BAMAKO, 20 septembre 2018 – En réponse au taux élevé de non-scolarisation des enfants au Mali, plus de 3800 filles et garçons dans 10 régions et le district de Bamako ont commencé à sensibiliser leurs communautés sur l’importance de l’éducation.
La campagne nationale « Pour Chaque Enfant, Éducation », lancée officiellement aujourd’hui à Bamako, a permis d’outiller des Enfants Ambassadeurs de la rentrée scolaire et des jeunes de la Deuxième Décennie pour faire un plaidoyer direct pour le retour à l’école de leurs camarades non-scolarisés, notamment à travers des activités porte-à-porte, des émissions radiophoniques et des dialogues communautaires. La campagne 2018 vient renforcer le succès des années antérieures, créant un bassin de jeunes agents de changement positif.
Selon les estimations de l’UNICEF, plus de deux millions d’enfants en âge scolaire (de 5 à 18 ans) sont toujours hors système scolaire, avec les filles plus à risque d’abandon scolaire que les garçons. Parmi les causes profondes de la non scolarisation des enfants se trouvent le mariage d’enfants, le travail d’enfants, la fermeture de certaines écoles en raison du contexte sécuritaire et finalement des défis de qualité de l’éducation et de manque d’infrastructure scolaire dans certaines zones.
« Quand je vois des filles de mon âge qui ne vont pas à l’école, ça me met mal à l’aise, » dit Anchata Diamounété, Enfant Ambassadeur de la rentrée scolaire à Sikasso. « « Heureusement, je suis devenue Enfant Ambassadeur de la rentrée scolaire et j’ai acquis de la persuasion pour convaincre mes amies d’aller à l’école. »
Au total, 3856 enfants et jeunes ont été formés pour mener les activités de sensibilisation et de collecte de données. Grâce à l’innovation EduTrac, les enfants et jeunes seront outillés à suivre la reprise scolaire de leurs camarades déscolarisés. Équipés de téléphones portables, ils recenseront le nombre d’enfants qui sont inscrits ou réinscrits à l’école, afin de continuer le plaidoyer auprès des parents pour qu’aucun enfant ne soit laissé pour compte.
La constitution du Mali prévoit neuf ans d’école obligatoire et l’éducation est un droit fondamental protégé par la Convention relative aux droits de l’enfant, que le Mali a ratifiée en 1990.
« L’éducation ne devrait jamais être un privilège. C’est bel et bien un droit pour chaque fille et chaque garçon, » a affirmé Lucia Elmi, Représentante de l’UNICEF au Mali. « C’est le moment de nous mettre ensemble – filles, garçons, mères, pères, autorités et partenaires – pour nous assurer que ce droit devient enfin une réalité pour chaque enfant du Mali. »
En plus de la mobilisation des enfants, une dizaine de femmes modèles ont prêté leurs voix à la campagne. Parmi elles figure l’athlète de haut niveau Djénébou Danté, porte-drapeau du Mali aux Jeux Olympiques de 2016 à Rio de Janeiro, qui s’est engagée publiquement à promouvoir l’éducation des enfants maliens.
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Lancement de la campagne « Pour chaque enfant, une éducation »
Discours de Félix Ackebo,
Représentant adjoint de l’UNICEF au Mali
20 septembre 2018
Bamako
Monsieur le Représentant du Ministre de l’Education Nationale,
Madame la Coordinatrice résidente du système des Nations Unies au Mali
Messieurs, Mesdames, les représentants des missions diplomatiques au Mali
Monsieur le Gouverneur du district de Bamako
Monsieur le Maire de la Commune IV
Messieurs, Mesdames, les représentants des partenaires techniques et financiers
Messieurs, Mesdames, les chefs de division des différents ministères
Chers journalistes,
Chers enfants ambassadeurs, chers enfants journalistes
C’est une joie et un honneur pour moi d’être présent aujourd’hui et d’être entouré d’enfants qui sont venus des 4 coins du Mali pour plaider en faveur de leurs camarades non scolarisés.
Nous sommes aujourd’hui à la veille de la rentrée scolaire, ce qui nous met devant une dure réalité : le nombre d’enfants au Mali qui sont en dehors du système scolaire se comptent non pas par centaines, non pas par milliers, mais bel et bien par millions. L’UNICEF estime qu’à l’heure actuelle, 2 millions d’enfants en âge scolaire (entre 5 et 18 ans) sont en dehors du système scolaire, avec des filles à plus grand risque d’abandon scolaire que les garçons.
Chacun de ces enfants mérite d’être sur un banc scolaire.
