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CHRONIQUE DU MERCREDI : Indépendance ou dépendance

Flash-back. Nous étions en 2010, et bon nombre d’Etats africains ont englouti des milliards de francs CFA dans la célébration de leur demi-siècle d’Indépendance. Il y avait comme une sorte d’épidémie de cinquantenaire, chacun voulant en mettre plein la vue et en donnant l’impression que ce cap n’était rien d’autre que celui du changement, donc de la renaissance africaine. L’année 2010, aura donc été une année festive et d’insouciance, car le meilleur restait à venir. Un faste en période de crise, pour célébrer un parcours, et lequel nous demandons-nous ? 5 ans après, que reste-t-il de toutes ces belles promesses et de toutes ces belles espérances ?

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Souvenons-nous, quand René Dumont avait publié son livre « l’Afrique noire est mal partie«  en 1962, c’était l’émoi. Sans chercher à comprendre l’auteur, certains s’étaient empressés de le taxer de tous les noms. Et pourtant, avait-il réellement tort ? René Dumont considérait en effet que le développement n’était pas un problème d’argent, d’engrais ou de semences, mais plutôt la résultante d’un équilibre entre les trois. Il soutenait que les relations entre les hommes et leur champ reposaient essentiellement sur les relations existantes entre les hommes eux-mêmes. Les relations sociales constituant les bases sur lesquelles reposent une agriculture et un développement industriel de qualité.

Aujourd’hui, la plupart des politiques initiées dans nos pays ont montré leurs limites. En 1985, l’ancien secrétaire général de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine, actuelle Union Africaine) et ancien Premier Ministre Togolais, Edem Kodjo, publiait son célèbre ouvrage « Et demain l’Afrique !». Il précisait à l’époque que 35 millions d’Africains étaient menacés de famine. Pourtant, il existe sur le continent 500 millions de terres arables susceptibles d’être mis en valeur. Edem Kodjo précisait alors que l’Afrique recèle des ressources fabuleuses, tout en atténuant par le fait qu’elle abritait en même temps le plus grand nombre de pays les moins avancés.

Edem Kodjo proposait alors un réaménagement hardi de l’espace politique d’un continent morcelé, une stratégie de développement dans laquelle l’éducation et la recherche scientifique s’harmoniseraient avec l’identité des peuples du continent. 55 ans après les années d’indépendance, la question de l’agriculture demeure toujours entière. La mécanisation, malgré de timides avancées, n’a pas suivi le niveau du développement démographique, ce qui a fait que les productions sont loin de couvrir la demande, avec les changements climatiques venus compliqués une réalité très peu reluisante.

Au plan politique, si la démocratisation tente de faire son petit bonhomme de chemin, les vieux réflexes sont toujours là. Des leaders cramponnés à leur fauteuil avec en tête que gouverner c’est prévoir, mais prévoir surtout sa réélection, et des opposants jouant à la victimisation en critiquant à tout va et en apportant très peu de solutions. Les « pères de la Nation » ont cédé la place aux « présidents démocrates convaincus« , convaincus surtout qu’ils doivent rester le plus longtemps au Pouvoir pour pouvoir assurer leur domination politique et financière à travers des biens mal acquis.

Après avoir implanté de nombreuses brasseries ayant contribué à « clochardiser«  une bonne frange des cadres et de la jeunesse, de nombreux pays africains cherchent aujourd’hui à se doter d’une véritable politique industrielle. 55 ans après les indépendances, la dépendance vis-à-vis de la puissance colonisatrice est malheureusement toujours réelle. Peut-être que dans les cinquante années à venir les choses pourraient évoluer. Mais cela est déjà une autre histoire, car s’il est vrai que la différence entre notre avenir et notre passé, c’est ce que nous faisons maintenant, ce qui est actuellement fait ne permet surtout pas de dire que demain sera meilleur.

Par MLSIDIBE

Source : La rédaction

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