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Campagne séparatiste ouverte : le MNLA crée des « comités de l’Azawad» dans tout le nord

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Le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) est, comme on le sait, le plus politisé des membres de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). C’est même le seul groupe armé touareg ou arabe à développer un discours indépendantiste, même si, à l’instar du MNLA, ses alliés non-indépendantistes usent aussi du mot « Azawad ». Du temps de sa splendeur, en 2012, après avoir, avec ses alliés terroristes, occupé militairement le nord-Mali, le MNLA avait décrété l’indépendance de l’Azawad (entendez: les trois régions du nord du Mali) et, dans la foulée, formé un Conseil transitoire de l’Azawad, une sorte de gouvernement dirigé par le nommé Bilal Ag Chérif. Après avoir été chassé du terrain par ses compères « jihadistes » (AQMI, Ançar Dine, Mujao et autres), le MNLA est revenu au nord-Mali dans les bagages des troupes françaises de Serval qui, en janvier 2013, ont libéré les régions occupées. En gage d’attachement aux revendications du MNLA, les généraux français ont laissé Kidal hors de portée de l’armée malienne. Du coup, la ville est devenue un sanctuaire de la CMA à laquelle le MNLA a opportunément adhéré pour négocier la paix avec l’Etat malien.

Stratégie progressive de conquête

La paix ? C’est une manière de s’exprimer car ce que le MNLA veut, c’est une indépendance progressive du nord. Mieux, une indépendance concédée par l’Etat malien lui-même, reconnue par les puissances internationales et garantie par les casques bleus de la MINUSMA. Dans un premier temps, le MNLA et ses alliés ont arraché, à travers les accords d’Alger, une large autonomie du nord. Non seulement le mot « Azawad » est officiellement avalisé par les signataires des accords (y compris le Mali), mais en outre, l’Etat s’engage à affecter à des « ressortissants de l’Azawad » 80% des forces armées et de sécurité qui opéreront au nord. La domination militaire et policière du nord par le MNLA et ses alliés du HCUA est donc assurée. Elle conforte, bien sûr, la domination territoriale acquise depuis mai 2014, date à laquelle la CMA, après avoir défait l’armée, contrôle tout le nord, à l’exception des trois capitales régionales. A preuve, les rebelles ont réussi, d’un simple coup de semonce, à empêcher les législatives partielles à Talataye, une commune qui relève de la région de Gao, loin de leur fief kidalois…A présent, le MNLA et consorts déploient la troisième phase de leur plan: la conquête des populations.

Séduire le peuple du nord

Nous écrivions dans ces mêmes colonnes que l’entrée, sans combat, du GATIA à Kidal, le 2 février 2016, illustrait la décision prise par la CMA et les mouvements d’autodéfense ex-pro-Mali de gérer, à l’exclusion de l’Etat, le nord du Mali. Nous précisions les raisons pour lesquelles chacun de ces groupes s’était résolu à lâcher l’Etat et à se démarquer des accords d’Alger au profit de ceux d’Anéfis. Notre analyse ne s’est guère démentie jusqu’à ce jour. Au contraire, les faits s’avèrent plus cruels encore.
En effet, depuis le mardi 1er mars 2016, le MNLA a entamé dans toutes les régions du nord (surtout celles de Gao et de Tombouctou) une vaste campagne d’implantation de « comités de l’Azawad ». De retour d’une rencontre tenue, à cette fin, à Gao, un militant nouvellement acquis à la cause du MNLA nous relate: « Chaque comité comportera un coordinateur, un vice-coordinateur, un secrétaire à la Sécurité et un secrétaire aux Finances. Les militants se reconnaissent à travers une carte de membre où figure la mention « Conseil transitoire de l’Etat de l’Azawad: Unité, justice, liberté ». On nous promet des emplois dans la future armée mixte qui verra le jour dans l’Azawad ainsi que dans la future administration qui gérera l’Azawad ». Un autre « militant » du MNLA, transfuge du mouvement d’autodéfense songhoi « Ganda Izo », juge que la paix en cours de négociation avec le Mali tournera forcément à l’avantage des groupes armés de la CMA et qu’il vaut mieux rejoindre ces groupes pour faire bouillir la marmite le jour. « De toutes les façons, se défend notre interlocuteur, ils ont de l’argent et des alliés puissants à l’étranger; le Mali, pour sa part, ne nous donne même pas de quoi espérer ». Un troisième « militant » du MNLA se dit encouragé au MNLA car « les comités du MNLA ont pignon sur rue; ils s’installent au vu et au su des autorités politiques et militaires du Mali, sans aucune réaction négative de leur part ». Pour mieux mener à bien ses projets séparatistes, le MNLA a déjà, depuis plusieurs années, envoyé en formation en Europe 6000 « cadres de l’Azawad ». Il s’agit d’enfants ou d’alliés de combattants des groupes armés chargés de préparer la future administration de l’Azawad.

Référendum en vue ?

Joints par nos soins, de hauts responsables de la Plateforme confirment l’implantation des « comités » du MNLA tout en émettant l’idée que ce mouvement prépare ainsi les futures élections communales et régionales. Le MNLA serait-il devenu un parti politique ? Imagine-t-on des partis maliens aller implanter des cellules à Kidal ? En tout cas, bien que les groupes armés et, de manière générale, les Touaregs et les Arabes soient minoritaires dans la population du nord, il leur est tout à fait possible d’installer leurs hommes de main aux postes électifs qui seront mis en compétition. Pour la bonne raison qu’ils sont armés et jouissent de l’impunité la plus totale. Autre atout des groupes rebelles: leurs moyens financiers et les moyens de propagande que constituent les financements promis par les bailleurs de fonds internationaux. Au-delà de ces avantages, la CMA – l’exemple du MNLA en fait foi- profite de l’absence de l’Etat de la plupart des localités du nord, du désespoir de la jeunesse locale et de la résignation des populations noires (l’immense majorité). « Aujourd’hui, commente un fin connaisseur du nord-Mali, l’enjeu n’est plus militaire; il est hautement politique: la conquête de la légitimité populaire au nord. Il faut que l’Etat empêche à tout prix la jonction entre les groupes armés rebelles et les populations noires. La conséquence d’une telle jonction conduira sans doute le MNLA et ses acolytes à se prévaloir de la majorité populaire au nord et à demander ce qu’ils n’ont jamais osé faire: un référendum d’autodétermination du nord! Que ferait alors le gouvernement malien ? ».

Tiékorobani

 

Source: proces-verbal

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