Plusieurs écoles ont été rouvertes à grand renfort de publicité à la joie des enfants et des parents. Reste à pérenniser cette opération coup de poing contre vents et marées dans la périphérie immédiate de Sévaré. Mais les observateurs notent toutefois que la menace est là, plus prégnante que jamais. Les mouvements des djihadistes sont loin de s’estomper selon les populations.
Au lendemain de la visite du PM suivi de l’ouverture de certaines écoles de l’Académie de Mopti, la seule question sur toutes les lèvres est de savoir combien de temps cela va durer. Nonobstant le nombre limité d’établissements bénéficiaires, peu d’observateurs avertis s’attendaient à la réussite de l’opération. Ceci est à mettre au crédit et à la détermination du PM.
A considérer que le quadrillage de nos forces de sécurité constaté sur le terrain est la réponse proposée par nos autorités, il va de soi que l’inquiétude des populations ira crescendo.
Leur volonté et bravoure sont loin d’être en cause. Le hic se trouve être l’absence d’interlocuteurs, voire de relais. Ici l’omerta est la règle. Personne n’ose parler. Les élus locaux et nationaux ont disparu dans la nature, évaporés comme dirait l’autre.
Une séance de sensibilisation signalée dans une localité est systématiquement l’œuvre des djihadistes et Dieu seul sait qu’il n’en manque pas. Aucune action collective n’est entreprise sans leur accord au-delà des limites administratives de Sévaré.
Des consignes sur le port systématique du voile par les femmes et les jeunes filles sont lancées au quotidien dans des mosquées. La mixité est décriée en chœur sans susciter la moindre désapprobation.
Les menaces contre la fréquentation des écoles sont proférées auprès d’une population qui n’y adhérait que modérément y compris celles dont les écoles ont été ouvertes.
Des travaux d’Hercule attendent les autorités dans ces contrées dont la remobilisation des élus ne sera pas le moindre. Les enseignants qui se sont engagés à rester dans ces localités pour assurer l’éducation de ces enfants seront là pour combien de temps ? Le G5 Sahel qui devait être un tremplin pour ces populations afin d’assurer leur sécurité à plier bagage pour se replier à Bamako. C’est pour dire que cette réouverture a été une chose en soi mais la maintenir en est autre chose.
Les ressortissants de chaque localité sont appelés à apporter leur pierre à l’édifice. Nombreux sont les cadres de ces zones qui doutent de la capacité des autorités actuelles à maintenir, à ramener les quiétudes tant des préalables qui sont le dialogue intercommunautaire n’est pas encore inclusif. Il faut faire un tour pour comprendre que la fracture entre les fils et les filles est très énorme et comprendre que la méfiance des uns envers les autres est la chose partager. Pour ce faire, une seule visite du PM ne peut ramener la paix et la quiétude au centre. Engager le processus de paix des accords d’Alger sans une stabilité au centre ne sera que peine perdu.
Mener à terme une année scolaire pleine et réussie serait une gageure pour les écoles ouvertes sans oublier que la majorité d’entre elles ne le sont pas encore et cela reste une humiliation pour la Nation toute entière.
Fakara Fainké
Source: Le Républicain