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GRAND DEBAT ECONOMIQUE : Ousmane Sy face à Dr. Abdoulaye Sall

Pour le 10ème numéro du « Grand débat économique », organisé par l’Association Forum de la Presse, la thématique ne pouvait être mieux trouvée. « Comment transférer les ressources aux collectivités et s’assurer de la bonne gouvernance de ces ressources » ? La problématique était au centre d’un face-à-face samedi dernier à la CCIM entre Ousmane Sy, ancien ministre chargé de la Décentralisation, et Dr. Abdoulaye Sall, ancien ministre, mais également auteur du livre « Le pari de la décentralisation.

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D’entrée de jeu, le ministre Ousmane Sy a fait savoir que l’idée de la décentralisation au Mali est partie de la volonté de régler le décalage entre l’Etat et les communautés en respectant l’idée que le développement commence à la base. Vingt ans après le déclenchement du processus de mise en œuvre, le bilan est relativement satisfaisant, constate Ousmane Sy, qui se réjouit de la « multiplication des centres de santé, des écoles et des points d’accès à l’eau potable dans plusieurs communes de l’intérieur du pays ».  Cependant, le ministre Sy reste convaincu qu’on pouvait mieux faire en corrigeant certaines erreurs. « Si c’était à refaire, nous allons corriger beaucoup d’aspects, mais en son temps, il fallait y aller ».

 Si Dr. Abdoulaye Sall partage ces insuffisances dans la mise en œuvre de la décentralisation, il pense en revanche que les problèmes de la décentralisation prennent leurs origines dès la base de sa conception. Auteur du livre « le pari de la décentralisation », l’ancien ministre avait émis des inquiétudes il y a 20 ans sur les dangers que cours la décentralisation dans sa mise en œuvre. Après 20 ans, l’histoire lui donne-t-il raison ? « Ce serait trop dit », réplique Dr. Sall, qui relève toutefois que les problèmes que traverse le Mali pouvaient être évités. « Le bilan…il est bon, mais nous avons failli dans l’approche », constate Dr. Sall, qui regrette que la décentralisation n’ait pas été conçue et mise en œuvre en partant des villages et factions vers les communes, ou en ne respectant pas, dans le découpage, les entités sociologiques, culturelles et géographiques, qui prennent en compte le rôle essentiels des chefs et autorités traditionnels et coutumiers.

Parmi les lacunes de la décentralisation, les observateurs sont unanimes sur les difficultés liées au processus de transfert des collectivités aux communes. L’ancien ministre de la décentralisation pense que le processus manque de volonté politique réelle. Pour M. Sy, tout a été mis en œuvre pour ne pas transférer les ressources collectivités. « Si les communes n’arrivent pas à faire face aux enjeux de développement des localités, c’est sans doute parce qu’elles manquent de ressources »,regrette M. Sy.

« La mise en œuvre effective de la décentralisation doit obéir aux principes de la concomitance, de la progressivité, de l’intangibilité, de transparence, du partenariat, etc. », remarque Abdoulaye Sall. Or, regrette-t-il dans chacune de ces composantes, nous avons commis beaucoup d’erreurs.

Parlant du transfert des ressources, Dr. Sall pense qu’il est nécessaire créer de la richesse dans les communes pour une meilleure déconcentration.

« 92% des ressources des collectivités viennent de l’extérieure. Ce n’est pas normal. C’est Bamako qui devait aller vers les communes. Il faut travailler à créer de véritables centres urbains, que les entreprises dans les communes profitent des marches sur place, que les compétences soient dans les régions et communes, que l’Etat arrête de signer des contrats avec les associations pu groupes armés, mais avec les collectivités… »,recommande Abdoulaye Sall.

Selon M. Sy la problématique de la mauvaise gouvernance ne concerne pas que les élus communaux, mais relève d’un problème général à tous les secteurs au Mali. L’ancien ministre de la décentralisation est convaincu que sur ces questions, il existe des préalables : notamment la formation des acteurs locaux aux exigences de bonne gouvernance et la mise à disposition de ressources humaines compétentes  par l’Etat aux communes. L’ancien ministre de la décentralisation est convaincu que la décrédibilisassion des élus communaux et le manque de volonté politique ont fortement impacté le processus du transfert des ressources aux collectivités. Dr Abdoulaye Sall, lui pense qu’on pouvait mieux faire si la mise en œuvre de la décentralisation n’avait pas failli dès le début dans son approche.

 « Il faut mettre les compétences à la disposition des communes, les transférer les ressources et leur confier leur destin de développement »,souhaite Ousmane Sy, pour qui, la déconcentration est indispensable.

Idrissa Sako

 

Source: lesechos

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