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Éditorial : Souveraineté, le programme ici et ailleurs

C’était il y a longtemps, très longtemps, dans l’ère coloniale qui ne veut point s’éteindre, qui perdure tout simplement au gré des dérèglements saisonniers. C’était quand Faidherbe, avec son abondante barbe, était à Dakar le Gouverneur de l’A.O.F. (Afrique Occidentale Française), vous comprenez.  J’avais eu l’inintelligence et le toupet d’écrire, le 18 janvier 2023 (Le National n° 502) un éditorial dont le titre, pour le Mali en refondation, était « MAIS OUI, SOUVERAINTE RETROUVEE, BON SANG ! » Crime de lèse-papa, mon père m’a flingué de son verbe fort, je n’avais pas les doigts liés, mais je ne pouvais pas du tout répondre. Mais Dieu me vengera, en décembre 2024, quand son petit-fils, général Abdoulaye Maïga, Premier ministre et ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, corrige publiquement sa feuille d’examen de passage dans le temps présent, en lui expliquant haut et fort que le statut général des militaires n’autorise pas ces derniers à créer un parti politique. Le combat entre le grand-père et le petit-fils va certainement continuer, mais moi, pour avoir osé l’évoquer, je demande la protection de feu Pr. Abdramane Baba Touré afin d’être à l’abri des fessées, voire d’être pris par quatre. Ne riez pas.

Ceci étant précisé, la question de la souveraineté pour un Etat, toujours capitale et contraignante pour chaque génération, semble devenir le principal programme dans la gouvernance mondiale, ici et ailleurs. Au Mali, qui fait partie de l’A.E.S., un ensemble qui se déclame comme un poème d’un seul mot, cri de ralliement pour consolider la souveraineté retrouvée par le peuple, ce programme est une réalité. Il n’est pas souverain un pays qui se laisse dicter la volonté d’un autre. Il avait perdu sa souveraineté un pays qui était contraint d’aller s’expliquer dans l’Hexagone ou au Parlement européen sur les décisions relevant de son autorité. Il ne comportait pas souverainement un pays dont le président devait se gargariser d’être le meilleur locuteur de la langue de Molière parmi ses pairs néo colonisés qui se complaisaient dans cette situation et en tiraient même gloriole, ou qui pouvait s’enorgueillir sans humour d’avoir été promptement reçu à L’Élysée alors que d’autres n’ont généralement ce privilège que de longs mois après leur arrivée aux affaires. Était-il réellement souverain un pays dont, dès le 20 janvier 1960, avait fait partir de son sol toutes bases militaires françaises, mais qui s’accommoda, à la faveur de la démocratie, trouvaille galvaudée sans arrêt, de la présence sur ces terres de Gao la plus grande base militaire de la France hors de la France ? Gao où, sans venir réellement au Mali, un Président français arriva auprès de ses troupes, non sans obliger le Président du Mali à aller l’y rejoindre, histoire de renouveler le pacte de sujétion et de vassalité !

Le 20 janvier 2025, 64ème anniversaire de la création de l’Armée nationale du Mali, a été une date grandement célébrée chez l’Oncle Sam. Peu importera que l’on nous parle de hasard du calendrier. Cee qui est certain, c’est qu’au moment où nos FAMA fêtaient leurs 64 ans, le nouveau président (élu pour la deuxième), Donald Trump, servit lui aussi son discours d’investiture au monde. Un discours à tous points de vue souverainiste parce que simplement patriotique. Mais, chacun défend sa patrie comme il peut, bon sang ! Ainsi, bon Américain Donald Trump a promis ce jour du 20 janvier 2025 de rendre l’Amérique plus prospère, respectée et enviée sur la scène mondiale, paroles classiques dans ce pays. Mais il va affirmer haut et fort son engagement à restaurer la souveraineté de l’Amérique, etc. Autant dire que l’Amérique aussi, après plus de deux cents ans de démocratie, avait perdu sa souveraineté. Doit-on alors en vouloir aux pauvres hères galonnés Abdourahamane Tiani, Assimi Goïta et Ibrahim Traoré de s’accrocher à la souveraineté retrouvée pour leurs pays et leurs populations ? Que non, ils ont raison de remplacer trois lettres, A.O.F., par trois autres, A.E.S. Vaste programme bien dans nos cordes.

 

Amadou N’Fa Diallo

Source: Le National

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