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CKM dans la réaction cocardière de la souveraineté outragée

Ce lundi 7 février, le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA a réuni les diplomates à la Primature. Durant plus de 45 minutes, il a mené une charge virulente contre la France et contre certains pays européens. Il a asséné sans coup férir : «L’intervention s’est muée dans un deuxième temps en une opération de partition de fait du Mali, qui a [consisté dans] la sanctuarisation d’une partie de notre territoire, où les terroristes ont eu le temps de se réfugier, de se réorganiser, pour revenir en force à partir de 2014 ». Par cette diatribe, le locataire de la Primature provoque une nouvelle secousse après celles d’accusation d’abandon en plein vol et d’expulsion de l’ambassadeur Joël MEYER.

 

Du coté des accusés, il ne s’agit que d’une nouvelle corde à l’arc d’un populisme échevelé de mauvais alois. Bien sûr que le jugement ne pouvait être tendre, d’autant plus que l’on est plus que jamais installé dans une escalade politico-diplomatique avec notre ‘’allié stratégique’’.

Par contre, pour le Premier ministre, il devrait s’agir de se draper dans la réaction cocardière de la souveraineté outragée en dénonçant l’inacceptable sous les trait d’une forfaiture et d’amener notre ‘’partenaire stratégique’’ à remettre en cause ses propres mythes. Dans cette posture, il peut surfer allègrement sur la fièvre souverainiste qui s’empare d’une frange importante de la population malienne.

Toutefois, contrairement aux réactions démesurées enregistrées souvent au sein de l’opinion relatives notamment à la sortie du Mali de la CEDEAO et à la création d’une monnaie nationale, les autorités ne semblent pas dans la logique de franchir certaines lignes rouges. En effet, si elles ont demandé la relecture de certaines dispositions de l’Accord de défense avec la France, en aucun moment elles n’ont dénoncé ledit Accord. De même, s’il y a de solides griefs contre l’opération Barkhane, aucune demande explicite de son départ n’a été formulée par les autorités nationales. Elles n’ont non plus jamais émis clairement le souhait de sortir de la CEDEAO. Ce qui constituerait d’ailleurs une violation flagrante de l’article 117 de la Constitution du 25 Février 1992 : « La République du Mali peut conclure avec tout Etat africain des accords d’association ou de communauté comprenant abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l’unité africaine ».

Ainsi, si la souveraineté nationale appartient au peuple tout entier qui l’exerce par ses représentants ou par voie de référendum, le constat est établi qu’il y a un hiatus entre les deux sur la méthode et les limites à ne pas franchir. À l’extrémisme à tout va s’oppose l’extrémisme calculé d’un Premier ministre qui n’oublie jamais de rappeler que la brouille entre le Mali et la CEDEAO est passagère ou que la crise entre le Mali et la France s’apparente à une scène de ménage qui rentre dans l’ordre normal des choses. Il est constant dans ses discours que le Mali ne ferme pas la porte.

Ce qui ne semble également souffrir l’ombre d’un doute, c’est que le Mali représente une embûche politique pour la France et électorale pour son président qui entretient un secret de polichinelle sur sa candidature.

Pour le Mali, à s’y méprendre, les dividendes de l’exacerbation de la crise reposent, en grande partie, sur la satisfaction de l’affirmation de la souveraineté nationale. Ce, quand bien même le tigre n’a pas besoin de crier sa tigritude.

In fine, de part et d’autre, les gains des joutes oratoires sont aléatoires. D’où la nécessité de reculer l’ego et envisager la désescalade avec les partenaires avec lesquels il y a de la friture dans l’air des relations. Parce que les crises sont faites pour avancer.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : Info-Matin

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