Deux humanitaires, dont un expatrié européen, ont été pris à partie et blessés lors de violences intercommunautaires qui ont fait 10 morts à Bambari, dans le centre de la Centrafrique, a-t-on appris samedi auprès du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Les violences sont parties de la mort d’un jeune musulman tué par des miliciens anti-balaka dans les environs de Bambari, et qui a déclenché un cycle de représailles entre communautés chrétienne et musulmane (notamment les ex-rebelles Séléka) faisant 10 morts et 5 blessés jeudi, selon une source au sein de la gendarmerie locale.
« Jeudi, une équipe du CICR conduite par son responsable local avec des volontaires de la Croix-Rouge centrafricaine est sortie en ville pour évacuer les blessés et les corps sans vie, quand ils ont été pris à partie par un groupe de manifestants », a affirmé à l’AFP le porte-parole du CICR en Centrafrique, Germain Mwehu.
« Le responsable local du CICR, un expatrié d’origine européenne, et un volontaire de la Croix-Rouge centrafricain ont été légèrement blessés au couteau mais leurs vies ne sont pas en danger », a-t-il affirmé.
« Toutefois, il s’agit d’un acte grave, de s’en prendre à des humanitaires », a-t-il souligné.
« Tout se passait bien jusque-là , nous sommes en contacts avec toutes les parties. On espère que c’est un acte isolé », a ajouté M. Mwehu, précisant que le CICR avait un bureau à Bambari depuis fin 2013.
Une porte-parole du CICR à Genève, Claire Kaplun, a confirmé cet incident, affirmant qu’une enquête était déjà en cours pour tenter de comprendre ce qui s’est passé exactement.
Samedi, la tension subsistait à Bambari, où des barricades bloquaient encore l’accès de certains quartiers, selon Germain Mwehu.
Des jeunes des différentes communautés chrétiennes et musulmanes avaient dressé des barricades pour se protéger des tirs et empêcher les miliciens de venir dans leurs quartiers, avaient affirmé vendredi des témoins joints par téléphone.
Le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par une rébellion à dominante musulmane, la Séléka, avait plongé cette ex-colonie française dans la plus grave crise de son histoire depuis son indépendance en 1960, déclenchant des tueries de masse entre communautés musulmanes et chrétiennes (notamment les milices anti-balaka).
Chassée du pouvoir en janvier 2014 par une intervention militaire internationale (française et onusienne), l’ex-coalition rebelle Séléka avait installé son état-major à Bambari, depuis lors régulièrement secouée par de nouvelles violences intercommunautaires.
Contrairement à la capitale Bangui, qui connaît un certain retour au calme depuis des mois, en province, de nombreuses zones grises restent en proie aux groupes armés et au banditisme, en dehors de tout contrôle de l’administration centrale et des forces internationales.
Source: sen360