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CHRONIQUE DU MARDI : Cocotte minute

Bamako, à l’instar du reste du Mali, est en passe de devenir une véritable cocotte minute, prête à exploser à tout moment, si l’on ne songe à laisser passer un peu de vapeur pour éviter un trop plein. Le front social est en ébullition avec des grèves et des mouvements sociaux en cascade. Le front sécuritaire est explosif avec des attaques à tout va et des conflits inter et intra communautaires avec leur kyrielle de morts et de blessés. Et pendant ce temps, le panier de la ménagère n’a jamais été aussi squelettique, contribuant à accentuer la fracture sociale qui se mue, à bien l’analyser, en une défiance vis-à-vis du politique et tout ce qui représente le pouvoir politique.

combattant rebelle bandit touareg azawad cma mnla

Parmi les différentes tensions qui font monter le thermomètre socio-sécuritaire du pays, j’aimerais m’appesantir sur trois évènements. Trois évènements qui n’ont certainement pas de dénominateur commun apparent, mais qui convergent vers une situation de chaos difficilement maitrisable, avec des effets collatéraux immenses. Trois évènements dont le déroulement peut donner l’impression que certaines ficelles peuvent être tirées ailleurs, mais qui, de par leur impact social, ne sauraient laisser indiffèrent.

Il y a d’abord cette grève de 72 heures que vient d’observer le Syndicat Autonome de la Magistrature. Une grève qui intervient dans un contexte de reforme constitutionnelle et de préparation d’élections communales et régionales aux enjeux multiples. Or, lors de cette grève, on a semblé déceler un bras de fer opposant le SAM au ministre de tutelle. Les juges et les avocats se connaissent certes très bien, et c’est souvent du « je t’aime moi non plus » qui existe entre eux, mais attention à ne pas créer une situation conflictuelle. Aussi mal aimés qu’ils puissent l’être, les juges ont de quoi plomber la bonne marche de l’Etat.

Il y a ensuite cette guerre fratricide dans la région de Kidal entre les éléments de la CMA, à travers le HCUA et ceux de la Plateforme, en l’occurrence le GATIA. Sans entrer dans le fonds qui est aussi complexe que les différentes rebellions armées dans la zone, ceux qui soutiennent tel ou tel autre camp doivent savoir que les répercussions de ces combats, qui ont déjà fait des dizaines de morts, dépassent la seule région de Kidal et même du seul Mali. Si plusieurs intérêts géostratégiques s’entrechoquent dans cette partie de notre pays, les enjeux financiers, sous l’angle du trafic de drogue et d’armes, ne sont pas à négliger et masquent mal certaines revendications indépendantistes.

Or, on a constaté que chaque fois que les armes crépitent dans la région de Kidal, qu’il y a comme un ricochet dans d’autres parties du territoire. Puisque la frontière semble très mince pour ne pas dire inexistante entre certains groupes armés et les mouvements extrémistes, leurs bras armés tapis dans les autres régions du pays agissent en ouvrant de nouveaux fronts, comme dans un jeu de domino. De cette manière, ils savent qu’ils mettent une pression sur Bamako qui n’a rien à gagner dans la multiplication des fronts, avec une armée en reconstruction et des moyens encore limités.

Il y a enfin cette problématique de l’assainissement et de l’embellissement de la ville de Bamako, à travers l’opération de déguerpissement entrepris par le gouvernorat du District de Bamako. Si nous avons applaudi au déclenchement de cette opération, tellement la situation était devenue intenable, nous nous sommes toutefois dits attention lorsque nous avons vu que l’opération concernait en même temps l’ensemble des 6 communes. Qui trop embrasse mal étreint a-t-on coutume de dire. De même, il aurait été préférable d’aller étape par étape, en recasant progressivement les premiers déguerpis pour inciter les autres à ne pas craindre d’être des laissés pour compte.

Il n’y a aucun débat sur la nécessité et l’urgence de cette opération, seulement le contexte se prête mal à sa généralisation et incite à aller crescendo, tout en évitant le risque de reculer. Car aujourd’hui, si cette énième opération arrivait à capoter, il est alors à craindre qu’on ne soit à court de solutions. Force doit rester à la loi, mais la loi doit être équitable et égale pour tous. Ca bout un peu partout, et chaque foyer demande des solutions urgentes et efficaces pour éviter un éternel recommencement. Mais face à la cocotte minute presqu’au bord de l’implosion, lâcher du lest ne saurait être synonyme d’échec ou de recul.

Maliden

 

Source: lesechos

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