Un joyeux groupe de femmes qui chantent pour accueillir des journalistes sur leur lieu de travail. Ces 152 productrices exploitent un bas fond de riz et font de l’étuvage. Elles transforment le riz et approvisionnent les cantines scolaires et des clients individuels. En plus, elles achètent du riz dans d’autres bas-fonds rizicoles qu’elles étuvent et mettent également sur le marché.
La douzaine de journalistes africains de ce voyage de presse, du 18 au 23 octobre, de la présidence du Burkina Faso, ont pu découvrir le pays, à travers ses actions et chantiers d’envergure menés, ces cinq dernières années, malgré le défi sécuritaire.
L’agriculture est un de ces chantiers qui contribuent aux résultats du Burkina Faso. Ainsi que l’illustre Sanfo Asséta, productrice/étuveuse de riz, est présidente de la coopérative de production. « Pendant ces deux dernières années, on nous a appuyées avec des intrants, de l’engrais, l’appui technique en production de riz, de l’argent pour le désherbage et, enfin, nous avons pu bénéficier d’un tracteur fortement subventionné », explique-t-elle. Son souhait ? « Que le projet puisse aider d’autres personnes pour que le pays se développe ».
« Notre activité initiale était la production, puis plus tard, nous y avons ajouté la transformation du riz. Nous venons au centre pour faire ce travail. Et nous avons bénéficié du soutien d’un projet pour renforcer notre activité avec la mécanisation de la transformation », renchérit Goroko Fatimata de la coopérative de Dandé.
« Grâce à l’étuvage, nous arrivons à prendre en charge des dépenses de la famille, à payer la scolarité des enfants, par exemple. Il y a beaucoup de retombées positives. Même pour des dépenses d’environ 50 mille francs CFA, nous n’avons pas besoin de demander à nos maris, nous pouvons les prendre en charge ».
Le chef d’antenne du projet d’appui à la promotion des filières agricoles au niveau de l’unité de Bobo Dioulasso, Kouadima Issa, explique que le projet, d’un financement de 110 milliards de francs CFA, couvre les Régions des Hauts bassins et des Cascades. Il a vu le jour sur initiative du gouvernement burkinabè et a été mis en place par le ministère de l’Agriculture. « Nous bénéficions de l’appui du Fonds international de développement agricole (FIDA) et du Fonds OPEP pour le développement international (OFID). Depuis 2018, nous avons commencé et nous en avons pour 6 ans », poursuit-il.
« A Dandé, nous avons accompagné les femmes avec les sous-produits d’accès aux marchés. Nous mettons à leur disposition des intrants, l’appui conseil…à hauteur de presque 4 millions de francs CFA pour produire »
En raison du Covid qui allait impacter les surfaces à emblaver et la main-d’œuvre et grâce au programme présidentiel de mécanisation de l’agriculture, le gouvernement du Burkina Faso a permis l’acquisition de 30 tracteurs pour nos organisations. Nous les avons aidées à avoir ces tracteurs subventionnés à 45%. Nous subventionnons à 80% les organisations que nous accompagnons. Grace à notre subvention de 80%, elles ont dépensé un peu moins de 2 millions, au lieu de 8 millions, pour acquérir leur tracteur. Nous avons accompagné les organisations avec 40 tracteurs », a dit M. Kouadima.
Dans la plaine de Bama, de 1.260 ha dont 60 ha alloués à l’expérimentation et où opèrent neuf coopératives, c’est aussi une Initiative présidentielle qui est en marche avec un objectif d’un million de tonnes de riz paddy d’ici 2020, au plan national.
LE COUP DE POUCE DE L’ETAT – En guise de mesures d’accompagnement et pour les semences, en 2020, quelques 1.350 tonnes d’engrais ont été fournis à la Région des Hauts Bassins pour la production seulement de riz, contre, pour toute la Région et toutes les spéculations, l’année dernière, 2.000 tonnes.
Sur 480 tonnes de semences de riz, 50 tonnes de semences de riz ont été remis aux producteurs de la plaine de Bama, pour emblaver toute la plaine, à raison de 45 kg pour un ha. Fortement subventionné, 15kg à 1.000 Fcfa, emblaver un ha revient à 3.000 Fcfa de frais de semences.
L’engrais coûte 17.500 Fcfa, le sac, sur le marché. Il est à 12.000 Fcfa, prix subventionné. Cette année 2020, quelques 83 tonnes d’engrais sont remises à la plaine de Bama où on attend 10.000 tonne, pour la campagne en cours.
