les absents, notamment ses opposants dont le boycott sent beaucoup plus la mauvaise foi que le bon sens.
“A ceux-là et à tous les autres qui n’auront pu être là, je rappelle que cette Conférence d’entente nationale est un train qui démarre. Et ceux qui ne l’auront pas pris dans cette gare peuvent toujours le rattraper à une autre gare, à une autre station. L’essentiel est que, à l’arrivée, toute la famille soit réunie. Et la dernière gare, le terminus de ce voyage porte le nom : Entente nationale”.
Très inspiré dans son introduction, il a enfoncé le clou. “Ce qui nous réunit ici est bel et bien une Conférence d’entente nationale, où devraient se régler tous les différends, surmonter toutes les rancœurs. Si nous ne nous retrouvons pas ici, où donc nous retrouverons-nous un jour ?”
“La Conférence d’entente nationale ne saurait être prise en otage par des surenchères”, IBK dixit
Agressif, mais fair-play, IBK ne veut pas être celui qui “jettera la première pierre”. Mais, a-t-il rappelé, “que chacun, en son âme et conscience, en permanence, se demande en quoi ses postures enrichissent la démocratie, en quoi les actes qu’il pose contribuent à l’essor de la nation malienne”.
Et de reconnaître, “je faillirais à mon devoir, si je ne déplorais pas, ici, certaines absences et le discours qui les justifie. Nous sommes, tous, la progéniture de la même mère-patrie. Les uns ne sont ni meilleurs ni pires que les autres. Et le respect, la considération que nous devons, les uns aux autres, implique que nous sachions respecter le travail des autres. En ayant à l’esprit que même le travail le plus consciencieux peut comporter et comporte toujours quelques imperfections”.
“C’est l’addition de nos talents et de nos différences qui nous permettra d’enrichir la construction de la démocratie sur cette terre sacrée”, a poursuivi le chef de l’Etat.
“La nation se construit sur la durée… Si vous pouvez aider votre patrie, votre peuple, c’est ici, maintenant qu’il faut le faire. Le chantier est ouvert, et le devoir nous y appelle tous, autant que nous sommes”, a assené le président Kéita.
“La Conférence d’entente nationale ne saurait être prise en otage par des surenchères. Que l’inclusivité soit entièrement respectée”, a souhaité Ibrahim Boubacar Kéita.
Après cette cérémonie d’ouverture, les participants ont été répartis entre trois commissions en fonction des trois thèmes que sont “la paix, l’unité et la réconciliation nationale”. Mais, a précisé M. Sankaré, “toutes les commissions vont travailler sur la question de l’Azawad”.
Toutefois, contrairement à ce qui avait été prévu, la CEN ne va pas accoucher directement de la Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation qui doit être élaborée sur une base consensuelle. Mais, elle va plutôt réunir les “éléments constitutifs d’une charte” dont l’élaboration et l’approbation se feront dans un autre cadre.
“Une fois que j’aurais reçu les recommandations de la Conférence, je déciderai du cadre, des modalités et de l’agenda de son élaboration définitive ainsi que de son appropriation par l’ensemble des composantes de la nation“, promet le président Ibrahim Boubacar Kéita.
Les travaux dureront une semaine (27 mars-2 avril 2017) avec des travaux en commission et des débats en plénière !
Moussa Bolly