Vendredi dernier, Bamako a été arrosée par une fine pluie. Ce qui n’a pas empêché certains Bamakois d’arborer leurs traditionnels boubous ou encore de se rendre à la prière hebdomadaire de la mi-journée. Après la prière, le deuxième lieu de rendez-vous de la journée était, sans doute, le Centre international des conférences de Bamako (CICB), où se tenait l’évènement majeur de la journée.
Le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, s’apprêtait à dévoiler le Plan d’action du gouvernement (PAG). Une demi-heure avant ce grand oral pour le chef du gouvernement, la devanture du CICB affichait une ambiance des grands jours. De nombreuses personnes patientaient dans une longue file à l’entrée du CICB pour se soumettre au contrôle de sécurité, afin d’être des témoins oculaires de l’événement.
Un premier cordon sécuritaire filtrait l’entrée avec le contrôle de pièces d’identité et le passage aux détecteurs de métaux. Il faut dire que l’organisation n’a pas lésiné sur les mesures de sécurité. L’entrée de la salle de plénière du Conseil national de Transition (CNT) était aussi conditionnée à la présentation d’une invitation et d’un badge d’accréditation pour les journalistes.
Le chef de la sécurité n’hésitait pas à refouler certaines personnes qui ne remplissaient pas les conditions d’accès. «Désolé ce n’est pas ce badge que nous avons donné cette fois-ci», signale-t-il à un journaliste qui n’avait pas le bon sésame. « Sur le plan des mesures sécuritaires, des efforts ont été faits. Plusieurs agents de la police et de la garde nationale ont été déployés. Ce qui n’est pas étonnant quand on sait ce qui s’est passé le jour de la fête de Tabaski », constate Mohamed Dagnoko, journaliste et correspondant d’une chaîne étrangère, venu couvrir l’évènement.
Il fallait donc avoir le précieux sésame pour pénétrer dans la salle Djeli Baba Sissoko, pavoisée aux couleurs nationales et bien lustrée pour la circonstance. Cette enceinte qui accueille les sessions du CNT depuis plusieurs mois, affichait une ambiance de solennité. « C’est une ambiance bon enfant », remarque Mohamed Dagnoko, un habitué de ce type de rendez-vous. Ministres, membres du CNT et d’autres personnalités invitées pour l’occasion, multipliaient les échanges d’amabilités, avant le début de la séance.
De nombreux confrères, dûment munis d’accréditations, étaient témoins du rendez-vous pour faire vivre l’évènement au monde entier. Regroupés en petits comités, des journalistes devisaient sur l’actualité pour tuer le temps. D’autres professionnels de la presse se faufilaient entre les allées de la salle, profitant du moment propice pour interviewer des personnalités. Les caméras des chaines de télévision et des Web TV diffusant en direct tournaient en boucle. Les flashs des appareils photos crépitaient incessamment.
À 16h05. Le Premier ministre est annoncé dans la salle. Une foule de journalistes accourent. Il est habillé d’un grand boubou blanc et coiffé d’un chapeau de même couleur.
Le chef du gouvernement fait son entrée dans la salle d’un pas déterminé et se dirige vers la place qui lui est réservée. Soudain, un coup de gong et les airs de la fanfare marquent le changement d’ambiance dans la salle. « Bienvenue au Premier ministre ! Nous voulons une démocratie bien organisée et un pays bien organisé », lance du fond de la salle un maître de cérémonie.
À la suite du Premier ministre, le président du CNT, le colonel Malick Diaw, fait son entrée, vêtu lui aussi d’un boubou blanc. La symbolique du vendredi explique sans doute cette coïncidence vestimentaire entre les deux personnalités. Le président du CNT souhaite la bienvenue au Premier ministre. Le colonel Malick Diaw rappelle ensuite que la présentation de Plan d’action pour le gouvernement est un « exercice républicain qui fait suite au décret n° 2021 0454/ PT-RM du 23 juillet 2021 portant convocation du Conseil national de Transition en session extraordinaire ».
La démarche est conforme aux articles 78 de la Constitution et 15 de la Charte de la Transition, précise-t-il. Après le traditionnel appel des membres du CNT pour s’assurer de leur présence, la parole est donnée au Dr Choguel Kokalla Maïga pour la présentation du Plan d’action du gouvernement. « Nous prenons en charge le destin de la Nation en un moment crucial de son histoire », lance le Premier ministre, dès les premiers mots de sa prise de parole devant le Conseil national de Transition. « Le Mali, notre patrie, est semblable à un grand corps malade nécessitant une thérapie de choc », souligne-t-il dans la foulée. Les mots sont graves, mais certainement mûrement choisis par le chef du gouvernement.
Devant le CNT, Dr Choguel Kokalla Maïga donne le ton, en dépeignant sa vision de la situation du Mali et en prescrivant les remèdes qu’il entend appliquer pour soigner les maux qui assaillent notre pays (voir discours).
La fin de l’intervention du Premier ministre est saluée par un tonnerre d’applaudissements, suivi de chaleureuses salutations avec les membres du CNT. On ne sait pas si ces amabilités traduisent un bon accueil du PAG par les membres du CNT. Nous le saurons certainement au moment des débats et du vote sur le document.
Mohamed TOURÉ
Source : L’ESSOR