La recherche de l’or apporte-t-elle du bonheur aux populations de Kangaba? Vu que des jeunes à fleur de l’âge y sont assassinés, décapités, éventrés, il serait illusoire de répondre à cette question par l’affirmation. La dernière illustration de tueries date de la nuit du dimanche et durant toute la journée du lundi dernier.
Ce jour, selon les informations, de violents affrontements ont opposé des habitants du village de Balan Mansala aux forces de sécurité, dans le cercle de Kangaba. L’affrontement serait lié à un désaccord autour de l’exploitation d’un espace agraire sur lequel la société minière Baragista Finotto Goli «BFEG MALI SARL», une entreprise chinoise, détient un titre minier. Il ressort des informations que les affrontements ont fait deux morts parmi les manifestants. Plusieurs blessés ont été aussi enregistrés. Les locaux de la gendarmerie ont été saccagés et plusieurs personnes arrêtées.
Selon les informations, le permis du site contesté par les jeunes de la localité pour être exploité par les chinois, a été dûment délivré par le ministère des Mines, de l’Energie et de l’Eau. «Face à notre refus catégorique d’exploiter la zone, les travaux avaient été arrêtés, avant d’être repris il y a quelques semaines, avec plus d’une cinquantaine de forces de l’ordre engagés pour protéger le site. Mécontents de cette situation, dans la nuit du 16 avril, trois jeunes se sont rendus sur le site minier pour savoir plus. Ils ont été arrêtés et enfermés par les forces de l’ordre au poste de la gendarmerie. C’est l’arrestation de ces jeunes qui a fâché les habitants du village qui se sont regroupés immédiatement pour aller incendier les locaux de la gendarmerie. Les protestations ont continué le 17 avril vers le site minier où il y a eu des affrontements violents entres la jeunesse et les hommes en uniforme. Des tirs a balle réelle ont touché deux jeunes qui n’ont pas survécu à leurs blessures. Il y a eu aussi plusieurs blessés enregistrés», a narré notre interlocuteur.
Refusant d’être en marge de cette affaire la concernant que quiconque, le 18 avril 2023, la Coordination des Jeunes du Mandé (CJM Mali) a condamné fermement ces violences qui ne font que compromettre le progrès et le développement harmonieux des villages du Mandé. Elle a invité la population à un apaisement des cœurs et des esprits, en vue d’obtenir un climat favorable à une sortie rapide. De plus, la jeunesse du Mandé a demandé « aux autorités de mener des enquêtes afin de situer les responsabilités et punir les coupables ».
Cette énième drame dans le cercle de Kangaba nous rappelle celle du 10 janvier 2023, entre les jeunes de deux villages ( Tombola et Danga), dans la Commune rurale de Nouga, cercle de Kangaba, qui a fait une quarantaine de morts et plusieurs blessés. A l’endroit des autorités du pays, suite à ces tueries de Nouga, les jeunes du Mandé avaient demandé: une meilleure gouvernance administrative et judiciaire ; une enquête diligente sur les causes des différents conflits liés à l’exploitation minière dans l’espace manding afin de situer les responsabilités; le désarmement rapide de tous les Tombolomas (sites miniers) détenant des armes de guerre et l’éradication de la prolifération des armes de guerre dans le cercle; le renforcement des dispositifs sécuritaires dans l’espace manding de plus en plus en proie aux agressions armées majeures. Ils avaient invité les parties prenantes (autorités administratives et communales, les chefferies, organisations des jeunes et des femmes, des partenaires au développement, etc.) à jouer pleinement leur partition afin de réaliser les points susmentionnés dans le présent mémorandum. Apparemment, le message n’a pas été entendu ou du moins n’est pas tombé dans de bonnes oreilles pour que s’arrêtent ces massacres, afin que la paix, la cohésion, l’entente, reviennent dans cette contrée du pays.
Hadama B. FOFANA
Source: Lerepublicainmali