L’objectif de production, sur le million de tonnes national est de 144.450 tonnes pour les Hauts Bassins, répartis entre les plaines et les bas-fonds.
Cependant, le secrétaire général de l’Union des coopératives rizicoles de Bama, Zakaria Ouédraogo, relève que pour l’exploitation de la plaine, les difficultés ont pour noms « faible débit de l’eau en période sèche, baisse de la production ces dernières années, vétusté du réseau hydraulique construit dans les années 70, absence de subventions en intrants pour les cultures de contre saison… » ; pour une infrastructure aménagée dans les années 70 par Taiwan et dont les travaux ont été a achevé par la Chine populaire dans les années 75.
Les 1385 exploitants dont 85 productrices, regroupés en 9 sociétés coopératives, font chacun, en moyenne 6 tonnes à l’ha, à raison de 150 Fcfa le kg, et 463 500 Fcfa de marge nette, selon Zakaria Ouédraogo.
Irrigation en maitrise totale d’eau, l’infrastructure permet deux cycles de production, en saison humide et en saison sèche, un rendement moyen de 5, tonnes et 1/2 à l’ha, sur 1.000 ha, pour 12.000 t à l’ha.
Le directeur régional de l’Agriculture est affirmatif : il y a « un milliard de francs CFA à se partager dans la plaine de Bama où il n’y a pas de mévente ». Et qui se positionne pour contribuer à l’autosuffisance alimentaire du Burkina Faso l’objectif du million de tonnes est atteint.
En fait, l’économie agro-sylvo-pastorale, halieutique et faunique, occupe près de 80% de la population active burkinabè. Le président Roch Marc Christian Kaboré en a fait une priorité, afin d’améliorer la productivité des agriculteurs et leur niveau de vie, la transformation des ressources naturelles burkinabè et la sécurité alimentaire du pays.
Durant son mandat présidentiel, le Burkina Faso a investi dans l’aménagement des zones hydro-agricoles et des retenues d’eau, dans l’accélération de la mécanisation, la mise à disposition d’intrants, la vaccination des animaux ou encore dans l’accompagnement financier du monde rural.
Plus de 32.000 hectares de superficies agricoles ont été aménagées entre 2016 et 2020, dont 22.000 hectares de bas-fonds et 235.000 hectares de forêts pour la production de bois-énergie. De quoi obtenir dans ce domaine des taux de réalisation des objectifs du Programme national de développement économique et social (PNDES) allant de 70% à plus de 205%.
Sur la même période, le ministère de l’Agriculture a subventionné l’acquisition de plus de 116.000 tonnes d’engrais, 35.000 tonnes de semences et 56.000 unités d’équipements agricoles, dont 1.051 tracteurs et 1.000 motopompes.
Quelque 1.034.689 hectares d’espaces pastoraux ont, également, été aménagés, avec 438 parcs de vaccination construits. De quoi permettre d’augmenter sensiblement le taux du cheptel vacciné.
UNE POLITIQUE DE BARRAGES – Au total, 14 nouveaux barrages, dont celui de Samendéni, stratégique avec ses capacités d’1 milliard 50 millions de m3, ont été construits, alors que 25 autres ont été réhabilités. Les études de réalisation des barrages de Ouessa, Banwaly et Bassieri sont achevées.
« Le barrage de Samendéni n’est qu’une composante d’un vaste projet dont les travaux ont démarré en 2010 jusqu’en 2019 », explique Aboubacar Gnanou, le responsable du suivi évaluation. Le fleuve est utilisé comme canal adducteur et « vu l’état du fleuve Mouhoun, il y a du travail à faire pour qu’il puisse effectivement jouer ce rôle-là », admet-il. Il faut « nettoyer convenablement le lit du fleuve, faire son calibrage afin qu’il puisse reconstituer la forêt-galerie pour la stabilité des berges et la pérennité de cette ressource en eaux ».
L’aménagement de ces périmètres irrigués va entrainer une augmentation des productions agricoles au niveau de la zone dans le cadre de la mise en œuvre de la composante transformation des productions agricoles. Cette composante a une double vocation, à la fois agricole et de production d’énergie électrique « Nous avons une centrale d’environ 18 GW de production attendue l’année et qui est annexée à ce barrage à travers deux turbines. Les travaux de cette centrale sont en cours d’achèvement », explique le technicien.
