La hausse progressive et incontrôlée du prix des denrées de première nécessité pèse déjà lourd sur les portemonnaies des chefs de ménage, obligés d’augmenter les frais de condiments dans un contexte économique difficile. Certaines ménagères ont déjà troqué leurs paniers contre des sachets plastiques noirs.
Cette situation, somme toute inédite, s’explique, en grande partie, par la flambée des prix sur le marché mondial à cause des restrictions imposées par la pandémie de Covid-19. Provoquant un déséquilibre énorme entre l’offre et la demande de produits, notamment au niveau des pays importateurs. En conséquence, les prix ont pris l’ascenseur.
Depuis, les frontières sont progressivement ouvertes, les activités reprennent dans les pays producteurs. Mais les prix internationaux des matières premières alimentaires devraient rester élevés dans un contexte d’incertitude de l’offre et de la demande, prévoit un nouveau rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), publié le 10 juin denier.
Le Food Outlook est publié deux fois l’an. Il propose à l’occasion une évaluation détaillée des tendances de l’offre et de la demande du marché pour les principales denrées alimentaires du monde. Il s’agit notamment des céréales, des huiles végétales, du sucre, de la viande, des produits laitiers et du poisson.
Selon ses prévisions, le prix à la consommation mondial moyen des protéines en mai 2021 était de 23 % supérieur à son niveau de mai 2020. Celui des calories a, quant à elles, augmenté de 34% en glissement annuel, atteignant ainsi leur plus haut niveau depuis février 2013. «La différence reflète des hausses de prix plus fortes pour le blé, les céréales secondaires et les huiles végétales par rapport aux viandes, aux produits laitiers et au poisson», analyse le document. Il s’inquiète que la hausse des prix, donc des dépenses plus élevées pour les ménages, ne masque la détérioration des tendances alimentaires aux plans quantitatif et qualitatif dans les pays vulnérables.
Toutefois, nuance le rapport, la production mondiale des principaux produits alimentaires devrait augmenter au cours de l’année à venir, à l’exception du sucre. En la matière, la production mondiale de viande en 2021 devrait croître de 2,2%, pour atteindre 346 millions de tonnes. Quant à celle du poisson, elle devrait rebondir. Des hausses de prix sont possibles, en raison de la reprise de la demande des restaurants après une année de restrictions liées à la pandémie de Covid-19.
Les approvisionnements mondiaux de blé et de riz restent solides. Les stocks de céréales secondaires devraient baisser malgré une production mondiale record prévue en 2021. Ce qui reflète l’utilisation à grande échelle attendue pour l’alimentation du bétail et les amidons industriels.
Cheick M. TRAORÉ