Rendez-vous le 21 juillet: la présidentielle a été reportée de moins d’une semaine au Burundi, secoué par une grave crise née de la nouvelle candidature du président, alors que dans le nord des combats ont opposé l’armée et des rebelles.
“L’élection du président de la République initialement prévue le 15 juillet 2015 est reportée au 21 juillet 2015”, indique un décret signé par le chef de l’Etat Pierre Nkurunziza, daté de vendredi et rendu public samedi.
Si un report était réclamé tant par l’opposition que par les partenaires étrangers du pays, ce décalage de six jours seulement risque de ne pas changer grand-chose à la situation explosive que vit ce petit pays de l’Afrique des Grands lacs depuis fin avril.
La communauté internationale juge en effet que le climat actuel au Burundi ne permet pas des élections crédibles. Les autorités burundaises étaient déjà restées sourdes à ses appels à reporter les législatives, remportées de façon écrasante le 29 juin par le CNDD-FDD, le parti présidentiel.
Réunis le 6 juillet en Tanzanie, les chefs d’Etat de la Communauté est-africaine (EAC) avaient demandé un report de la présidentielle au 30 juillet, afin de donner le temps au président ougandais Yoweri Museveni, nommé médiateur dans la crise burundaise, de “mener un dialogue” avec les différentes parties.
Mais le gouvernement burundais avait exclu un report du scrutin au-delà du 26 juillet, “afin d’éviter tout vide institutionnel ainsi que le chaos qui en résulterait”.
L’article 103 de la Constitution prévoit que l’élection doit avoir lieu au plus tard un mois avant l’expiration du mandat du président sortant. Or celui de M. Nkurunziza, au pouvoir depuis dix ans, prend fin le 26 août.
– Combats près du Rwanda –
Meurtri par une longue guerre civile de 1993 à 2006 (300.000 morts), le Burundi est plongé dans une crise profonde depuis fin avril et la candidature annoncée du président Nkurunziza à un troisième mandat, jugé anticonstitutionnel par l’opposition, la société civile et l’Église catholique.
Cette crise a fait plus de 70 morts et poussé plus de 158.000 Burundais à se réfugier dans les pays voisins, selon les Nations unies.
L’opposition a, quant à elle, annoncé qu’elle boycottait l’ensemble du processus électoral, entamé avec les législatives et communales du 29 juin, dénonçant un “simulacre”.
A deux semaines de la nouvelle échéance électorale, la tension reste vive dans tout le pays.
Ainsi, un habitant de Bujumbura a été tué par balle dans la nuit de vendredi à samedi.
Selon plusieurs témoins interrogés par l’AFP, cette personne a été tuée quand la police a ouvert le feu après avoir été la cible d’une dizaine d’attaques à la grenade dans différents quartiers de la capitale.
Par ailleurs, dans une forêt du nord du pays, près de la frontière avec le Rwanda, d’intenses combats ont opposé vendredi l’armée burundaise et un groupe armé non identifié.
Le gouverneur de la province de Kayanza, Canisius Ndayimanisha, a affirmé samedi qu’au moins 12 assaillants avaient péri dans ces combats survenus dans le secteur de Rugazi, à 140 km au nord de Bujumbura.
Selon le gouverneur, le groupe armé comptait quelque 500 hommes qui “se sont volatilisés dans la forêt” après les affrontements.
Ces combats ont été revendiqués par les mutins qui le 13 mai ont tenté de renverser, sans succès, le président Nkurunziza.
“Nos troupes ont été attaquées par l’armée et ont répliqué. Elles ont infligé plusieurs pertes aux forces de Nkurunziza”, a affirmé, sur la chaîne de télévision France 24, le général Léonard Ngendakumana, bras droit du chef pustchiste Godefroid Niyombare, aujourd’hui en fuite.
Le général Ngendakumana a également déclaré que ses troupes ne venaient pas du Rwanda voisin, affirmant qu’il s’agissait d’un “mensonge” du pouvoir, et que ses hommes étaient présents dans de nombreuses provinces du Burundi.
Des rumeurs ont fait état récemment de la mise sur pied d’une rébellion.
Les généraux mutins responsables du putsch raté de la mi-mai ont affirmé début juillet vouloir chasser le président Nkurunziza “par la force”.