“Les Ançar ont construit 11 centres de santé et ont accordé un prêt de 3 milliards F CFA”
Dans une interview qu’il a bien voulu accorder à un groupe de presse le week-end dernier (avant le coup d’Etat), le très influent leader religieux, guide de l’association Ançardine, Chérif Ousmane Madani Haïdara, président du Haut conseil islamique du Mali, a donné son point de vue sur différents sujets d’actualité. Il s’agit notamment des réalisations de l’association Ançar, de la situation sociopolitique du pays, de l’insécurité… pour ne citer que ceux-ci.
D’entrée de jeu, le guide des Ançar a rappelé que la religion musulmane ne se limite pas seulement à la prière et au jeûne… mais s’étend surtout à aider les personnes en situation difficile et au renforcement du tissu sociale pour ne citer que ceux-ci.
“C’est dans ce cadre qu’Ançardine a créé une institution de micro finance internationalement reconnue qui, à la date d’aujourd’hui, a accordé un prêt de 3 milliards F CFA. Ce prêt a permet à de nombreux chefs de famille de se prendre en charge. Elle a aussi une entreprise de confection de papier qui emploie plusieurs personnes”, a introduit l’influent leader religieux.
Il a rappelé que la même association avait demandé 1000 hectares de parcelle aménagées dans la zone Office du Niger, “mais nous n’avons eu que 200 hectares exploités par nos fidèles. Beaucoup de familles démunies vivent de ces vivres car par an nous pouvons distribuer gratuitement plus de 1000 sacs de riz aux pauvres”, a fait savoir Haïdara.
Il a informé que l’année dernière les Ançar ont acheté sur la route de Koulikoro une parcelle à plus de 300 millions F CFA pour les besoins d’une usine. Ce n’est pas tout : les Ançar ont selon lui aujourd’hui construit 11 centres de santé sur le territoire dont celui de Banconi qui a couté plus de 1,3 milliard de FCFA. Le président ATT, a-t-il poursuivi, à travers le gouvernement a financé les frais de bitumage de la route qui mène à cette structure sanitaire. Chérif Ousmane Madani Haïdara d’ajouter que cette association a à son actif plus d’un millier de structures éducatives.
Une des œuvres des Ançar qui fait leur fierté, selon Haïdara, c’est la Télé Chérifla qui emploie aujourd’hui 130 personnes de différentes confessions religieuses.
“Juste vous dire que nous n’avons pas de jugement par rapport à la religion des uns et des autres. Il reviendra au bon Dieu de juger demain chacun par rapport à son appartenance religieuse”, a soutenu l’influent leader religieux. Toutes ces activités, a-t-il précisé, sont financées grâce aux cotisations de leurs membres.
“Je n’ai pas été écouté”
“Car quelque part nous nous sommes dit qu’on ne peut pas tout renvoyer au gouvernement sans jouer notre partition. C’est pourquoi nous sommes fiers de ce que nous faisons sur fonds propre raison pour laquelle nous ne faisons pas de courbette aux autorités pour demander quoi que ce soit”, a-t-il précisé.
S’agissant de la crise politique Haïdara a été clair : “Dieu est mon témoin. Je ne connais pas la politique. Je ne fais pas la politique non plus, mais ce que je peux dire aujourd’hui par rapport à la situation du pays, je n’ai pas été écouté. Si on m’avait écouté, le pays n’allait pas se trouver dans ce trou, car dans tous mes prêches j’invite nos autorités à la bonne conduite. Si on accuse certains gouvernants de malversations financières, de détournements de fonds le tout résume à la bonne conduite. Le Mali n’a pas connu de dirigeant d’Amadou Toumani Touré à IBK, à qui j’ai fait part de mes quatre vérités si je constate que quelque chose ne marche pas dans ce pays. Et surtout à IBK. Il faut que les gens comprennent que nous aussi nous avons des limites.
Notre rôle, c’est d’alerter et de les guider mais on ne peut se substituer à eux. En somme, nous n’avons pas écouté mais nous pensons que nous avons fait de notre mieux. Sinon dès le début de cette crise, j’ai invité le président IBK d’ouvrir ses portes et de l’autre côté je les ai invités à prendre langue avec les autorités”.
S’agissant de la crise née après les élections législatives, le président du Haut conseil islamique a révélé qu’il a été la première personnalité à demander justice dans cette affaire et a rencontré les plus hautes autorités de la République à cet effet. “Vous pensez que si on avait réglé ce problème à temps on allait être dans cette crise sociale et politique”, s’interrogera-t-il.
Insécurité
S’agissant de l’insécurité, Cherif Ousmane Madani Haïdara a estimé que toutes les attaques qui se déroulent aujourd’hui au Mali ne sont pas l’œuvre des groupes terroristes mais surtout aussi l’œuvre des groupes de bandits qui profitent de la faiblesse, chose qu’il a fortement regrettée. Enfin il a invité les autorités à mener une lutte implacable contre la corruption car le guide trouve inconcevable et inadmissible qu’une personne s’accapare des revenus destinés à des milliers d’individus.
Kassoum Théra
Source: Aujourd’hui-Mali