Il paraît que c’est le plus vieux métier du monde. Et pourtant, à voir le nombre de ses pratiquantes et le nombre sans cesse croissant de ceux qui ont recours à leurs services, la prostitution semble encore avoir de beaux jours devant elle chez nous, car toute la question est de savoir qui est professionnelle du sexe ou non. Dans notre pays, il y a deux principales associations regroupant les femmes libres : Danayaso et Soutraso.
La première, selon des chiffres datant de 2010, regroupe plus de 2100 adhérentes, ayant leur carte professionnelle, et bénéficiant d’une mutuelle santé et d’une caisse de crédit. La prostitution n’étant ni interdite ni autorisée au Mali, à la différence du racolage, alors le champ semble libre pour les adeptes des mouvements schizoïdaux. Mais voilà, qui est femme libre et qui ne l’est pas au Mali ? Un véritable casse-tête.
Car si il y a des femmes libres qui exercent leur métier au vu et au su de tout le monde dans des maisons closes ou sur les trottoirs de nos grandes villes, elles sont nombreuses celles qui font la prostitution clandestine. De plus en plus, nous retrouvons des femmes mariées, des divorcées, des veuves, des élèves et étudiantes et même des filles dites de « bonne famille ». C’est un véritable jeu subtil qui se déroule sous nos yeux sans que gêne quelqu’un.
Souvent, ce sont des mères qui incitent leurs enfants à se débrouiller pour ramener « quelque chose » à la maison. Par moments, ce sont des chefs de famille impuissants et résignés qui acceptent l’argent apporté par leurs filles sans chercher à connaître l’origine de ces montants.
On ne donne pas d’argent de poche à son enfant et pourtant on n’est point dérangé de le voir bien habillé et roulant sur une moto dont le seul prix peut représenter six mois de prix de condiments ou dans des voitures de luxe dont le prix vaut plus celui de la maison habitée.
A vrai dire, nous vivons dans une société qui devient de plus en plus hypocrite. Une société dans laquelle chacun sait ce qui se passe et dans laquelle chacun fait semblant de ne rien savoir et de ne rien comprendre. L’on est prompt à jeter la pierre à l’autre le traitant de tous les maux, alors que nous ne sommes pas exempts de reproches. L’on se focalise sur la vie des autres alors que la sienne peut faire l’objet d’un roman.
La prostitution au Mali a fini par devenir une banalité. Une banalité dangereuse, car elle touche aujourd’hui même les mineures, et là nous touchons le domaine de la pédophilie. Des individus sans vergogne n’hésitent plus à exploiter des enfants ne mesurant pas la gravité de leur acte.
Il est temps de voir clair dans ce milieu où la loi de l’Omerta masque mal des drames indescriptibles. Quand ceux qui sont censés combattre le phénomène s’adonnent à une pratique non avouable, la solution risque d’être pire que le mal lui-même. Or, de nos jours, le mal est si profond que le seuil du non-retour semble déjà atteint.
Il a même envahi le microcosme politique. Faire de la politique aujourd’hui au Mali, c’est savoir être un expert en retournement de veste. Au gré des calculs et des jeux d’intérêt, les convictions du jour deviennent les incertitudes du lendemain. On se fait élire sous la bannière d’une formation politique pour pouvoir migrer rapidement vers des cieux plus cléments.
On entre dans le gouvernement pour le compte d’un parti et on préfère le quitter pour se maintenir dans l’exécutif. Et toutes ces combines politiciennes, à bien les observer de près, peuvent ressembler à une sorte de prostitution politique, car on cherche à s’offrir au prince du jour.
Et c’est Ronald Reagan, l’ancien président américain, qui a certainement su donner la meilleure définition en disant que : « la politique est supposé être la seconde plus ancienne profession. J’ai réalisé qu’elle ressemble beaucoup à la première ».
PAR MLSIDIBE