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CHRONIQUE DU MERCREDI : Procrastination

Je vois déjà certains qui ont ouvert grand leurs yeux en lisant le titre de cette chronique. Rassurez-vous, je ne veux pas tomber dans la mystification ou le pédantisme avec des mots savants ou trop compliqués. Ce titre m’a été inspiré simplement à partir de l’observation de notre société et de certaines de nos pratiques.

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Pour faire simple, disons que la procrastination est une tendance psychologique à reporter à un moment ultérieur ce qu’on peut ou doit faire maintenant. Vous commencez donc à comprendre là où je veux en venir. En effet, dans notre pays, s’il y a une pratique qui constitue un vrai frein, c’est cette tendance à toujours reporter certaines décisions.

Dans l’administration publique, on a toujours parlé de la culture de la sanction pour les fautes commises et Dieu sait combien elles sont nombreuses. Mais de culture, c’est celle de l’impunité qui semble avoir droit de cité. Nonobstant la prompte réaction des pouvoirs publics dans le dossier de l’évasion de détenus militaires au niveau du Camp 1 de Bamako qui aura coûté sa place au DG de la gendarmerie, on constate que les dossiers de sanction sont toujours remis à plus tard.

Et plus tard chez nous étant synonyme de presque jamais. Pour ne pas aller loin, on a vu les différentes mesures de désengorgement du centre-ville qui ont été lancées. Après leur lancement médiatique, et dès lors qu’il y a eu des manifestations, ces mesures sont remises à plus tard.

Ce qui fait qu’aujourd’hui, le centre-ville est plus engorgé que jamais. Ici, les occupants savent que rien de mal ne peut leur arriver. Les autorités du district viennent aussi d’annoncer la restriction de circulation des tricycles responsables de nombreux accidents de la circulation. Une très bonne décision, mais qui risque d’être remise à plus tard, dès lors que les syndicats de ces engins encombrants feront entendre leur voix.

Sinon, cela fait des années que la circulation des gros porteurs est réglementée dans la capitale. Et malgré les nombreux accidents et dégâts qu’ils causent, les mesures de restriction sont quasiment reportées et le mal devient pire. Or, les sages disent toujours que celui qui recule une fois reculera toujours.

Même au niveau individuel, cette pratique est persistante. Des chefs de famille qui décident de prendre certaines mesures radicales, mais qui finissent par reculer, car ceux contre qui ils entendent agir font bouillir la marmite. L’élève ou l’étudiant qui remet toujours à plus tard sa révision, car les examens sont encore loin et qui se retrouve devant le fait accompli à la dernière minute en cherchant mille et un prétextes pour expliquer son échec.

Les petits tas d’ordures que nous laissons devant la maison en promettant de les évacuer après et qui finissent par devenir des montagnes d’immondices, causes de désagréments et d’ennuis de santé. De la dette qu’on se projette de payer bientôt, tout en continuant à s’endetter en se disant que rien de mal ne peut nous arriver…

A vrai dire, la procrastination est devenue un véritable phénomène de société chez nous et qui plombe beaucoup d’actions. Il nous faut à présent chercher les moyens d’inverser la tendance, parce que certaines choses ne sauraient être remises à demain sans conséquences.

Que ce qui doit être fait tout suite puisse l’être et qu’on évite d’entasser les dossiers et les problèmes, car plus le temps passe, moins il y aura de chance qu’ils puissent trouver de solutions. Chaque chose en son temps et chaque décision au moment opportun. Ce n’est pas après que l’incendie aura tout ravagé que l’on va faire venir les pompiers. Comme le disait Barak Obama, nos Etats ont besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts.

Des institutions fortes, ce sont celles qui arrivent à trancher les questions délicates quand il le faut. Celles qui arrivent à prendre et à faire appliquer les mesures pouvant être impopulaires, mais indispensables, sans remettre tout à plus tard.

Dans un pays où tout est prioritaire, aucune lenteur ne saurait être acceptable, surtout à certains niveaux. D’ailleurs, cela fait un moment que je voulais écrire cette chronique, mais j’ai eu tendance à le repousser à plus tard. Mais voilà, j’ai fini par y arriver quoi que j’aie perdu un temps précieux pour rien.

Procrastination quand tu nous tiens… Cela frise par moments la paresse intellectuelle ou le manque de courage politique.

Source: lesechos.ml

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