Venu de Sorobougou, dans la région de Ségou, Chacka Coulibaly est malade de la lèpre. Il a élevé ses quatre enfants de l’aumône et la vente de vo. Il raconte sa vie de vieillard.
« J’ai quitté mon village à cause de la maladie de la lèpre. Je suis venu à Bamako pour me soigner et je ne suis jamais reparti. On prend bien soin de moi et je n’irai nulle part ailleurs. Je compte mourir ici. J’ai quatre fils et une dizaine de petits-fils. Dieu merci, malgré ma situation financière et sanitaire, j’ai eu des enfants et des petits-enfants.
Je vis à Bougouba depuis trente ans dans une maison du Cnam. A part l’électricité, je ne paie rien. Je suis malade, mais j’ai longtemps tenu un commerce de volaille au marché de Djicoroni-Para. A côté, les vendredis, je pars à la mosquée pour faire la manche. Avant, j’étais un grand cultivateur avec des talents reconnus dans mon village. La maladie m’a conduit à Bamako et Dieu merci, je me porte aujourd’hui bien grâce aux médecins du Cnam. Je les salue pour leurs efforts, surtout Dr. Djiré qui est toujours à nos côtés.
Par ailleurs, je demande aux jeunes de travailler. Seul le travail développe un pays. Nous avons un grand pays qui s’est imposé dans le temps à cause du travail des Maliens. Il faut donc que les jeunes s’inspirent de cette histoire au lieu d’être fainéants, car cela conduit l’homme au mensonge, au banditisme et à la mort. Il n’y a pas de sot métier, mais de sottes gens. Je demande aussi aux autorités d’être équitables et de penser aux pauvres.
Je regrette aujourd’hui de voir que mes enfants n’ont pas pu aller loin dans les études. Mais, j’espère que mes petits-enfants auront l’opportunité, la chance et le courage nécessaire pour étudier ».
Propos recueillis par S. I. K.
Le Focus