Chacun de ces enfants mérite de pouvoir rêver et de poursuivre ses rêves.
Chacun de ces enfants mérite de pouvoir réaliser son plein potentiel.
Chacun de ces enfants mérite, à l’âge adulte, de pouvoir contribuer positivement au développement de sa communauté et de son pays.
Chacun de ces enfants mérite, à l’âge adulte, de pouvoir éduquer ses propres enfants, qui eux aussi contribueront à leur communauté.
Monsieur le Représentant du Ministre de l’éducation nationale,
L’éducation a un impact non seulement sur tout le cycle de vie d’un être humain – mais également sur le développement entier de toute la société.
La reconnaissance de cet impact se retrouve dans la finalisation récente du plan sectoriel conjoint, dont je tiens à féliciter le Ministère. Ce plan qui amènera trois ministères à travailler ensemble de manière holistique garantit une éducation de qualité pour chaque enfant depuis le plus jeune âge (le préscolaire) jusqu’à l’enseignement secondaire et professionnel, et universitaire afin qu’ils soient équipés et outillés pour entrer sur le marché du travail et contribuer au développement du Mali.
C’est un pas important d’alignement de nos efforts pour fournir une éducation de qualité pour chaque enfant. Nous appelons tous les autres partenaires à se joindre aux efforts du gouvernement et à aligner leur soutien sur ce plan sectoriel.
Avec ce cadre en place, nous devons maintenant redoubler nos efforts communs pour nous attaquer au phénomène de la déscolarisation et s’assurer qu’autant d’enfants possibles puissent retrouver le chemin de l’école cette rentrée. Nous comptons sur le gouvernement et les partenaires pour s’attaquer à cette question dans toutes ses dimensions :
- pour améliorer la qualité de l’enseignement et des infrastructures,
- pour améliorer l’accès des enfants à l’école,
- pour rouvrir toutes les écoles qui sont actuellement fermées pour des raisons d’insécurité,
- pour sensibiliser les parents et les communautés sur l’importance de l’éducation,
- mais aussi de les écouter, de comprendre leurs besoins et de leur fournir le type d’éducation qui leur est le plus adapté.
C’est seulement en travaillant en synergie sur toutes ses dimensions que l’on pourra assurer un retour en masse des enfants à l’école.
Chers enfants ambassadeurs de la rentrée scolaire,
Ou devrais-je dire « Excellences, mesdemoiselles et messiers les ambassadeurs » ? Vous jouez un rôle critique dans vos communautés. J’ai envie de dire que l’avenir du Mali est entre vos mains, car vous aidez les enfants du Mali à accéder à l’éducation. Je voudrais vous remercier de votre dévouement. Bravo ! Vous pouvez être fiers de vous-mêmes.
Mais rappelez-vous : vous représentez tous les enfants du Mali. Soyez donc vous-mêmes un exemple dans vos communautés. Travaillez bien à l’école afin que vos frères et sœurs puissent suivre vos pas. Ainsi, quand vous demandez aux parents d’amener les enfants à l’école, ils auront du plaisir à vous écouter et ne pourront pas vous le refuser.
Chers enfants journalistes,
Vous avez un grand rôle à jouer en plaidant en faveur des enfants déscolarisés et ce rôle, vous l’avez accompli avec brillance la semaine dernière à Kayes, quand vous êtes partis à la rencontre des enfants travailleurs dans les orpaillages, et des filles déjà mariées alors qu’elles sont encore enfants. Félicitations pour votre engagement !
Rappelez-vous que le manque d’accès de ces enfants déscolarisés à des plateformes de communication limite leur voix, leur visibilité, et leur capacité à raconter leur vécu et leurs défis. Et pourtant, ce sont ces enfants-là – les enfants les plus vulnérables – qui auraient le plus besoin d’être entendus. Continuez donc à faire entendre la voix de ces enfants à travers tous les canaux d’expression dont vous disposez chez vous : continuez à être la voix de ces enfants sans voix.
Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs,
Je ne saurai terminer sans souligner le profond engagement de l’UNICEF, dans le cadre de sa coopération avec le Gouvernement du Mali, à continuer à travailler avec tous les partenaires en faveur de la promotion des droits de tous les enfants du Mali.
Je remercie particulièrement tous les donateurs sans lesquels nous ne pourrions faire ce travail, tel que la Norvège, l’Union Européenne et le Danemark.
Que notre plaidoyer conjoint en faveur de l’éducation porte ses fruits pour chaque fille et chaque garçon du Mali.
Je vous remercie.