La récolte de riz est terminée dans certaines contrées du monde comme Madagascar, mais elle bat son plein dans plusieurs autres zones de production de cette céréale primaire, notamment au Mali, où la campagne agricole 2019-2020 table sur une production d’environ 900.000 tonnes. Une prévision suffisante, selon des experts, pour assurer l’autonomie de notre pays en matière de consommation de cette céréale très prisée par nos populations.
Malgré cette production jugée abondante pour couvrir les besoins nationaux, notre pays reste encore tributaire de l’importation de riz. Pour, dit-on, faire baisser les prix. En concurrençant la production nationale par des produits venus d’ailleurs ? En la matière aucune subvention n’est accordée aux importateurs depuis 2016, mais l’état a, cette année, réduit de moitié la base taxable du riz importé.
Motivation : encourager les opérateurs économiques maliens à importer près de 200.000 tonnes de riz, afin que le kg revienne aux consommateurs à moins de 350 Fcfa. Aussi, une partie des dons alimentaires en riz est injectée dans le circuit de commercialisation pour faire basculer davantage la balance du côté de l’offre, ou d’ajuster encore les prix sur les marchés nationaux.
Cet intérêt constant des Africains – non souhaité par les producteurs et incompréhensible pour la plupart des cas par les supposés bénéficiaires – pour l’importation du riz dont l’impact est insignifiant sur le prix du kg, n’est pas sans incidence sur le marché international. En témoignent les dernières prévisions de la FAO, publiées au début de ce mois. L’augmentation des intentions d’importation en Afrique, constate le Bulletin de la FAO sur l’offre et la demande de céréales, tire vers le haut le volume du commerce mondial de riz. « Les échanges mondiaux de riz en 2020 (janvier/décembre) s’établissent désormais à 48 millions de tonnes, une hausse de 3,5 % par rapport au niveau de 2019. Une grande partie de ce rebond prévu étant imputable à la hausse de la demande à l’importation en Afrique », estime l’organisation onusienne en charge de l’alimentation.
En conséquence, l’utilisation mondiale de riz qui est estimée à 516 millions de tonnes, en recul de 2,3 millions de tonnes, est supérieure aux 513,5 millions de tonnes de riz attendues à la fin de cette campagne. Le gap sera sans doute combler par les stocks disponibles au niveau des principaux pays importateurs comme la Chine, l’Inde, le Pakistan, etc. « Les stocks mondiaux de riz à la clôture des campagnes de 2019-2020 devraient s’établir à 179 millions de tonnes, soit une progression de 800.000 tonnes par rapport aux prévisions précédentes. Ils sont en baisse de 1,9% comparés au record historique de 183 millions de tonnes enregistré en 2018-2019 », projette la FAO.
Des pays exportateurs de riz que le Mali pourrait rejoindre aujourd’hui. à condition, insistent des experts en développement, de réorganiser le circuit de distribution du riz et réinjecter les manques à gagner dans la production.
Cheick M. TRAORÉ
Source: L’Essor-Mali