Faire du nouveau avec du vieux. C’est à ce jeu qu’ont procédé les membres élus du Conseil malien des chargeurs (CMC) avec la mise en place du nouveau bureau composé essentiellement d’éléments de l’ancien bureau, soupçonné de plusieurs faits de détournement. L’acquisition du siège actuel du CMC, l’affaire dite du bordereau de suivi des cargaisons (BSC), entre autres. Ce sont là, les sujets à scandale qui ont animé le mandat du bureau sortant, dirigé par Ousmane Babalaye Daou. Si des audits ont été réalisés et sont en cours de transmission à la justice, beaucoup de membres du nouveau bureau, dont Kissima Sylla, président élu, et Bourama Mounkoro, trésorier général, en sont comptables. Dans l’ancien bureau, ils occupaient respectivement les postes de secrétaire aux relations extérieures et trésorier général. Ces deux postes sont les plus stratégiques dans l’instance décisionnelle du CMC.
Concernant le premier dossier, le siège du CMC, cette affaire ne manquera pas de défrayer la chronique les jours à venir car il y aurait eu détournement de fonds. En effet, en 2014, le CMC a acquis une parcelle située en face de la Cour constitutionnelle pour y construire son siège. Une grande cérémonie a eu lieu pour la pose de la première pierre. Le coût d’acquisition et de construction avait été estimé à plus de 4 milliards F CFA. A ce jour, la parcelle est vide et ne sert qu’au maraichage. Quelques années après cette acquisition, le monde fut surpris que le CMC ait décidé par l’entremise de la BMS-SA d’acheter un immeuble en face du Collège Mahrouf, dans l’ACI 2000. Un bâtiment minuscule qui, jusqu’à preuve du contraire, n’a pas été évalué. En tout cas, officiellement, aucun chiffre n’a été avancé sur le coût et les modalités d’acquisition du bâtiment. Selon les indiscrétions, l’immeuble en question aurait été acheté avec le beau-fils d’Ousmane Babalaye Daou pour un montant de près de 3 milliards F CFA. C’est un sujet tabou, sur lequel aucun membre du bureau de l’époque ne souhaite se prononcer. S’agissant du second dossier scandaleux, l’affaire dite du BSC, il a provoqué des tollés en 2017 et 2018. Des chargeurs avaient dénoncé la perception illégale de cet argent et son utilisation par M. Daou et ses hommes. Les montants avancés avoisinaient les 9 milliards FCFA sur plusieurs années. A l’époque, Ousmane Babalaye Daou s’est justifié. Il a expliqué que cet argent avait été utilisé pour le fonctionnement du CMC. Dans tous les cas de figure, l’actuelle équipe dirigeante du CMC n’est pas étrangère à ces dossiers. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes hommes qui conduisent les destinées de la structure. Les observateurs se demandent quelle pourrait être leur moralité dans la conduite des affaires du CMC ? En tout cas, le président Kissima Sylla et son trésorier général, Bourama Mounkoro, ne constituent pas une alternative crédible pour l’avenir du CMC.
Keletigui Danioko
Source: LE PAYS