Quand on s’appelle Greta Thunberg ; qu’on est une petite suédoise de 16 ans diagnostiquée autiste (atteinte du syndrome d’Asperger) ; qu’on est initiatrice des Fridays For Future (Les vendredis pour l’avenir), cette grève de l’école pour le climat chaque vendredi depuis la rentrée 2018 qui mobilise des millions d’élèves et d’étudiants sur tous les continents ; qu’on est reçue en grande pompe au Vatican, dans les palais, palaces et arènes mondiales (Greta Thunberg s’adresse notamment le 4 décembre 2018 à la COP24, le sommet des Nations unies sur les changements climatiques à Katowice, Pologne, et prononce un discours le 16 avril 2019 à la clôture des sessions de la Commission de l’environnement du Parlement européen à Strasbourg) ; qu’on a une voix qui porte plus que celle des Chefs d’Etat et des meilleurs experts du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ; qu’on ne se déplace jamais en avion ; qu’on est déjà une icône…, forcément, on est précoce et on est une star planétaire. « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années », avait déjà écrit Pierre Corneille dans Le Cid.
Pour rajouter à la notoriété de l’adolescente, Amnesty International lui a décerné, le vendredi 7 juin 2019, son prix le plus prestigieux d’«ambassadrice de conscience », en récompense des marches organisées dans le monde entier pour alerter sur l’urgence de lutter contre les dérèglements climatiques. « Chaque jeune personne participant à ‘Fridays for future’ incarne ce que signifie agir sur notre conscience. Ils nous rappellent que nous sommes plus puissants que nous le pensons et que nous avons tous un rôle à jouer dans la protection des droits de l’homme contre la catastrophe climatique », a estimé le secrétaire général de l’ONG, Kumi Naidoo.
Réagissant à cette distinction honorifique, Greta Thunberg s’est dite « honorée » de recevoir ce prix et a dénoncé « l’injustice flagrante » du réchauffement climatique qui « affecte d’abord les populations de l’hémisphère sud alors qu’elles en sont le moins responsables ». A seulement 16 ans, la petite scandinave qui dérange les grands de ce monde croule déjà sous le poids des prix et récompenses à elle décernés. En effet, selon Wikipédia, Greta Thunberg est l’une des trois nominés pour le prix Héros de l’environnement du WWF (Fonds mondial pour la nature) Suède. Thunberg a été nommée aussi par la compagnie d’électricité TelgeEnergi pour le prix Enfants pour le Climat, mais elle s’est payé l’extrême luxe de décliner cette nomination pour ne pas aller en avion à Stockholm. Déjà en novembre 2018, l’activiste du climat a reçu la bourse d’études Fryshuset du jeune modèle de l’année. En décembre, Time Magazine l’a citée comme l’une des vingt-cinq adolescents les plus influents du monde. Au mois de mars 2019, elle est proposée pour le prix Nobel de la Paix par trois députés norvégiens. En avril 2019, elle reçoit le prix Liberté, prix de la région Normandie ouvert aux jeunes de quinze à vingt-cinq ans qui sont invités à voter en ligne. Comme ce prix est assorti d’une belle récompense, Greta déclare qu’elle donne les vingt-cinq mille euros du prix à quatre organisations engagées pour la justice climatique, à savoir Care, le Fonds d’adaptation au changement climatique, 350.org et Greenpeace International.
Pour sa part, l’université de Mons (Belgique) annonce en mai que Greta Thunberg recevra l’insigne et le diplôme de docteur honoris causa lors de la séance solennelle de la rentrée 2019. Un palmarès à déjà faire pâlir de jalousie de nombreux hommes politiques dont la côte de popularité marque le pas.
Comme une grande personne, Greta Thunberg annonce qu’elle va prendre une année sabbatique et se rendre en septembre prochain à New York pour participer au sommet mondial sur le climat organisé par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Mais pour l’adolescente, ce voyage Outre-Atlantique ressemble à un casse-tête chinois du fait qu’elle ne se déplace qu’en train. Elle réfléchit donc au moyen de franchir l’océan autrement que par les airs, mais est manifestement déterminée à honorer cet engagement. « Comme je ne prends pas l’avion, je vais devoir traverser l’Atlantique autrement. Je n’ai pas encore vraiment trouvé de solution mais de toute façon, j’irai ».
Pour rallier New York, Greta Thunberg pourrait bien embarquer sur un paquebot de croisière et mettre à profit le temps de la traversée pour étudier ses dossiers, travailler à ses discours, alimenter ses comptes Facebook, Instagram et twitter de ses observations et des matériaux issus des nombreuses rencontres qu’elle ne manquera pas de faire.
Compte tenu de la stature internationale de la militante pro-climat, l’OTAN pourrait bien lui « affréter » un sous-marin nucléaire de dernière génération dont le bilan carbone trouverait grâce à ses yeux à elle. A défaut, il ne lui resterait que le choix d’une montgolfière pour faire le voyage, à l’image de la performance réussie du 12 au 17 août 1978 par le ballon Double Eagle.
Tout comme MalalaYousafzai (Prix Nobel de la paix 2014), la militante pakistanaise des droits des femmes, née le 12 juillet 1997 à Mingora, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, farouchement opposée aux obscurantistes talibans qui tentaient d’interdire la scolarisation des filles, Greta Thunberg est de ces enfants-héros au profil clivant qui passionne les médias du monde entier. Ceux-ci accusent régulièrement leurs familles respectives ou de puissants groupes d’intérêt tapis dans l’ombre de les infantiliser pour des intérêts non avoués. Il nous appartient à tous de protéger et supporter ces âmes frêles et ces personnes innocentes afin que les nobles combats qu’ils mènent ne soient pas dévoyés par des rapaces, brigands, escrocs et individus manipulateurs qui ne songent qu’aux profits qu’ils pourraient tirer de l’instrumentalisation de grandes causes du moment, auxquelles ces jeunes personnes débordant de sincérité et de générosité associent leurs noms et leurs images.
Bon vent à Greta Thunberg et à tous ces millions d’adolescents de par le monde partageant son difficile mais noble combat !
Serge de MERIDIO
Source: Infosept