Le programme a, aussi une composante gestion environnementale et sociale dont l’objectif est de limiter l’impact sur l’environnement et les populations. Cette composante est en cours d’exécution. Sa mise en œuvre a permis de libérer la lisière du barrage et réinstaller plus de 5.000 ménages sur des zones aménagées et viabilisées pour leur permettre de reprendre leur vie.
« Nous avons réalisé plus de 7 complexes scolaires, 7 Centres de santé et de promotion sociale (CSPS), des Adductions d’eau potable (AEP), des forages et des ouvrages de désenclavement », énumère M. Gnanou. Une autre composante travaille à valoriser les potentialités culturelles de la zone.
Aujourd’hui, quand on parle de Samendéni, tout le monde voit les produits du barrage, notamment le poisson. « C’est encore une des composantes du barrage à travers laquelle, nous chercherons à valoriser les potentialités en ressources halieutiques avec la pêche sur le lac du barrage. Mais, aussi à travers le développement de la pisciculture », indique Aboubacar Gnagnou. Il annonce la construction d’une station aquacole, dans le village de Samandéni, « pour former les acteurs qui veulent se lancer dans la production piscicole et mettre à leur disposition les intrants nécessaires pour le développement de leur activité ». Malgré de nombreux aléas climatiques, acridiens et sécuritaires, depuis 2016, ces investissements ont permis le maintien de la couverture des besoins céréaliers à plus de 100% , ces deux dernières années, grâce à un léger accroissement de la production céréalière (+5,2% en moyenne entre 2016 et 2019). De quoi contribuer à reconstituer le stock national de sécurité de 79 737 tonnes en 2019, loin de l’objectif du PNDES fixé à 50.000 par an.
Parmi les engagements présidentiels liés à l’industrie agricole, y compris en partenariat avec le privé, l’unité d’égrenage de coton biologique de Koudougou a été inaugurée en 2019 pour renforcer la transformation de cette ressource nationale. De même, un abattoir frigorifique moderne a été réalisé à Kaya, afin de valoriser les produits de l’élevage. 248 magasins et aires de stockage ont été réalisés, soit plus du double du nombre de magasins construits entre 2011 et 2015.
La société Tropic Agro Industrie a réalisé une usine de montage de tracteurs, alors que les travaux de mise en place d’une unité de production d’engrais minéraux à base de phosphate naturel ont démarré sur le site de Koupela. Le 24 juin 2020, l’assemblée générale constitutive de la Centrale d’achats des intrants et matériels agricoles (CAIMA) s’est tenue, marquant la création officielle de cette structure.
ECOSYSTEME DU SECTEUR AGRICOLE – En matière de sécurisation foncière, près de 200 Services fonciers ruraux (SFR) et bureaux domaniaux (BD) ont été mis en place de 2016 et 2019, afin d’améliorer la proportion des actes fonciers délivrés et de contribuer à la création de fermes modernes.
La loi n°017-2018/an du 17 mai 2018, portant code des investissements agro-sylvo-pastoraux, halieutiques et fauniques, doit contribuer à moderniser les systèmes de production et à promouvoir la transformation de la production domestique. Elle entend, aussi, impacter les capacités de développement d’infrastructures modernes post récoltes et de commercialisation des produits, notamment les chambres froides. Pour y parvenir, elle accorde notamment d’importants avantages fiscaux et douaniers.
La création de l’assurance agricole a été adoptée le 22 juin 2020. Ce mécanisme débutera par une phase pilote de 2020 à 2022 dans trois Régions pour les spéculations de riz, de sorgho et de maïs. Pour la première fois, les producteurs burkinabè pourront souscrire à une assurance en vue de réduire leur vulnérabilité aux changements climatiques.
La Banque agricole du Faso, lancée le 29 mars 2019 pour accompagner le financement du monde agricole. En mai dernier, c’est le Projet d’appui à la création d’une banque d’agrobusiness qui a été adopté par l’Assemblée nationale.
Malgré les efforts des autorités, le nombre de ménages vulnérables structurels a augmenté en deux ans, en raison notamment des déplacements internes occasionnés par les attaques terroristes. Cela a conduit l’État et ses partenaires à accroître ou à renforcer la résilience des populations vulnérables. 53.606 ménages ont bénéficié d’aide à travers le programme Cash for work « Argent contre travail », pour 234.573, depuis 2016. Ils étaient 177.653 en 2019 et 49. 975, entre 2016 à 2019, à bénéficier de Cash/Food inconditionnel.
MD (AMAP)