Le Pr. Dioncounda Traoré, Haut représentant du président de la République pour les régions du centre, estime avoir des solutions pour sortir les régions du centre du Mali de la violence. Ancien président de la République, le Haut représentant du chef de l’Etat a dévoilé sa mission au cours d’une conférence de presse le 23 janvier 2020 à Bamako. Déjà, il a envoyé des émissaires aux deux grandes figures de l’insurrection djihadistes que sont Amadou Koufa et Iyad Ag Ghali.
«Dialoguer avec Koufa et Iyad ? Pourquoi pas! Nous sommes prêts à lancer des passerelles pour dialoguer avec tout le monde… Nous ferons en sorte qu’ils soient convaincus », a déclaré le Pr. Dioncounda Traoré. Selon l’ancien chef d’Etat, le dialogue est obligatoire à toutes les étapes du processus de paix afin de ramener à la raison ceux qui ont choisi de prendre les armes contre leur propre pays.
C’est dans ce cadre que des émissaires sont déployés sur le terrain afin de mener des actions. Des bénévoles ont accepté de se rendre auprès des populations pour identifier les acteurs clé de la violence. «J’ai envoyé des émissaires en direction de Koufa et d’Iyad », a reconnu le Pr. Dioncounda Traoré pour qui la crise dans les régions du centre ressemble à une équation à plusieurs inconnus.
Le travail abattu depuis sa nomination en juin dernier a permis de comprendre la nature de la crise qui est tout sauf un conflit intercommunautaire. Pour l’ancien président de la République, le djihadisme s’est incrusté sur de vieilles rancœurs entre éleveurs et agriculteurs. Ces vieux ressentiments étaient exacerbés par les agents de l’Etat (gendarmes, gardes et agents des Eaux et Forêts) qui rançonnent les populations dans les villages.
Très opportunistes, les djihadistes ont exploité ces conflits locaux en recrutant des combattants au sein de chaque communauté ethnique. «Pour attaquer des Dogon, ils utilisent des Peuls pour faire croire que ce sont les Peuls qui les attaquent. Pour attaquer des Peuls, ils utilisent des Dogon », a expliqué le Haut représentant du président de la République. Malheureusement, a-t-il affirmé, certaines communautés sont tombées dans le piège.
Ainsi, le traquenard des djihadistes a poussé certaines communautés à s’organiser jusque dans la diaspora afin d’acheter des armes pour armer des milices dans les villages. Cela a beaucoup contribué à l’aggravation de l’insécurité dans les régions du centre. Avec le retrait de l’Etat, les villages se sont embrasés, chaque communauté ne comptant que sur ses propres moyens pour se défendre.
La bonne nouvelle, selon Dioncounda Traoré, c’est que la confiance renait de plus en plus entre les communautés et le masque des djihadistes qui se cachent derrière les conflits locaux tombe. La mauvaise nouvelle est que les terroristes vont changer de stratégie. « Il faudra s’attendre attaques violentes contre nos forces armées et de défense », a-t-il prévenu.
La guerre contre le terrorisme n’est pas que le combat du Mali seul, à en croire le Haut représentant du président de la République pour les régions du centre. En attendant la coalition internationale qu’il appelle de tous ses vœux pour affronter l’hydre djihadiste, l’heure est à la mobilisation. «Nous avons des suggestions et des propositions pour les chefs d’Etat ; nous avons des solutions et ce ne sont pas des solutions partielles », a commenté l’ancien président de la République.
Soumaila T. Diarra
Source: Le Républicain