Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Colère des ex-travailleurs de l’Huicoma: 5 ministres à Koulikoro pour apaiser la tension

En plus de la crise sécuritaire, le régime du président Ibrahim Boubacar Keita hérite de plusieurs dossiers encombrants, comme le très sulfureux dossier de l’Huilerie cotonnière du Mali (HICOMA) de Koulikoro. Après la rencontre du ministre du Développement industriel avec une délégation du Méguetan, à Bamako, en début du mois, cinq ministres du gouvernement étaient, hier, à Koulikoro, au contact avec les populations, désemparées qu’elles sont face au déclin industriel de leur contrée.

jeunesse koulikoro huicoma marche manifestation

Malgré la réalisation en cours de l’autoroute 2X2 voies Bamako/Koulikoro, la tension couve toujours au cœur du Méguétant. En cause, la pauvreté qui sévit dans la ville due au ralentissement de l’activité économique. Face à la situation, les ex-travailleurs de l’HUICOMA ne désarment pas. Plusieurs menaces de marche et de boycott sont en l’air. Ces ex-travailleurs réclament non seulement des droits à l’Etat, mais également la réouverture de cette unité industrielle qui assurait jadis la célébrité économique de la deuxième région administrative du pays. L’HUICOMA pourra-t-elle retrouver son lustre d’antan ?

Les apaisements
En tout cas, pour apaiser les populations et leur assurer de son soutien, le gouvernement a dépêché, hier, sur place, cinq ministres : Maouloud Ben Kattra en charge de l’Emploi et de la formation professionnelle ; Abdel Kader Konaté du Commerce, Mme Diarra Racky Talla, du Travail, de la Fonction publique et des relations avec les institutions ; Mme Traoré Oumou Touré et enfin le ministre en charge du Développement industriel, Mohamed Aly Ag Ibrahim. Ils étaient tous là pour apporter aux populations la bonne parole.
La rencontre, qui s’est tenue au gouvernorat de Koulikoro, a enregistré une forte participation des populations, signe de l’intérêt qu’elles accordent à ce dossier. Selon une source jointe sur place, malgré la tension, la rencontre s’est déroulée dans un climat apaisé et a permis aux différents ministres d’apporter des réponses palliatives à certaines préoccupations du moment.
L’Assemblée a été informée de la disponibilité d’un fonds qui servira à payer des droits aux travailleurs de l’HUICOMA. Pour cela, nous a-t-on indiqué, la délégation ministérielle a appelé à la mise en place d’une délégation des ex-travailleurs qui rencontrera les ministres de l’Économie, du Commerce et du Développement industriel pour déterminer les modalités de gestion de ce fonds, dont le montant n’a pas été dévoilé en public. Ne dit-on pas que l’argent n’aime pas le bruit ?
En guise de solutions alternatives à la crise économique, les ministres, selon nos sources, ont également annoncé l’arrivée d’une nouvelle unité industrielle, sans plus de détails. Aussi, il a été fait cas d’un projet au profit des commerçants détaillants. Les représentants du gouvernement ont souhaité que 55 % des bénéficiaires de ce projet soient des femmes d’autant plus que cette couche est la plus touchée par la crise.

Initiatives infructueuses ?
Ayant hérité de cette patate chaude, le dossier HUICOMA est devenu aujourd’hui, pour le régime IBK, un véritable casse-tête. Et pour cause ? C’est au retour d’une sortie de promotion de l’EMIA de Koulikoro, le mois passé, que la délégation du président IBK a été stoppée par des manifestants. Le chef de l’État, très sensible à ce genre de situations, s’est personnellement adressé aux manifestants. Il leur a promis de s’investir pour la recherche de solutions à cette préoccupation. Les ministres ont été sommés, dans ce sens, à trouver une consolation pour ces familles.
C’est dans ce cadre que le ministre du Développement industriel, Mohamed Aly Ag Ibrahim, avait reçu, en audience, en début de ce mois, une forte délégation d’hommes et de femmes du Mouvement de lutte pour la restauration de l’usine HUICOMA de Koulikoro. Au cours de cette audience, le ministre avait laissé entendre que le tout premier gros du problème reste lié à la disponibilité de la matière première devant être produite par la CMDT. Dans la mesure où présentement des petites unités industrielles de production d’huile, situées à Koutiala, peinent à atteindre le niveau de production souhaité, faute de matière de base, il serait difficile de pouvoir alimenter régulièrement une grande usine, comme celle de Koulikoro, l’HUICOMA.
Ensuite, un autre souci, et non des moindres, est celui relatif au plan social avec l’adhésion des travailleurs de tous les échelons. Car il y avait encore lieu de cerner tous les contours liés à cette situation avec des efforts de rassembler tous les dossiers juridiques et techniques qui, jusque-là, n’étaient pas au complet.
Mohamed Aly Ag Ibrahim avait rassuré la délégation qu’il n’y avait aucun manque de volonté politique du côté des autorités compétentes, contrairement à ce que pouvaient imaginer certaines personnes proches du dossier. Au sortir de cette audience, les Koulikorois avaient donné un ultimatum de quelques jours au gouvernement afin de prendre des mesures concrètes. À défaut, ils envisageaient une reprise de leurs revendications. Quant aux femmes particulièrement, elles envisageaient même de marcher sur Koulouba…
L’affaire HUICOMA, dont il est question aujourd’hui, remonte en 2004, lorsque l’État du Mali a lancé la privatisation de HUICOMA, société d’État qui avait le monopole de la transformation et de la production d’huile végétale et d’aliments pour bétail à partir du traitement industriel de la graine de coton dans ses trois usines de Kita, Koulikoro et Koutiala.

Encombrant héritage
Le groupe Tomota SA a répondu à l’appel d’offres lancé pour la privatisation de Huicoma en faisant des offres techniques précises. Au terme de cette procédure, la société Tomota SA a été désignée comme adjudicataire et a signé avec l’État du Mali un protocole d’accord, en date du 16 mai 2005, portant sur la cession, par ce dernier, de 1 388 145 actions de la société Huilerie Cotonnière du Mali (HUICOMA), représentant 84,13 % du capital social de la société au prix de 9 milliards FCFA, l’État du Mali conservant le solde du capital.
Après le transfert des actions et la passation de service effectuée, le 14 septembre 2005, le Groupe Tomota SA, nouvel actionnaire majoritaire, prétend avoir été confronté à de graves difficultés pour exploiter la société Huicoma. Le Groupe Tomota a, en effet, accusé l’État de l’avoir trompé sur la vraie situation (financière) de Huicoma. Pour le Groupe Tomota, la situation qu’il avait trouvée n’avait rien de comparable avec la description qui en avait été faite par l’État en amont du protocole. Dans ses prétentions, le Groupe Tomota s’est appuyé sur une exécution dolosive et lourdement fautive de ses obligations par l’État qui, ajoute le Groupe, a constamment refusé de lui accorder les garanties auxquelles il s’était engagé, notamment, la fourniture prioritaire et préférentielle des graines de coton par l’intermédiaire de la CMDT et l’octroi d’avantages fiscaux et douaniers… Outre d’importants manques à gagner, le Groupe Tomota estime que cette situation est de beaucoup dans la baisse sensible de sa notoriété, une dépréciation de ses marques et aujourd’hui son arrêt partiel d’activités.
En vertu de ces constats, le Groupe TOMOTA s’est dit ne pas capable de respecter les engagements contractuels vis-à-vis des travailleurs. La conséquence, on le sait, est la situation délétère de l’unité qui referme ses portes, renvoyant des familles au chômage.

Par Sidi Dao

 

Source: info-matin

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance